Jeunes Pousses vol. 15
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Cette année, on a décidé de confier les rennes de nos compilations Jeunes Pousses à des copains. Parce qu’on sait qu’ils ont de bons goûts, et parce qu’après onze volumes en solitaire, on avait vraiment envie que des gens aussi passionnés que nous partagent leurs découvertes avec vous. Ces derniers mois, ce sont Christophe Danthine (Radio Rectangle), les têtes chercheuses de Hartzine et les intégristes de SWQW qui nous ont offert trois compilations dont le seul point commun était la qualité. Mais pour terminer cette année 2014, l’équipe a eu une envie folle de se réapproprier son bébé pour un dernier tour de manège. Bref, vous parler de ce quinzième épisode des Jeunes Pousses, c’est ressortir des poncifs dignes d’un mauvais communiqué de presse : on a travaillé plus dur que jamais sur ce volume, nous en sommes extrêmement fiers, et tout le reste. Tellement cliché qu’on n'y croit plus. Pourtant, même si on peut se targuer d’avoir vu passer des gens comme HAIM, Childhood, Kid Wise, Petite Noir ou Granville, on se dit que cette nouvelle livraison est peut-être la plus solide d’un point de vue qualitatif. Enfin ça, c’est à vous de nous le dire. Bonne écoute.
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Tei Shi
Bassically
A priori, Tei Shi a tout pour cartonner : la demoiselle vient de NYC, est plutôt bien gaulée, et produit une musique qui s’inscrit bien dans son époque. Ici, le groove est chaloupé, quelque part entre la chaleur du disco et la froideur de la new wave. Quant à la voix de la dénommée Valérie Teicher, elle dégage une belle ampleur. Tout cela nous donne « Bassically », qui a tout du tube qui va tourner sur ton iPod en cette fin d’année et qui annonce également la signature de la demoiselle sur le label Mom + Pop, qui hébèrge déjà des gens comme Sleigh Bells ou Jagwar Ma. Et si on se dit que le meilleur reste à venir pour Tei Shi, on se contentera déjà de ce démarrage sur les chapeaux de roue.
soundcloud.com/tei-shi
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Le Common Diamond
After All
Le Common Diamond, c'est le groupe de deux Toulousains qui affichent leur french touch dans le nom autant que dans le son. A côté des claviers qui donnent à leur musique un côté un peu cosmique (revendiqué par le groupe, d'ailleurs), difficile de ne pas voir une certaine ressemblance avec les dernières productions de M83 ou, dans une certaine mesure, Kavinsky. Là où le duo se distingue, c'est dans l'écriture fondamentalement pop de leurs mélodies. "After All", au-delà du son, c'est surtout un morceau remarquablement bien construit qui trouvera sa place dans vos playlists quelque part entre MGMT et Tame Impala.
lecommondiamond.bandcamp.com
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La Plage
Rendez Vous
Si comme nous, le dernier rejeton en date de Phoenix vous en a touché une sans secouer l’autre, et que vous avez plus que poncé les trois premiers albums des Versaillais, vous serez bien contents de faire la connaissance de La Plage. En effet, les Liégeois ne renient pas leurs influences (en écoutant "Rendez Vous", ce serait compliqué), et remplacent la douce voix de Thomas Mars par celle de Flore, qui mélange astucieusement sensualité et ingénuité. Si les hipsters de la Cité Ardente nous diront qu’on a trois guerres de retard sur eux, on leur rétorquera qu’on s’en tape le coquillard et qu’il est temps que le talent de La Plage explose véritablement à la gueule du monde.
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JAWS
Be Slowly
Jaws, ce n’est pas que le titre d’un des plus célèbres films de Spielberg. C’est aussi le nom d’un jeune groupe de Birmingham. Après seulement deux ans d’existence, la formation connaît déjà un succès d’estime : un de leurs morceaux a été entendu dans Hollyoaks, un soap opéra populaire chez nos amis d’outre-Manche et un autre est jouable dans le jeu vidéo Rocksmith 2014, semblable à Guitar Hero. "Be Slowly", le single extrait de leur premier album sorti en septembre, est un petit tube d’indie pop aux airs simplistes mais totalement maîtrisé. Jaws est le genre de pépite pouvant se cacher au sein de la programmation d’une Route du Rock ou d’un Pitchfork festival. Un aimant à trentenaires, donc. Mais pas que.
soundcloud.com/jaws-band
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Blank Realm
Falling Down the Stairs
Tandis qu’ici le nom de Blank Realm n’évoque pas grand chose, le groupe fait partie des meubles de la scène indie dans son Australie natale. Avec quatre albums au compteur la bande de Brisbane s’est vraiment révélé avec le Grassed Inn dont est issu « Falling Down The Stairs », un morceau fiévreux qui synthétise à merveille ses marottes, à savoir le rock psychédélique et la pop décomplexée – en ne manquant jamais de recouvrir le tout d’une épaisse couche de reverb. C’est bourré de maturité sans se la jouer donneurs de leçons et surtout, c’est d’une efficacité redoutable.
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Crows
Silver Tongues
Si l'on commence tout doucement à parler de Crows dans les cercles bien informés de la Perfide Albion, il est par contre difficile de découvrir le groupe autrement qu'en assistant aux rares concerts qu'il donne outre-Manche. En effet, le compte Soundcloud des Anglais est vide et on n'a pas trouvé de Bandcamp pour étancher notre soif de découverte. Par contre, un peu de persuasion auprès du management du groupe nous permet de vous offrir le MP3 de "Silver Tongues", seul titre du groupe ayant fait l'objet d'un clip. Amateurs de sucreries pop, passez votre chemin. Avec Crows, on donne dans le post-punk pesant, hypnotique et sombre - en même temps, comment pourrait-il en être autrement venant d'un groupe qui répète dans la pénombre?
soundcloud.com/crowslondon
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Palace
Lost In The Night
La capacité de l’Angleterre à engendrer des bons groupes de rock continue d'étonner. Peut-être grâce à sa tradition de concert de pub, qui permet à de nombreux "petits" groupes de répéter facilement en public. On imagine tout à fait Palace séduire dans ce genre de circonstances. Les quatre Londoniens jouent un rock mâtiné de blues de première facture, porté par une voix étonnante de personnalité et de maturité. Si le morceau "Bitter" remporte un certain succès d'estime (200.000 écoutes sur Soundcloud quand même) grâce à un refrain qui rentre bien dans l'oreille, notre choix s'est porté sur la plage-titre du premier EP du groupe, "Lost in the Night": une balade progressive qui profite au maximum des qualités vocales du chanteur.
beatnikcreative.bandcamp.com/album/lost-in-the-night-ep
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N U I T
Enjoy The Night
La N U I T au Havre est froide. On la devine illuminée par une lueur où les contrastes ne sont que plus tranchants. La musique de N U I T est à l'avenant, crue, sèche mais non dénuée d'une certaine sensualité. La maturité du quintette normand est en tous cas impressionnante, tant elle porte une esthétique sûre d'elle, rigide mais pleine d'emphase et d'urgence et nous donnerait sacrément envie d'aller faire une virée en bagnole un dimanche après-midi d'automne dans ces zones industrielles de bord de mer, une bouteille de Jack calée entre les cuisses. Ce noir et blanc sec on le retrouve aussi dans le beau clip de "Enjoy The Night", premier titre d'un EP plein de promesses.
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Spring King
Can I
OK, les voies de l’Internet sont impénétrables, mais on se demande toujours comment le clip de "Can I", des Anglais de Spring King, n’a récolté que 3 milliers de vues en 5 mois environ. Parce que si vous cherchez la définition d’un tube de poche qui flaire bon l’indie rock bordélique, la pop remuante et la fièvre adolescente, ne cherchez plus, ce titre est fait pour vous et ouvre de la plus efficace des manières l’EP Demons qui fait un bien fou par où il passe.
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Autobahn
New Age (Blitz cover)
Tu prends un peu de Pulp, un peu de Stellastarr*, un peu de Manic Street Preachers des débuts et de Sex Pistols, tu secoues bien fort et tu pourrais avoir quelque chose qui ressemble fort à ce que produit ce jeune groupe de Leeds. A savoir une musique vive, qui n'a pas le temps de te prendre par la main, mais qui t'envoies au lieu de ça quelques bons coups de pied là où ça fait du bien. Un produit typiquement anglais mais qui a tous les atouts pour répandre sa verve aux quatre coins de la planète. En bref, si Autobahn n'a pas inventé la poudre, il sait la faire parler.
www.autobahnmusik.co.uk
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The Scrap Dealers
No Sense In Your Eyes
En Belgique et à quelques exceptions notables près, on est toujours la version noir-jaune-rouge d’un groupe ou artiste autrement plus cool. Dans cette optique, il sera compliqué de ne pas lire un papier au sujet des Scrap Dealers qui n’évoquera pas les noms de Ty Segall ou Thee Oh Sees. En même temps, quand la copie est capable de se dresser au niveau des originaux, ce n’est pas un problème. Et le moins que l’on puisse dire avec les Liégeois, c’est que leur garage a pas mal de poil aux couilles et une forte haleine de mezcal. La preuve avec « No Sense in Your Eyes », la déflagration qui ouvre leur nouvel EP pour le collectif liégeois Jaune Orange.
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Star Club West
Fit The V
Star Club West, c’est d’abord une fraîcheur à toute épreuve. C’est ensuite des références qui envoient pas mal d’étoiles dans les mirettes : Yo La Tengo, Blonde Redhead, Sonic Youth, dEUS (ils sont Anversois eux aussi) pour en citer quelques unes qui vont forcément attirer le chaland. "Fit The V", c’est une musique entre l’indipop et le slowcore, et c’est surtout l’idée que l’on se fait de la Flandre qui gagne. Star Club West, c’est ton nouveau groupe préféré du monde entier. Ah mais attendez, on nous souffle dans l’oreillette que ces mecs ont vingt ans de carrière derrière eux et une petite dizaine d’albums au compteur. Fit The V ne sera donc pas un jeune pousse stricto senso. Mais que ça n'empêche pas ces mecs d'être la plus belle anomalie musicale belge de 2014 alors.
soundcloud.com/nicojonius
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Delay Trees
Perfect Hearache
Delay Trees pourrait avoir le succès de Coldplay. On retrouve chez ces Finlandais la même immédiateté dans les mélodies qui fait le succès des groupes pop FM. Par contre, ils ont le bon goût de balancer cela avec des guitares parfois shoegaze, parfois dreamy, qu'on pourra assez facilement rapporcher de l'indie de la fin des années 90 par la tension qu'elles réussissent à installer dans des morceaux à la structure hyper-classique. On se laisse donc facilement amadouer par cette sucrerie pas si inoffensive, d'autant plus que si "Perfect Heartache" est un morceau parfait pour la radio grâce à l'énergie positive qu'il irradie, d'autres productions du groupe vont puiser dans des registres plus mélancoliques ou contemplatifs avec la même aisance. Vu leur discographie déjà bien développée et l'engouement des commentateurs locaux, on ne prend pas beaucoup de risque en disant qu'on d'entendra sans doute encore parler d'eux.
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The Ropes
Sadness Is A Rich Man's Drug
Les New-Yorkais de The Ropes ne sont pas à proprement parler des débutants. Le groupe existe depuis 2005 avant de se stabiliser en 2008 autour de Sharon Shy et Toppy. Même si le duo a déjà tourné avec un bon petit paquet de formations déjà bien établies et sorti une dizaine d'EP et deux LP, on a l'impression d'avoir encore affaire à de jeunes louveteaux à l'écoute de leur dernier EP et de son titre éponyme. Une fraîcheur et une spontanéité qui laissent perplexe quant à la sous-exposition médiatique d'un groupe qui semble pourtant disposer de sacrées cartes dans sa main, à l'image de ce "Sadness Is The Rich Men's Drug ».
music.theropesmusic.com
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The Districts
Funeral Beds
The Districts ont joué cette année à SXSW et sortent leur premier LP chez Fat Possum Records en 2015. Voilà pour la carte de visite. Originaires de Philadelphie, les quatre ados ont dû bouffer de la country et du grunge à la pelle : leurs morceaux évoquent plus les tignasses et les chemises à carreaux des jeunes pouilleux du Midwest que celles des folkeux branchés de la côte ouest. Funeral Beds, c'est ce groupe qui aurait parfaitement pu intégrer la BO de Friday Night Lights, la série la plus sous-estimée de ces dix dernières années. En espérant qu'ici, le groupe ne soit pas accueilli avec la même indifférence que la série de Peter Berg.
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Radical Dads
In The Water
Le moins que l'on puisse dire du trio de Brooklyn, c'est qu'on sait tout de suite d'où il vient et où il veut en venir. Une formule ultra identifiable, comme un beau rejeton des Sleater-Kinney, Les Savy Fav ou Life Without Buildinds de la belle époque, avec la fraîcheur qui va avec. C'est à dire une power pop acide et baignée de guitares venues de courants plus bruitistes mais qui auraient succombé aux délices de la pop song survitaminée. Vu les références que le groupe affiche avec succès, "In the Water" pourrait ainsi figurer sans trop de mal en Best New Track chez Pitchfork. Et avec un patronyme comme ça, on ne doute pas que ces trois gus n'aient pas en prime un certain sens de la déconne.
radicaldads.bandcamp.com
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Animal House
Sour
Difficile de ne pas penser à la célèbre pochette des Rolling Stones quand on voit l'artwork qui accompagne le "Sour" des Australiens de Animal House. Installés à Brighton, ils opèrent dans une veine rétro, entre garage-rock et party-blues selon eux. On pourrait y ajouter une touche de légèreté et même d'humour, ce qui amène l'ensemble à sonner comme The Hives et peut-être même comme le grand Art Brut des débuts, l'accent cockney en moins et les clins d’oeil aux Strokes en plus. Animal House, c'est le genre de groupe qu'on aimerait que nos meilleurs potes montent pour les faire jouer dans notre salon jusqu'à ce que la police débarque.