Jeunes Pousses vol. 14
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Cela fait des années que la rédaction de Goûte Mes Disques (ou plutôt son extrémiste de rédac’ chef adjoint) parle de musiques obliques. Que vous soyez à fond dans le drone, l’ambient, la musique concrète, contemporaine ou électro-acoustique, vous avez toujours trouvé chez nous des références par centaines, en chroniques dans un premier temps et dans nos dossiers Off The Radar par la suite. C’est donc tout à fait logique qu’on ait beaucoup d’estime pour les gars derrière SWQW, petite écurie – à l’époque, on parlait de Chroniques Electroniques, et tout n’était pas bon – devenue grande par son charisme et sa manière de parler à son public. Fer de lance de la chronique jusqu’au-boutiste, les mecs de Silent Weapons For Quiet Wars sont la preuve qu’on ne devrait jamais cesser de causer des musiques plus ou moins expérimentales, passionnantes et déviantes. Avec un public de niche entièrement voué à sa cause, le webzine peut tout se permettre, jouissant d’une liberté de parole dont il ne se priverait pour rien au monde. Et ça marche. A l’huile de coude et sans concessions, toujours. Et même si notre ligne éditoriale est plus bordélique qu’une seconde résidence de Dodo la Saumure, on est heureux de pouvoir nous considérer comme les demi-frères de nos collègues français sur la frange expé de la chose. Partager notre amour de l’étrange sur une compilation commune, un front plus franco-belge que la douane dans Rien à Déclarer. Un truc de convaincus, pour que les musiques électroniques, le hip-hop, le folk ou le rock ne finissent jamais de se conjuguer au futur.
Porzellan
Les mots du temps
Avec sa passion pour la mode des années 30 et sa dégaine de Monty Beragon dans Mildred Pierce, un coup d’œil au look de Francis Cazal suffit pour comprendre que le Français est un homme de goût doublé d’un esthète peu commun. Des qualités qu’on apprécie au sein de nos deux rédactions, et qui avaient culminé sur l’excellent The Fourth Level of Comprenhension, disque-clé et véritable aboutissement des élans modern-classical du Français, alors sur Hibernate Recordings. Quatre ans plus tard, Porzellan a abandonné son drone romantique fait de violons rachitiques, et plonge volontiers dans une ambient à tendance « hantologiste » du meilleur effet. C’est extrêmement mélancolique, ça rappelle les plus beaux moments de Leyland Kirby, et c’est issu de son dernier album. Une petite bombe, clairement.
porzellan.bandcamp.com
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Invisibility Cloak
Le nouveau Aphex Twin est à peine sorti que certains en ont déjà leur claque, fatigués d’avoir rincé ce disque qui aura au final pas mal divisé fans et critiques. Mais si vous voulez vous prendre une bonne dose d’IDM sans subir d’interminables débats induits par le poids d’un nom comme celui de Richard D. James , on vous rencarde cet EP de Trackermatte (dispo en cassette sur Occult Research), et dont est issu « Invisibility Cloak ». Tout les éléments qui ont contribué à l’essor de la scène dans les années 90 se retrouvent dans ce titre : les synthés luxuriants, les mélodies discordantes et la mélancolie sous-jacente. Plaisir pas coupable du tout.
occultresearch.bandcamp.com
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Bohemiath is going down
Arrêtez de croire que l'IDM est morte et surtout arrêtez de penser qu'elle se limite à Warp. Depuis l'explosion d'Access To Arasaka, le genre s'est durci et s'est ouvert à de nouvelles expérimentations. Et justement, c'est en France que l'on peut trouver actuellement le duo le plus prometteur du genre : TRDLX. Tout acquis à la cause des ambiances délétères suintant la crasse d'une backroom sauvage, ces deux parisiens viennent de placer la barre très haut avec leur premier album, Dystopia.
Le Zoo des Monstres
BlackNoirNegro
En l'absence d’une chronique promise depuis des plombes, Le Zoo des Monstres atterrit dans un écrin qui lui sied tout particulièrement : les compilations Jeunes Pousses. Talent et jeunesse, c’est bien ce qui caractérise Robin Grondin. Le producteur réunionnais nous propose une musique qui redéfinira vos standards lorsque l’on parlera de « musique tribale et mystique ». Avec une maturité et une patte incroyable, le Zoo des Monstres marie la techno, l’indus et le maloya, la musique traditionnelle de la Réunion issue du métissage entre les musiques africaine et malgache. Pas la peine de développer beaucoup plus puisqu‘on vous propose ici un produit totalement unique.
lezoodesmonstres.bandcamp.com
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New Obsession
Prêts pour un voyage à Toronto histoire d’invoquer sous LSD les démons de The Jesus & Mary Chain et Devo ? Voire les deux en même temps ? Oui, camarade, car la force d’Odonis Odonis réside dans sa capacité à mélanger et à s’approprier un très grand nombre d’influences parfois antithétiques et à enrober le tout d’un voile indie psychédélique qui caresse les oreilles dans le sens du poil sans générer l’écœurement. A Place To Bury Strangers nous avait déjà fait le coup il y a quelques années, mais ici, la palette de sonorités est encore plus large et les chansons, toutes imparables.
Fange
Cloches Fendues
Bordel, que ces six titres de Fange réunis sur le bien nommé Poisse (sorti en avril dernier) auront retourné les amateurs de violence assez chanceux pour tomber dessus! En formation resserrée guitare/batterie/voix+noise, Fange est une version mauvais garçon des excellents suisses de Cortez, partageant avec eux le goût de l’énergie à tout prix, mais préférant à la propreté du hardcore l’âpreté du sludge version Iron Monkey / EyeHateGod. Par moments accrocheuse, par d’autres complètement glauque, cette réunion de membres de Brain Pyramid et Huata ne laissera personne indifférent. Et le nombre de cadavres gisant dans ces décombres fumants ne cesse d’augmenter.
fange.bandcamp.com
Lire le fichierLumisokea
Apophenia
Alors même que la techno n'en finit plus de consommer sa métamorphose vers plus de décérébralisation, parallèlement émerge un mouvement opposé basé sur l'anarchie et le cassage de têtes. Ce genre fonce dans le tas, à grands coups de rythmiques abstraites et de découpages des schémas en place. Le label Opal Tapes fait figure de meneur de meute dans ce grand renversement des tendances. Et il compte à son actif le très prometteur duo italo-belge Lumisokea, dont la musique représente une synthèse brillante de l'esthétique froide de Raster Noton et des expérimentations glitch à la limite de l'audible d'Emptyset. C'est dur, mais putain que c'est bon.
Orphan Swords
Gäap
Derrière le nom de Orphan Swords se cachent deux Bruxellois : Yannick Franck et Pierre de Mûelenaere. Ce dernier, on sait notamment de lui qu’il est une de ces chevilles ouvrières de l’un des meilleurs festivals belges à l’heure actuelle, le Bozar Electronic Arts Festival. Et si Pierre de Mûelenaere était un gros connard (ce qu’il n’est pas, promis) il aurait joué les dirigeants de république bananière en programmant son projet Orphan Swords dans la salle Henry Le Bœuf. Et franchement, on ne s’en serait pas plaint, notamment si le projet avait été placé juste avant Mondkopf, qui se produisait cette année dans cette magnifique salle. En effet, les similitudes entre les Belges et le Français sont nombreuses, notamment dans cette manière de triturer la matière, de donner une épaisseur folle à une techno lourde et industrielle, de générer des ambiances où l’oxygène semble être une denrée rare. On est d’autant plus fiers de les avoir sur ce volume de Jeunes Pousses que le titre qu’ils nous offrent est une exclusivité totale, puisqu’il ne sortira qu’en 2015. D’ici là, on aura pu entendre un nouvel EP, License to desire, qui sortira chez desire records en début d’année. Bref, ces deux-là ne sont pas prêts de disparaître de nos radars, et c’est tant mieux !
Staer
Future Fuck
"Stavanger est une ville portuaire située dans le Rogaland, au sud-ouest de la Norvège. Avec 121 610 habitants au 1er janvier 2009, elle est la quatrième ville du pays et le centre de la troisième agglomération norvégienne avec environ 200 000 habitants." Ce que ne dit pas Wikipédia c'est que Stavaner est depuis 15 ans le berceau d’une très active scène initiée par Noxagt, Ultralyd, et MoHa. Sous des auspices plombés et hypnotiques, ces jeunes gens biens sous tous rapports ont dynamité le free-jazz pour créer une transe bruitiste imparable. Depuis quelques années, une nouvelle génération de groupes (Skadne Krek, Brutal Blues, Freddy The Dyke) a repris le flambeau afin de propager une bonne parole encore trop méconnue. Staer est à coup sûr le plus beau de ces apôtres, d’une part car en quatre ans ils ont réalisé plus de concerts que Johnny dans toute sa carrière, d’autre part car ils ont un des meilleurs batteurs du monde, et surtout car ils représentent l’aboutissement de la musique de leurs précepteurs en proposant le mélange ultime entre free-jazz, kraut-rock, noise, et no-wave. Mention spéciale à leurs incroyables performances scéniques..
Stara Rzeka
Preszwit
Voici un titre pour toi, l'élite underground qui aime se pavaner en soirée en parlant d'un groupe obscur sorti d'une cave. Parce que là, pour le coup, Stara Rzeka vient des bas fonds, d'un village paumé en Pologne plus exactement. Il s'agit d'un one man band tenu par Kuba Ziolek, activiste d'une scène impossible à cataloguer. Parce que comment voulez-vous synthétiser en un seul projet la folk, le métal, le post-rock et le dark-ambient ? Lui a réussi et le résultat est bluffant de maîtrise.
stararzeka.bandcamp.com
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Last Man Standing
On a beau croire très fort dans le hasard, le fait que les très récentes et impressionnantes inondations dans l’Hérault coïncident avec la très prochaine sortie du premier album des locaux de Verdun risque de faire jaser les adeptes de la théorie du complot. Le premier EP du groupe sorti il y a déjà 3 ans nous faisait en effet le coup du remake de film catastrophe, en mode riffs telluriques, vocaux cosmiques, et batterie tonnerre. On va pas vous mentir, si Electric Wizard, EyeHateGod, ou Sleep, ça vous dit quelque chose, vous serez en terrain connu. Et si on vous en parle ici, c’est que ces mecs ont assez d’atouts pour se glisser au niveau de ces références incontestables.
LBNHRX
Hoax E. Moron - Gretchen (LBNHRX Reinterpretation #2)
Sans se la jouer chevreuil de bas-étage, lorsque l’on peut défendre la scène locale on ne s’en prive pas. Avec LBNHRX, on vient vous refourguer du produit bleu-blanc-belge. Le producteur bruxellois a déjà à son actif 2 albums, 2 EP's, des remixes et ne semble pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. On s’adresse ici aux amateurs de L.I.E.S ou d’Opal Tapes : LBNHRX exaucera vos souhaits avec sa techno hybride qui intègre house et musiques expérimentales. Et cerise sur le gâteau: ce remix est un unreleased.
https://soundcloud.com/lbnhrx
Lire le fichierLawrence Le Doux
Astre
Vlek fait partie de ces labels indispensables dans le champ des musiques alternatives en Belgique. D’abord parce que la structure bruxelloise est un vrai bol d’air frais dans un music biz noir-jaune-rouge qui manque trop souvent d’audace, mais également (et surtout) parce que les choix de la maison sont régulièrement payants. Et ce récent EP de Lawrence Le Doux dont est tiré « Astre » symbolyse bien la forme olympique du label depuis sa création : il souffle sur cette house un vent total de liberté, qui rend les acrobaties sonores de Lawrence Le Doux tout simplement irrésistibles.