A 22 ans seulement, tout sourit à Stormzy: il est considéré comme la relève de la scène grime, se fait inviter sur scène par l'équipe de Boy Better Know, et possède même sa propre antenne sur Beats 1 chaque vendredi soir. A ce titre, il constitue déjà une donnée incontournable et influente sur la tournure que risque de prochainement prendre la scène anglaise.
Car si Stormzy est effectivement un pur produit de ce que le grime a distillé de plus spontané et excitant, le bonhomme a plus d'un tour dans son sac. S'il ne se prive jamais de revenir de temps à autres à ses premières amours, il ne se cache pas d'écouter beaucoup de rap américain et de s'en inspirer (sur ce freestyle où il rappe sur le "100" de The Game notamment). Et il prouve qu'il est capable d'adopter un flow beaucoup moins TGV, et souvent plus versatile que ses confrères de la scène.
Son unique effort à ce jour, le chouette EP Dreamers Disease, va complètement dans ce sens: si le jeunot ne se prive pas d'envoyer quelques bangers grime, il se montre ici plus proche des horizons sucrés et synthétiques de de la scène PBR&B canadienne, de la tropical music, voire des 80 BPM de la trap. Un effort inhabituel (mais concluant) de mélanger des genres qui prouve à quel point le grime est aujourd'hui plus que jamais un genre au centre de toutes les attentions et de toutes les fantaisies. Et il était temps, presque dix ans après sa naissance.
Quelque part, on a de grandes chances de penser que Stormzy risque de réussir là où Dizzee Rascal s'est cassé les dents: proposer une musique à la fois typiquement anglaise sans jamais se priver de donner des coups de coude (ou de faire des clins d'oeil) à ce que l'Amérique débite de façon industrielle. On risque en tout cas de beaucoup parler de ce bonhomme dans les mois à venir, d'autant qu'il nous promet une avalanche de nouveaux titres, entamée par cette petite bombe atomique qu'est "Standard".