Harry Fraud, producteur qui sait être dirty
Harry Fraud, comme énormément de producteurs de rap de nos jours, aime s’introduire par une signature sonore. « La Musica de Harry Fraud », voilà le gimmick qui ouvre ses beats. Mais la comparaison avec ses collègues s’arrête là. On a déjà affaire à une sorte d’alien dans la mesure où il dit préférer « produire », être avec l’artiste en studio et dialoguer pour réellement créer de manière concertée, que simplement « faire des beats » et les envoyer par internet. Il joue certaines pistes lui-même lorsque ses contemporains font parfois un hit en maîtrisant uniquement Fruity Loops et puis bon, il est quand même d’origine irlandaise et porte les cheveux longs…
A égale distance entre les 90’s et les basses vrombissantes des strip-clubs tant prisés par les rappeurs d'aujourd'hui, le type apporte indéniablement de la fraîcheur. La production de « Cassette Deck » par exemple, disponible sur une mixtape de DJ Scream, est intéressante : une programmation rythmique actuelle (entendez une TR–808) qui côtoie des congas et des samples de cuivres. Loin des puristes, il ne voit pas d’inconvénient à sampler la voix de La Roux sur « In 4 the Kill » (le titre est bien trouvé non?) de French Montana ou celle de Florence Welch sur « Only if for a Night » du même rappeur (encore une grande recherche pour le titre).
Si la majorité de ses beats sont tout de même basés sur des obscurs samples de voix ou de parties instrumentales, il n’a pas la démarche nostalgique d’un Joey Bada$$, et un élément rappellera toujours qu’il ne dénigre pas son époque. Le jeune producteur a donc beaucoup travaillé avec la dernière signature de Bad Boy Records mais aussi avec, en vrac, Wiz Khalifa, Curren$y, Action Bronson, Smoke DZA ou Mac Miller. Bref, Harry Fraud n’est plus exactement un inconnu mais n’a pas de Wikipédia à son nom et c’est con mais de nos jours ça veut quand même dire quelque chose: il n’a peut-être pas encore la reconnaissance qu’il mérite.