Grosse moisson de mixtapes pour débuter l'année
Deux semaines de pause, à l'échelle du nombre pharaonique de mixtapes lâchées quotidiennement, c'est finalement à peine assez pour reprendre son souffle entre deux bouchées de dinde. Pour tout dire, cet intervalle nous aurait donné suffisamment de matière pour se fendre d'un quatrième numéro de nos Hood Therapy. Mais vu que certaines de ces tapes vont se retrouver avec une chronique (on vous laisse le soin de deviner lesquelles), on a préféré vous concocter un petit condensé de ce qui a remué les serveurs de Datpiff et de Soundcloud depuis fin décembre. Tout ça bien sûr avec les liens d'écoute et de téléchargement qui vont bien.
La première grosse mandale qu'on attendait plus trop, elle vient bien sûr de Lil B qui a lâché en plein réveillon de Noël un 05 Fuck Em qu'il n'arrêtait plus de teaser depuis le début 2013. Au programme, pas moins de 101 (!) nouvelles pistes compilées et hasardeusement taguées dans un fichier .zip, ce qui représente grosso modo six heures de musique intégralement rappées par le basedgod - avec tout de même un caméo de son chat Kéké. Autant le dire tout de suite, le phénomène n'est pas avare en moments de grand nawak (le mec rappe même sur du System Of A Down sur "I Am The Rap God"), mais on tombe aussi sur de jolis moments de bravoure, à l'instar du remix de "Motivation" qui arrive sans trop de difficultés à égaler l'originale produite par Clams Casino. On souhaite bon courage quand même à ceux qui souhaiteraient aller plus loin.
En un peu moins long cette fois, on trouve la nouvelle livraison du blanc-bec Bones, DeadBoy, fort de sa bien jolie demie-heure qui oscille amoureusement entre cloud-rap et anthems pop kitchoune - déjà croisés sur l'excellent Cracker. A l'arrivée, ce sont treize titres sur lesquels le MC ne donne aucune limite à ses délires. Et s'il y a énormément de jolies choses à récupérer - l'imparable "Calcium" par exemple - on est de nouveau face à un projet qui manque de structure, d'une réelle direction, et qui tend à nous faire penser que plutôt que de lâcher un projet tous les trois mois il serait précieux que le bonhomme mûrisse quelque chose d'aussi définitif que son projet avec Ethel Wulf.
Rockie Fresh & Casey Veggies - Fresh Veggies
Rockie Fresh, on l'adore et on n'en peut plus d'attendre qu'il confirme les promesses de ses premiers essais, Electric Highway et The Birthday Tape, sur un premier vrai album. Mais voilà, tandis que beaucoup d'autres de ses collègues du Maybach Music Group ont tendance à donner partout et n'importe comment, lui préfère prendre le temps de mûrir chacune de ses entreprises. Et la dernière en date, en compagnie de l'ex-Odd Future Casey Veggies, ne déroge pas à la règle: Fresh Veggies, c'est en effet cinquante minutes de son survitaminé à l'exacte croisée des deux univers de leurs géniteurs, produites par des gens aussi forts que Lunice, Hit-Boy, ou Jahlil Beats. Autant de noms qui rapprochent cette collaboration finalement plus de la qualité d'album que de celle de mixtape, et qui risque d'être vite adoptée par ceux qui se sont décidés à faire un peu de sport pour éliminer les festivités de cette fin 2013.
Young Scooter - Street Lottery 2
Enfin, difficile de boucler cette news sans toucher un mot du Street Lottery 2 de Young Scooter - d'autant que son aîné ne nous a pas laissé indifférent sur notre top mixtape de l'an dernier. Une fois de plus, le protégé de cette canaille de Gucci Mane (de nouveau sous les verrous pour ceux qui ne le sauraient pas) envoie sans la moindre réserve une grosse tartine de trap riche en bass drums, en phases répétées quinze fois par morceau, et en invités de marque allant de Chief Keef jusqu'à Cam'Ron. Et si là encore le phénomène ne manque pas d'arguments, on a le sentiment qu'il manque à cet ensemble parfumé à la cocaïne l'étincelle de surprise qui avait fait du premier Street Lottery l'un de nos plaisirs coupables préférés de l'an dernier. La chose n'en demeure pas moins un passage obligé de ce début d'année rap 2014, et on a du mal à cacher que le tubesque et mongolien "Cooking" avec OJ Da Juiceman en est grandement responsable.