Goûte Mes Mix #42: Krampf

Oubliez toutes les jolies sélections qui ont pu précéder ce nouveau Goûte Mes Mix. Oubliez aussi l'image que vous aviez d'un bon passeur de disques qui créé de jolis voyages en juxtaposant avec une imparable magie technique une dizaine de titres triés sur le volet. Enfin, oubliez que ce genre d'exercice peut être sanctionné par des barrières de genres, de BPM, et d'unité. Pour ce 42^e volume de nos GMM, une fois n'est pas coutume, on va vous demander de ne vous attendre à rien, et même vous recommander de ne pas consulter la tracklist. Simplement d'appuyer sur lecture, et de vous tenir prêt à tout pour ces 45 minutes de son qui brassent large. Très large. Car ce job de selector, c'est un truc assez nouveau pour Krampf.

A seulement 19 piges, le beatmaker parisien multiplie les productions pour des MC's aussi divers et recommandables que Metek ou Set&Match, sans oublier de réserver quelques cartouches pour les potes Hyacinthe et L.O.A.S. et de prochainement faire des étincelles avec S.Pri Noir et la MZ. Mais son jeune âge est loin d'être un frein à sa curiosité : l'éminence grise de DFHDGB a une oreille sur tout et s'amuse trop à mixer ce qu'il aime pour s'arrêter à des critères de street cred ou de genres. Et un peu à l'instar des premières mixtapes de DJ Orgasmic, on se retrouve ici avec un grand maelström de titres qui se télescopent dans un but clair et précis : que ça bounce.

Le menu de cette mixtape, il peut paraître légèrement indigeste sur papier, tant sa tracklist fait l'exploit de donner dans des trucs ghetto, du grand public ou même d'y incorporer des choses complètement incongrues - et pourtant honteusement plaisantes. Mais c'est au final 45 minutes de musique véritablement amusantes que l'on vit, entre jolies courbettes et grands écarts insolents, sans jamais trop se soucier de la qualité des enchaînements c'est vrai, mais en s'assurant que jamais ne soit sacrifié le caractère sauvage et immédiat de ce Goûte Mes Mix #42. Plutôt que de le consacrer comme un exercice de style, mieux vaut l'aborder comme une récréation, une bulle de fraîcheur osée et décomplexée, parfois en contraste avec nos habitudes éditoriales et qui, on vous le garantit, saura faire cracher le soundsystem de votre Twingo d'occasion.

Désormais, on attend avec impatience qu'en marge de ses collaborations pour rappeurs, Krampf transpose cette fraîcheur et cette ouverture d'esprit dans son premier vrai projet solo à sortir l'an prochain, et qu'il nous promet "gothique" à souhait - un adjectif plutôt éloigné de la galaxie Cosmonostro et de ses plus éminents représentants. On attend de voir, en espérant, le moment venu, pouvoir placer sur le trône le plus digne héritier francophone des gabbers stéphanois et de DJ Screw.