Goûte Mes Mix # 30 : BunZer0
Tracklist
- BunZer0 – Bubble
- Akkord - Destruction
- Maison Sky - Mode
- Pearson Sound - Project
- Eleven8 - No Good
- Kode9 - Uh
- Wen - Storm
- Gantz - Free Focus
- Darj - Nemesis
- Binomial - No Friend
- Deafblind - My Salvation ft Living Proof
- BunZer0 - Oshun
- Ipman - Signal Motion
- Sleeper - Solarized Formation
- Piezo - Ptay
- BunZer0 ft Kamine - Reciprocity
- Dubapes - Still Waters Acid Mix
- Gantz - Salvo
- Camu - Damascus Bunzer0 RMX
- LAS - Sheba
- Clearlight - Jata
- BunZer0 ft Kamine - Darabuka
- Bunzer0 - Melancholy
- Soundproof - Beyond the Milkyway BunZer0 RMX
On ne pouvait pas fêter notre cinquième anniversaire sans inviter BunZer0 à participer à la fête. Premièrement parce qu’on tient avec le Bruxellois l’un des activistes les plus respectables de l’électronique belge; et deuxièmement parce que notre compatriote (cocorico les petits Belges) a su s'imposer comme le passeur de disques le plus essentiel en matière de bass music continentale.
Actif en radio depuis l’âge d’or du dubstep (on vous recommande chaudement son FOB Show hebdomadaire), celui qui a été élu "DJ le plus influent hors d’Angleterre" par les spécialistes de dubstepforum.com ne compte plus les plaques qu’il a jouées depuis ses débuts : « Je ne suis pas très bon en mathématiques... Disons une moyenne de quarante tracks par émission, à raison de 52 semaines par an, depuis plus de sept ans. Faites le calcul… ». Et bien on l'a fait le calcul, et ça fait 14.560 titres, sans compter ce qu'il a joué en festival ou en soirée. Vous en voulez encore ? Sachez que le producteur/DJ a également organisé un paquet de soirées qui ont participé à la popularité du dubstep. Ce qui fait de BunZer0 une mine d'or en matière d'anecdotes croustillantes: « Il y en a une qui continue à m'amuser. En 2006, j'ai organisé la première soirée 100% Dubstep à Bruxelles, avec notamment Skream et Youngsta. Ils étaient encore fort jeunes et c'était leur premier set en dehors du Royaume-Uni. Skream était un peu éméché et Youngsta stressait comme un malade, car il voulait que cette soirée soit parfaite pour convaincre le continent. Et comme le mix de Skream était un peu fastidieux, Yungx restait derrière lui pour discrètement donner un petit coup de pouce aux platines quand les mixes partaient en vrille. Soudain Skream a quitté les platines en courant vers moi, et en hurlant « Bun ! Bun ! As-tu une copie de "Midnight Request Line" ». Je n'en croyais pas mes oreilles. Il venait à peine de sortir ce que l'on considère toujours comme l'hymne du genre et il ne l'avait même pas pris avec lui ! Du coup il a joué ma copie du vinyle, en le griffant, ce qui pour moi, fait toujours office d'autographe très spécial. » Priceless.
Vous l'avez compris: BunZer0, c'est une conscience de la musique à basse qui sait nous parler mieux que quiconque d’une frange musicale qui n’a cessé d’évoluer; une éminence dont l’avis sur le dubstep rejoint tout à fait ce qu’on a pu penser du genre: « Je vais me permettre d'évoquer un interview de Kode9 qui disait, en substance, que le dubstep n'est qu'une facette d'un continuum musical typiquement anglais, qui dès le début de l'explosion des musiques électroniques de danse n'a cessé de muter, tel un virus, en réaction à la tendance précédente. Sous cet angle-là, on parle bien de bass music, qui au gré du temps, change de vibe, de tempo, d'intention, tel un langage dont le vocabulaire et la grammaire sont en constante évolution. En suivant cette logique, le dubstep n'est qu'une étape. Les changements sont déjà bien en cours et, à ma manière, c'est ce que j'ai essayé de démontrer dans le mix. Puis bon, au final, c'est quoi le dubstep ? Ce mot ne veut plus rien dire. Mais a-t-il jamais voulu dire quelque chose ? Les étiquettes aident à identifier les choses mais elles sont réductrices, c'est le revers de la médaille. » Tout est ici dit. Une pensée qui sonne comme un mantra, lui qui a défendu toutes les musiques à basse avec une présence et avant-gardisme qu’aucun autre ne peut plus revendiquer.
A l’image de cette sélection enregistrée à la cool (« Une paire de CDJ, ma table de mix, le
tout fait tranquilou dans le studio »), BunZer0 tape large, fort et avec classe : « Comme je l'évoquais plus haut, j’ai commencé le mix avec des contenus hybrides, entre techno, electro, garage et dubstep - soit les trucs récents que je trouve intéressants - pour doucement évoluer vers le 140 BPM pur et dur, avec à chaque fois pour point commun la présence d'énormes sub bass. » Une formule simple, mais qui fait l'effet d'une bonne gifle en pleine la gueule. Une sélection remplie de titres inédits ou pas encore sorties – une habitude chez le Bruxellois – qui joue magnifiquement sur les hauteurs et les intensités pour prolonger l’expérience bien au-delà de la sélection générique que l'on peut trouver aux quatre coins du web. Bref, ce mec c’est la classe incarnée dans soixante minutes de basses ronflantes. Bien ouèj camarade!