Goldlink est de retour, et il a amené Kaytranada et BadBadNotGood pour se sentir moins seul
Dur, dur d'être Goldlink. Déjà lorsqu'il s'est fait une petite place dans la cuvée des XXL Freshmen l'an dernier, on sentait bien que le rappeur allait avoir beaucoup de mal à exister dans l'ombre du carnassier Vince Staples. L'histoire, et vous la connaissez cette garce, elle nous a finalement donné raison: le rappeur de Long Beach a explosé l'année rap 2015, en offrant avec Summertime '06 une véritable masterclass à tous ses camarades de promotion, dont le talent n'a jamais réussi à s'affranchir de l'étiquette mixtape.
Tout ça, alors que de son côté, Goldlink a dégainé un grand disque de rap sucré, baptisé And After That We Didn't Talk, qui n'en finit pas de se bonifier avec les mois qui passent. Pourtant, et malgré une apparition remarquée sur l'album de Kaytranada, on a l'impression que le bougre est condamné à évoluer en seconde division. Et pire encore, qu'il est boudé autant par les boulimiques de rap que par les hipsters à barbe soucieux d'ajouter un soupçon de hip hop haut en couleurs entre deux titres de Chet Faker dans leur Spotify.
Car des couleurs, justement, c'est pas ce qu'il manque dans la musique de d'Anthony Carlos. Avec son phrasé saccadé, mi-chanté mi-rappé, et son goût prononcé pour les instrumentaux riches en synthés et son amour pour les BPM house, force est d'admettre que Goldlink a eu du flair. Celui d'ouvrir la voie à un rap hautement dansant, très versatile dans ce qu'il explore, et qui évolue de manière finalement très décomplexée, sans trop se poser la question de savoir si ça sonne street ou non - tant que les filles du premier rang deviennent folles pendant le refrain, ça va.
Une sensibilité pop qui a d'ailleurs pavé la voie pour quelques unes des personnalités les plus incontournables de 2016, Anderson .Paak en tête. Comme quoi, si le succès commercial n'est pas au rendez-vous, le succès d'estime lui, subsiste.
Mais bon le respect c'est bien joli, mais ça paie pas les factures. Alors c'est toujours sympa quand quelques noms qui pèsent lourd viennent donner un coup de main - en l'occurrence les copains Kaytranada et BadBadNotGood. Le titre qui réunit cette équipe de rêve s'appelle "Fall In Love", et il concentre ce que le beatmaker canadien sait faire de mieux: de grosses lignes de basses funky très compressées, tandis que le reste de la troupe s'occupe d'apporter quelques éléments de vie tout autour d'une base finalement très... basique.
Et comme d'habitude avec Goldlink, la magie opère: le refrain est flamboyant, le feeling est impressionnant de spontanéité, et ça bounce pendant trois minutes qui gravent la mélodie dans un coin du cortex encore non identifié par la science. Bref, encore un bien beau tube de poche.
Pour l'heure, difficile de savoir si "Fall In Love" est un titre lâché pour le plaisir, un simple signe de vie, ou s'il annonce l'arrivée imminente d'un nouveau projet. Mais d'ici à ce qu'on soit fixés, on pourra toujours aller applaudir le bonhomme dans nos salles de concert, puisqu'il sera pour la première fois en concert en Europe: le 21 septembre prochain au Vk de Bruxelles, et le 25 septembre à la Bellevilloise de Paris. Et très franchement, on ne louperait ça pour rien au monde.