"Françoise Hardy, la discrète" en avant-première sur Arte Creative
Il nous arrive de chercher nos mots quand on aimerait tout simplement dire à Françoise Hardy qu'on l'aime. De son côté, Bob Dylan n'a pas hésité en lui claironnant dans les yeux "I Want You", alors qu'il lui avait dédié avec finesse, deux ans plus tôt, une mention éternelle au dos de la cover de Another Side of Bob Dylan. Et les têtes du milieu rock n'ont pas cessé de tourner sous la voix et sous les airs de la chanteuse, jusqu'à ce qu'un Damon Albarn ne voit encore qu'elle pour relancer le tourbillon de "To the end".
Mais la carrière de ce timbre au déséquilibre doucereux va bien plus loin qu'une série de relations amoureuses, la mode ou l'événementiel. Une trajectoire complexe qui s'est longtemps vue maintenue dans l'ombre, pour de multiples raisons. Afin d'y remédier, ou de rappeler l'étendue de son talent, Emilie Valentin et Matthieu Jaubert lui consacrent un documentaire condensé sur une heure, bien efficace. On vous prévient de suite, pour apprécier la majesté du panorama, il est impératif de prendre ses distances avec les interventions forts dispensables des invités, dont les allures sont dignes d'une Karen Cheryl façon "étoiles de légende" – si ce n'est l'improbable apparition d'Anton Newcomb et les facéties de Jacques Dutronc, audacieux au possible.
De ses débuts à ses divers renouvellements, des premières témérités dans l'écurie Vogue aux nombreuses collaborations, Françoise Hardy a conservé un noyau irradiant sous une apparence effacée : la discrète n'innove pas, mais permet d'absorber d'une traite son rayonnement.