Est-ce que le fils de Diddy peut percer dans le rap sans les millions de son paternel?
Ces dernières années, les résultats du classement Forbes des rappeurs les plus riches de la planètes est aussi prévisible qu'une chronique d'Eric Zemmour sur l'immigration: c'est Diddy qui gagne, et puis c'est tout. Avec une fortune estimée à 820 millions de dollars (juste devant Jay Z), Sean Combs et sa descendance sur quelques générations sont à l'abri des merdes noires. Mais ce n'est pas pas parce qu'on pète dans la soie qu'on n'a pas soi-même envie de devenir une star.
C'est probablement ce que s'est dit Christian "King" Combs, qui à hérité de la modestie de son paternel au moment de se choisir un blaze. Enfin, si ce n'était que ça. En effet, son dernier cypher sur un single sorti cet été par son paternel (et censée annoncer un hypothétique No Way Out 2) a tout pour plaire aux fans de la grande heure de Bad Boy Entertainement.
Rien que le beat altier déjà, une resucée d'une (excellente) vieille production de The Lox qui renvoie à un certain âge d'or de l'écurie BBE, quand Puff Daddy cimentait sa légende à coup de grands disques et d'awards. Quand à King Combs, à peine a-t-il ouvert la bouche qu'on comprend qu'il est allé à bonne école: la technique est travaillée, le flow est parfaitement posé, et l'écolage est passé par une écoute compulsive des discographies de Mase et Biggie. C'est d'un opportunisme crasse, mais qu'est-ce que c'est bien.
Après, la question de savoir si King Combs est prêt à faire carrière en en pillant les sarcophages de ces grands MC's qu'il a eu la chance de côtoyer dès son plus jeune âge - enfin, pas Biggie qui a passé l'arme à gauche un an avant sa naissance. On peut aussi se demander si ça l'amuse de singer le hip hop des années 90 alors que comme n'importe quel jeune de son âge, il doit bouffer du Future, du Drake ou du Lil Yachty à longueur d'année.
Et les singles parus cet été nous offrent la réponse: en businessman affuté, son père gère ses intérêts en bonne intelligence. Quelques petits clips qui font vibrer les cordes sensibles histoire d'attirer le chaland (cet autre cypher sur du Eric B & Rakim illustre bien notre propos) pour ensuite lui refourguer un produit autrement plus dans l'air du temps, et forcément inattaquable sur la forme car façonné par des hitmakers dont Diddy peut se payer les services sans craindre pour la santé de ses finances.
Et à ce titre, "F*ck the Summer Up" est un bon résumé de ce dont King Combs est capable, et surtout de ce dont il n'est pas capable: si il y a du talent, il n'y en a pas encore assez pour ne pas devoir vivre dans l'ombre gênante du paternel. Car contrairement à une clique comme Pro Era pour qui l'amour des années 90 semble réel, celui de King Combs pour l'héritage de son père semble participer d'une stratégie marketing aux trop grosses ficelles, et qui ne sert pas vraiment les intérêts de celui qui, in fine, devra en vivre.