En bonne vache à lait, Björk va sortir une troisième version de Vulnicura
On le sait, Björk aime la diversité musicale, que ce soit avec ses multiples collaborations dans la production, sa manie de totalement réorchestrer ses morceaux en live ou sa quantité industrielle de remixes. C'est également l'une des rares artistes à laisser ses fans éditer des remixes et bootlegs sans intervenir, voire en les mettant directement à contribution par l'intermédiaire de concours, comme pour l'album Army Of Me: Remixes and Covers.
Soyons clairs: s'il peut parfois être une réelle redécouverte (le ravélien "Hunter - Mood Swing Remix", le délirant collage du "Where Is The Line - Fantomas Remix" ou le minimaliste "Anchor Song - Black Dog Mix"), le remix björkien est rarement réussi, voire vain.
Là où la production musicale, déjà peu intéressante, devient artistiquement discutable, c'est dans l'utilisation commerciale qu'en fait sa maison de disque One Little Indian. Si en 1994 la quarantaine de remixes des titres de Debut tenait dans environ huit maxis-CD, les 12 remixes de Vulnicura ont fait l'objet d'une édition de... 12 vinyles contenant un seul morceau sur une seule face, le tout à 12 EUR l'unité... En bref, sur une trentaine de références dans le catalogue de Björk, on ne compte que 10 albums originaux.
Il n'y a pas si longtemps, on vous annonçait la prochaine parution de Vulnicura Strings pour le 6 novembre. Cette fois, on nous annonce la sortie d'un Vulnicura Live le 6 décembre, édité à seulement 1.000 exemplaires CD et en Picture Disc vinyle (surtout connus pour leur piètre qualité sonore), et déjà en rupture de stock sur Rough Trade, le distributeur exclusif.
Est-ce pour se faire pardonner le psychodrame de l'annulation de la tournée de cet été qu'on nous arrose de la sorte ? En tout cas, là où nous avions salué et admiré l'intimité et le courage de son exposition dans Vulnicura, on commence à sérieusement se poser des questions sur la marchandisation qui en est faite. Surtout lorsqu'on pense que l'intensité émotionnelle trop forte serait l'une des causes de l'annulation des concerts.
On ne saura sans doute pas si c'est le label ou Björk herself qui est à l'origine de cette multiplications des galettes de plus en plus fades, mais il est clair que la marchandisation à outrance de cet album contredit profondément le propos original.