Cœur avec les doigts : Soul Jazz compile le meilleur de la soul nigériane des 70's
Inutile de préciser que la rédaction ne se tourne pas spécialement vers la musique du monde et encore moins vers des compilations ou autres best-of faisandés. Par contre, il est bon de rappeler que l'une et l'autre peuvent aisément propulser le monde de la musique à un niveau de qualité trop peu souvent rencontré. La bande de Soul Jazz Records fait partie de ces troupes d'avant-garde qui se démènent, en première ligne, pour lui offrir une certaine visibilité.
Ces derniers lâcheront le 9 septembre une nouvelle compilation, Nigeria Soul fever. Afro Funk, Disco and Boogie – West African Disco Mayhem !, qui rassemble les meilleurs titres de la soul nigériane des années 70 avec ses grandes figures, mais pas seulement. Son premier atout consiste précisément à offrir, à un prix ultra-démocratique, une part de l'œuvre d'artistes méconnus dont les talents n'ont pas eu la liberté de s'exporter en dehors du Nigeria, à la suite d'une politique de restriction commerciale, engendrant inévitablement une production minime de disques qui se voient actuellement réservés aux collectionneurs nantis.
Mais surtout, la diffusion de ces œuvres permet de toucher une richesse de composition sans frontière, entre les structures soul des USA et toute la liberté des sonorités ouest-africaines. On assiste littéralement à la démultiplication des forces du genre. Après quelques retours au Mali, Damon Albarn avait souligné l'immense difficulté qu'il ressentait à jouer avec les musiciens locaux et la nécessité d'oublier chacun de ses gestes familiers pour parvenir à suivre le tourbillon mélodique auquel il était confronté.
Par sa compilation, Soul Jazz délivre un fragment de ce type de voyage initiatique ; une série de gifles artistiques qui font grandir.
Et pour continuer le mouvement, cette compilation faisant suite au Nigeria Freedom Sounds ! Popular Music and The Birth of Independent Nigeria 1960-63: Calypso, Highlife, Apala, Mambo, Juju, sera elle-même suivie par la réédition de l'album Night Illusion de Tee Mac, qui se retrouve évidemment sur la collection nigériane.