Cinq choix pour réussir ses Nuits Bota cuvée 2018
C'est dans un tout petit mois que la 25ème édition des Nuits Bota débutera, profitant comme d'habitude au maximum des installations que l'on connaît, et en exploitant désormais le Bozar - le Bota n'étant plus vraiment le bienvenu au Cirque Royal dont il a perdu la gestion au détriment de la Ville de Bruxelles. Si la billetterie a déjà tourné à plein régime pour les concerts de Feu! Chatterton, Angèle ou Ólafur Arnalds, cette nouvelle édition du festival bruxellois est aussi l'occasion de faire de belles découvertes ou de tomber sur des artistes qui, dès l'année suivante, monteront sérieusement en grade. Petite sélection de la team GMD pour les oreilles curieuses qui nous lisent.
Loud
Si le nom de Loud est déjà sur pas mal de lèvres au Québec, le gars de Montréal a encore tout à prouver sur le Vieux Continent. En même temps, celui que l'on a découvert avec le trio Loud Lary Ajust le débarque pas chez nous les poches vides: il a sorti l'année dernière Une année record, un premier album solo qui le voit rendre hommage, dans un écrin de modernité, à la "technique" des grands emcees des années 90 - celle qui consistait à jouer sur le son des mots, mais aussi sur leur sens. Rappeur protéiforme au verbe riche, Loud est capable de passer d'une vraie réflexion sur sa condition de rappeur ou le monde qui l'entoure à un banger plus radio-friendly sans que cela ne choque personne. Une date qui sent bon la poudre et la poutine.
Loud se produira le jeudi 26.04 dans le Chapiteau compagnie de Siboy et Lord Gasmique.
Amen Dunes
Si c'est grâce à des gens comme Blanck Mass, The Soft Moon ou Zola Jesus que Sacred Bones Records peut s'offrir une belle visibilité dans nos timelines, ceux qui suivent le label new-yorkais depuis sa création savent que ce sont ses artistes les plus discrets qui solidifient son ADN. Et parmi cette bande de seconds couteaux magnifiques, il y a Amen Dunes dont le nouvel album, Freedom, sortira ce vendredi. Sur celui-ci, Damon McMahon continuer de faire preuve d'une grande sensibilité et d'une insatiable curiosité, nourrissant son indie rock d'un nombre incalculable d'influences et de références qu'il distille subtilement, à doses homéopathiques. Mais Freedom, c'est aussi le disque qui voit l'Américain sortir sa collection de titres la plus aboutie à ce jour, frôlant très souvent avec la perfection. Dans l'intimité du Grand Salon, les cœurs de guimauve vont en prendre pour leur matricule.
Amen Dunes se produira le vendredi 27.04 dans la Grand Salon.
U.S. Girls
En voilà une qui n'aura pas attendu le récent soulèvement féministe pour déverser sa bile à la gueule du patriarcat. Et pour cause, U.S. Girls (aka Meghan Remy) existe déjà depuis presque de dix ans. On se souvient parfaitement de sa prestation au Musée lors des Nuits 2012. Avec pour maigres acolytes un lecteur K7 et un micro, elle semblait encore dessiner les contours d'une esthétique radicale et arty. Son propos, quant à lui, était déjà tendu comme le chibre d'Harvey Weinstein. Fraîchement sorti, In a Poem Unlimited vient compléter une discographie aussi parfaite que méconnue, bourrée de mausolées pop aux grooves fédérateurs. Épais comme une armoire bretonne du haut des ses petites trente minutes, ce petit dernier trouvera certainement son point d'orgue en live, vu que la Dancing Queen se voit désormais accompagnée sur scène par huit musiciens issus de la scène de Toronto. Si tu cherhes une Boogie Night, la voici!
U.S. Girls se produiroa le mardi 01.05 dans la Rotonde en compagnie de Wye Oak.
Lucy Dacus
Un coup d’œil aux poulains du label Matador suffit à prendre le pouls d’une scène indie rock s’épanouissant entre gaillards expérimentés tels Kurt Vile ou Spoon ou de plus récentes têtes de gondole comme Savages ou Julien Baker. Voir émerger Lucy Dacus au sein de ce roster talentueux ressemble à une évidence. No Burden, son premier album sorti en 2016, l’avait placée parmi les songwriters les plus talentueusx de sa génération, usant avec succès de sa voix claire pour émouvoir à l’envi. La sortie d’Historian cette année affirme sa mainmise sur l’indie-folk américain, répondant parfaitement aux albums de Phoebe Bridgers ou Big Thief en 2017. Gratteuse d’émotions, la conteuse confirme qu'elle est bien une compositrice épatante, passée maître dans l'art du solo puissant et du crescendo poignant.
Lucy Dacus se produira le mercredi 02.05 dans l'Orangerie en compagnie de Ought et Hater.
The Body
Parmi les groupes les plus singuliers présents aux Nuits Bota, difficile de faire l’impasse sur ces fendus du bulbe de The Body. Depuis 1999, ce duo d'agitateurs n’a eu de cesse de repousser les limites de l’expérimentation à coups de sorties plus déstabilisantes les unes que les autres et de prestations scéniques totalement habitées. Bien que souvent catalogué sludge / doom expé, apposer une étiquette sur un groupe comme The Body serait presque un manque de respect pour le travail du chanteur/ guitariste Chip King et du batteur Lee Buford tant ils explorent des territoires très variés, avec pour seule constance de le faire dans des ambiances plus angoissantes qu'un audiobook de Christine Angot - vous nous direz ce que vous avez pensé de leurs collaborations avec Full of Hell. Les deux lascars viendront défendre I Have Fought Against It, But I Can't Any Longer, leur 7ème album prévu pour le 11 mai sur Thrill Jockey et qui promet à nouveau une expérience en tous points extrême. Extrême, c'est aussi la perspective de voir ces gars ouvrir une soirée qui verra se succéder sur scène les punks danois de Iceage et les noiseux belges de It It Anita. Surréalisme quand tu nous tiens...
The Body se produira le dimanche 06.05 dans l'Orangerie en compagnie de Iceage et It It Anita.