C'est l'été, donc on peut enfin te parler de Ramriddlz

par Aurélien, le 11 juillet 2016

Au rythme où le rap US avance, tu ne te souviens sûrement déjà plus que Drake a enfin sorti son Views. Et on ne saurait trop t'en vouloir, vu que même les plus fans du Canadien sur nos pages s'accordent à parler d'un magistral pétard mouillé. Ce qui n'est pas trop grave d'ailleurs, puisque de son côté à lui, tout va pour le mieux : le disque est toujours n°1 du Billboard depuis presque trois mois et il est sur une tournée qui se joue à guichets fermés avec tous ses potes de chez October's Very Own. Il se murmure même qu'il va bientôt sortir un projet entier avec Gucci Mane une perspective pas des plus réjouissantes quand on se rappelle comme son album avec Future l'an dernier est tombé dans une espèce d'amnésie collective, largement partagée par l'auditoire des deux entités.

 

Pourtant, au milieu d'un disque qui privilégie la maîtrise à toute forme de révolution, il y a l'espoir. Et cet espoir, il est incarné par cet enchaînement follement gwada : "Controlla"/"One Dance". Une ouverture lumineuse et inspirée qui aurait pu être une carte déterminante à jouer sur la deuxième partie du disque, mais que la superstar de Toronto a préféré perdre dans sa manche en misant sur la sécurité plutôt que l'exotisme.

C'est pourtant cette parenthèse qui a sauvé ce projet d'une dérangeante familiarité. Et cet exploit, on le doit un peu à Ramriddlz, un blanc-bec de 21 balais, consommateur régulier de créatine qui, un an plus tôt, s'est offert un tube de poche repéré par le CEO de OVO et qui lui a permis de convoquer les plus gros bonnets (ou pectoraux) de son campus dans un clip tourné en deux-deux.

 

Seulement voilà, comme peu de choses du 6 (Toronto quoi) échappent au radar d'Aubrey Graham et qu'il est rarement effrayé par le nombre de vues, le Canadien n'a pas tardé à se cogner le crâne sur le bazar. Et comme à son habitude, il s'est vite accaparé l'instrumentale pour s'offrir un remix à plusieurs millions de clics.

La suite, tu la connais : si Drizzy valide, le succès suit. Et donc, très vite les regards se tournent vers ce Keen V canadien qui, bien qu'en commençant sa carrière sur une blague, est aujourd'hui bien obligé de s'improviser musicien. Et si l'on se fie à la qualité de son second projet, Venis, sorti en mars dernier, il commence à prendre son nouveau taf très au sérieux. 

 

Sur dix titres d'un projet qui sent bon le lait de coco en conserve, Ramriddlz s'impose comme l'alter ego caribéen de Yung Lean : un type vide de charisme qui s'amuse à imiter Popcaan et à faire en sorte que ce soit suffisamment catchy à défaut d'être innovant. Et donc, on raconte pas mal de conneries au micro (son ad lib "potassium", sur "Sweaterman" est déjà entré dans la légende), on s'offre une chiée d'instrumentales blindées de steel drum parce qu'on sait que c'est l'instrument caribéen de référence et, surtout, on laisse l'autotune transformer un phrasé nasillard en accent créole crédible.

Et donc, Venis, c'est un comme si Mad Decent s'offrait une virée chez Zouk FM : c'est archi-pupute, grossier en toutes circonstances et taillé pour les masses. Difficile pourtant de ne pas reconnaître à ce b(r)ouillon de cultures un certain charme et même une audace certaine dans sa façon de conjuguer quelques éléments de production de la scène PBR&B de Toronto à tout ce merdier. Et si le résultat n'est pas toujours parfait, on trouve malgré tout quelques-uns des plus gros tubes de cette année, à l'instar de ce "Cider" entêtant et acidulé, véritable guilty pleasure en puissance.

 

Bref, c'est à la fois gentiment débile, complètement badass et taillé sur mesure pour un été qui manque TOUJOURS de rhum agricole. En plus, c'est typiquement le projet qui va faire plaisir à la copine. Et après lui avoir fait subir dix jours de Hamza, tu peux bien lui faire ce cadeau.