Bitchin Bajas
Water
Remy : Mon premier ciné-concert au Vecteur, quand j'étais en stage en 2012. Top duo espagnol programmé avec un film sci-fi de fou furieux, proposé par l'équipe de l'époque, Phase IV de Saul Bass.
Askip, « Charleroi is the new Berlin ». Après, on sent que les mecs qui ont écrit ça n’ont jamais eu à gérer un lieu culturel dans cette ville, qui ne ménage cependant pas ses efforts pour se départir de son image de mouton noir. Et fait ça plutôt bien quand on voit tout ce qui s’y passe depuis quelques temps. D’un point de vue strictement culturel, le salut de Charleroi passera inévitablement par le travail de passionnés comme ceux que l’on croise au Vecteur, plate-forme culturelle où se croisent les métiers artistiques sous toutes leurs formes – musique évidemment, mais aussi littérature, arts plastiques et numériques ou cinéma. Ainsi, au cours des saisons passées, on a pu croiser au Vecteur des gens comme Stikstof, Le Dé, Jambinai, le Wild Classical Music Ensemble ou Stephen O’Malley de Sunn O))). Alors que la nouvelle saison se prépare, trois des chevilles ouvrières de la structure (Camille, Remy et Romain) ont choisi 10 titres qui résument bien la programmation et la démarche du Vecteur, ainsi que l’état d’esprit qui anime les gens qui font tourner cette belle machine.
Remy : Mon premier ciné-concert au Vecteur, quand j'étais en stage en 2012. Top duo espagnol programmé avec un film sci-fi de fou furieux, proposé par l'équipe de l'époque, Phase IV de Saul Bass.
Rémy : Clôture de mon stage (encore) en com' en 2012. À l'époque, il y avait Ricky dans ce groupe. Le gars de Swamp Booking avec qui on a chopé quelques perles au Vecteur, dont Il Sogno Del Marinaio. Plateau de bâtard, In Zaire + La Otracina dans la brasserie, un des groupes du batteur américain Adam Kriney… mi homme, mi-reptile, mi-machine.
Rémy : Copains et soirée de rentrée en 2015 avec Mambo et d'autres, c'était marrant !
Romain : Un dimanche de Mai 2012, le lendemain c'était férié. J'avais pris une cuite au rhum chez des potes en France la veille, je suis revenu tout suintant à Charleroi (il faisait genre 30°) et je suis allé chercher des poulets au marché pour le catering du soir. Quand les Spits ont joué, il devait faire approximativement 72° dans le bar.
Romain : Date organisée au et avec le Rockerill (avec Lazer Crystal et DuflanDuflan). Juste pour la guitare clavier et les paroles (ces gens aiment le foot).
Romain : "Papy indien de l'acid house". Redécouvert il y a quelques années, il avait fait une tournée européenne et était passé au Vecteur. Je ne comprenais pas quand il parlait, il avait un gros accent indien. Normal, il était indien.
Camille : Ça faisait des mois qu'on écoutait Grems à balle comme des débiles quand on a eu l'occasion de le faire venir avec Hustla (Grems + Le Jouage). Je me souviens du soundcheck. On bossait dans le bureau, on a entendu résonner les premières notes de « Verre » et on a couru tous les 3 en bas. On aurait dit des gamins ! On essayait de garder une certaine fierté face à lui mais dès qu'on croisait Grems on avait envie de lui ressortir ses punchlines qui étaient déjà rentrées dans notre langage courant. « Ah ouais ouais ouais, bah ouais ».
Camille : La première venue du Wild s'est faite pour le vernissage de « Mouflets », une des expos dont on est les plus fiers. Elle présentait les oeuvres des « gamins » de la Devinière, un centre de psychothérapie institutionnelle à Farciennes (au passage, super docu de Benoit Dervaux à voir sur ce lieu!) Ca a permis d'acter beaucoup de choses du côté du V : notre volonté de mettre en avant la création brute ou outsider, l'envie de penser des projets sur le long terme (1 an de préparation pour cette expo), etc. Le concert du 22.01, c'était l'apothéose : on avait une superbe expo, un super groupe, et les deux qui se rencontrent au moment où Jean-Claude (l'homme fort et peintre de la Devinière) est monté sur scène pour chanter avec le Wild, comme ça, à l'arrache, pas prévu. J'en aurais chialé si j'étais pas aussi occupée à sourire. Le Wild est revenu cette année, en avril pour une résidence et un concert. Ca nous a permis de les connaitre mieux, de passer des vrais cools moments ensemble (les repas notamment) et de leur filer un coup de pouce logistique pour créer de nouveaux morceaux. Les 2 fois, le public était au rendez-vous et il s'est vraiment passé un truc !
Camille : Soirée mythique de bout en bout. Ca commence la veille avec une annonce : le matos de Stephen O'Malley a été perdu à l'aéroport. Si vous êtes un peu familier avec le gaillard, vous vous rendrez vite compte que c'est pas le genre de mec à faire dans le compromis en termes de guitares, pédales et amplis. Le concert est en suspens. Après une journée à remuer ciel et terre et grâce au soutien de plusieurs musicos, on finit par réunir le nécessaire. C'est un putain de miracle et on compte bien en profiter ! Performance de malade, les gens sont assis par terre et se prennent ces déflagrations sonores de plein fouet. Il y a un silence de cathédrale. La soirée se termine avec quelques irréductibles dans le bar alors que Stephen O Malley se fait toucher les cheveux par Monique (figure emblématique) qui est occupée à lui payer des shots. Au bout d'un moment il n'en peut tellement plus qu'il nous demande de servir des shots de coca en faisant croire à du whisky, pour pas se dégonfler. Even beasts need to sleep.
Camille : Bon là du coup ça marche moyen mon histoire de pas faire revenir les mêmes artistes 2 fois mais, les gars, y'a une raison si on le fait ! La première fois qu'on a fait venir NAH c'était pour la 17ème édition de Livresse (une sacrée édition au passage avec une fresque à se taper le cul par terre par Mioshe). Batteur de folie + boucles et samples électroniques + chants hurlés = le live dans ce qu'il a de plus punk, de plus puissant, de plus inattendu et de plus sauvage ! Mike jouait dans le bar, au niveau du public qui l'entourait, au moment où il n'était pas derrière sa batterie il venait se heurter aux gens. Gros échanges de bave et de transpiration mais ça ne dérangeait personne. Au moment où le concert s'est terminé, Mike est resté à genoux par terre, la tête contre le sol et ses mains serrées sur le micro. Il lui a bien fallu 5 minutes avant de se relever. À ce moment là il est redevenu doux comme un agneau. Ce mec est un loup-garou.