AphexLeaks : Top 10

par Simon, le 17 février 2015

Et dire que certains se sont plaints de l’inactivité de Richard D. James ces onze dernières années…En six mois, on a eu non seulement droit à un nouveau LP (qui a divisé la critique, certes) et un EP, tous deux sur Warp Records. Mais ces deux dernières semaines, on a surtout eu droit à ce qui fait l’objet du présent papier : 157 titres inédits envoyés en quatre volées successives (90, puis 10, puis 30, puis de nouveau 10) sur le compte Soundcloud du mystérieux user48736353001. L’histoire débute quand cet inconnu dépose un commentaire sur un des titres du compte officiel d’Aphex Twin (« Would like to know the full setup in the eraly 90’s, similar to you but I didn’t know about you when I di dit ! Im also 43 years old J I’m going to be uploading it to soundcloud soon, gotta dust off the old DAT’s & cassettes! »), commentaire qui en appela un autre de la part du divin roux, assez rare pour comprendre la supercherie : “beautiful stuff, would love to hear more”. Nous y voilà, 157 titres plus tard, à jouer avec de la démo, du titre plus ou moins abouti, des chutes de studio, mais surtout de la perle en pagaille – le tout dans des périodes stylistiques clairement identifiables.

Une sélection longue à mourir (comptez l’équivalent de 10 LP’s) mais qui fait preuve d’une qualité à la constance troublante. Et comme on vous aime beaucoup, on a mis nos spécialistes sur le coup et on vous en a ramené dix qui nous ont particulièrement touchés. Si on était vous, on se dépêcherait de mettre tout ça dans l’iPod parce que, selon le boss du forum de geeks consacré au genre braindance, We Are The Music Maker – celui-là même qui avait été à l’initiative de la campagne KickStarter du Caustic Window l’an passé : « Richard. Is. Just. Getting. Started ». L’occasion, aussi, de célébrer une bonne fois pour toutes l’une des plus belles discographies du genre électronique, modèle de productivité, de longévité et d’inventivité. Pour télécharger la sélection en un clic, rendez-vous sur le lien suivant.

make a baby

Un rappel au Hangable Auto Bulb et au Richard D. James Album qui nous envoie  du roulement à bille léger et de la mélodie à faire pleurer les petits cœurs, le tout sur fond de gamin qui raconte ses couilles avec l’innocence d’une marguerite.  Le moment tendresse de la sélection, horriblement court.

sekonda

Probablement le meilleur titre de la sélection. Coincé entre les structures en apesanteur du Selected Ambient Works 85-92 et le lyrisme pour minots du Richard D. James Album (son drill gratté, aussi), ce titre a bien besoin de ses dix minutes pour construire sa cathédrale. Répétition, minimalisme et, finalement, le rêve éveillé.

bradley echoes

Le titre qui pourrait résumer l’apparente simplicité de l’écriture du rouquin : kick house, ligne de basse presque disco, volutes ambient et cordes en escalier qui joue les zoom/dézoom sur un clavier qui nous tirerait presqu’une larme. Un truc sans complexe, qui avait tout pour être banal dans les mains de quelqu’un d’autre, et qui sonne chaque fois comme une révolution ici.

lush acid

Une simple minute qui nous rappelle que Drukqs était quand même un putain d’album de génie.

organ epic

Entre The Tuss et AFX, on a cette bombe analogique apparemment anodine : mélodie quasi 8-bit qui finira sur le circuit étoile de Mario Kart, double break au piano, borborygmes finaux, le tout monté sur une ligne de basse super funk. Une structure tellement belle et inventive qu’elle en foutrait la gerbe.

red calx [slo]

Enième petit frère de la série « calx », ce titre sort directement de Selected Ambient Works II, le véritable skeud ambient de l’Anglais. Un rappel évident que le travail ambient du Phex demeure un mystère éternel : foutrement minimaliste dans sa résonnance mais plein comme un œuf au niveau de l’émotion et de la densité.

cottage3 e

La ligne de basse de « Smooth Criminal » et les claviers de Drexciya, ce titre rappelle toute la pertinence de The Tuss au rayon des derniers pseudos du roux. Superbe feeling analogique et grosse énergie dans la construction. Presque dansant.

cottage4 af

Claviers post-acid vieillis, simplicité two-step de la batterie analogique, manipulations sonores qui semblent babiller des mots nouveaux. On est ici dans le meilleur d’Analord, et ça fout des frissons. Certains musiciens travaillent toute une vie pour la moitié de ce résultat.

luke vibert - spiral staircase [future music competition][afx remix]

Départ tout en douceur sur de l’acid à la cool, de l’arpège comme s’il en pleuvait, beat hip-hop au groove lointain. Pas grand-chose à dire, sinon que ça en devient presque gênant pour la concurrence.  La Mannschaft en demi-finale de la dernière coupe du monde.

heliosphan live

L’un des plus gros classiques de Selected Ambient Works 85-92 dans une version live qui coupe le souffle. Ou comment prolonger à l’infini ce qui a été fait autrefois. Comme une envie de pleurer sur la mélodie principale. Merci, mon beau.