A la rencontre de Coops, nouveau héros boom bap de la perfide Albion
Autant dire qu’on a développé un amour profond pour les terres anglaises et tout ce dont elles regorgent, notamment dans le milieu rap. Et si l’on s’injecte très souvent du grime en intraveineuse, on ne pourrait pas se passer des à-côtés tout aussi séduisants par leur flegme, leur technicité et leurs accents aiguisés – de la patate chaude aux coups d’épaule en vareuse.
Parmi nos grands dieux, on retrouve l’indétrônable Loyle Carner qui fait d’ailleurs légèrement figure de héros solitaire dans cette tradition hip-hop plutôt marquée par la drum et le garage. On souhaitait donc aujourd’hui rajouter dans ses rangs le nom de Coops, jeune MC du nord de Londres.
À l’approche de certains de ses sons, les premières impressions convoquent un vague souvenir de A Tribe Called Quest, version rosbeef toujours. L’artiste peut d’ailleurs se vanter d’avoir fait la première partie de Nas à l’O2 Arena. Les références classiques et mythiques sont posées. Si elles déterminent une bonne part de sa dynamique créatrice, Coops parvient à s’en détacher par touches, sur chaque morceau, comme d’une goûte de peinture diluée dans un verre d’eau – ou de gin.
Toujours calmes et posées, ses productions comme son flow s’accordent dans une attitude classieuse, jamais trop boom bap, jamais trop mellow ou smooth. Les excès des uns et des autres ont souvent tendance à lasser ou à s’unir sur une tonalité trop rectiligne – oui, Isaiah Rashad, on en profite pour te saluer. En plus de trouver le juste milieu, Coops n’oublie pas son héritage soul. Un mélange déjà rencontré jusqu’ici, ou encore peu surprenant. Reste à se plonger dans cette diction britannique et cette nonchalance typique que les ricains tentent d’égaler sans jamais faire infuser correctement leur sachet de thé. Une pause naturelle. Une pause dans les gènes.
Auparavant signé sur Deadicated, Coops vient de passer chez High Focus Records avec un nouveau morceau davantage teinté par les influences jazz comme l’annonce son titre « That Jazz » (clin d'oeil à Mick Jenkins ?). On attend la suite – en espérant peut-être une approche fine du grime – avec une flopée de bonnes galettes à se mettre sous la dent pour le tea time.