100.000 vinyles neufs dormaient dans une cave, un disquaire les a ressuscités
Le métier de disquaire est fait de hauts et de bas. Tous les jours sur le pont dans sa petite échoppe pour vendre un objet hors du temps, le disquaire souffre face à la concurrence du tout dématérialisé, de la vente en ligne et de l'accès gratuit à la musique. Autrement dit, Spotify et Amazon figurent en bonne place dans la liste de ses cauchemars. Heureusement, le vinyle revient en grâce peut-on lire partout. C'est vrai mais il reste l'apanage d'une minorité, un marché de niche.
Le plaisir (et son salaire) en ces temps difficiles, le disquaire le trouve donc dans la satisfaction d'un improbable besoin d'authenticité chez sa clientèle. Qu'il soit vieux briscard, quarantenaire nostalgique, audiophile averti, jeune rockeur acnéique ou simplement hipster surfant sur la tendance, le mélomane veut goûter la musique dans son jus avec son vieux tourne-disque et savourer chaque crépitement. C'est l'essence même de ce métier, satisfaire cette demande en dénichant les perles rares et les indémodables best-sellers tout en suivant l'actualité pour remplir les rayons de nouveautés qui seront peut être les classiques de demain.
Et parfois, un miracle vient bouleverser ce quotidien. C'est ce qui est arrivé à un jeune sexagénaire, Rob Sheeley. Heureux propriétaire d'un magasin de disques dans le Minnesota, Mill City Sound, Rob se rend en janvier dernier au Texas où il est invité à venir voir une collection de disques. S'il fait le long déplacement, c'est qu'il sent la bonne affaire puisqu'il s'agit de l'ancien stock d'un magasin fermé en 1984 et qui dort depuis dans une cave à l'abri de la chaleur et de la lumière. Arrivé sur place, Rob tremble et se fait dessus : il a devant lui une montagne de 100.000 disques neufs sous cellophane d'origine. Oui, neufs ! Un sacré Graal ! Zappa, Springsteen, James Brown, Prince, tous ces disques qu'on trouve aujourd'hui moisis, gondolés, rayés, les tranches lâchement attaquées par les griffes du chat de mémé ou simplement usés par les écoutes successives sont là devant lui immaculés dans leur écrin originel.
Cinq minutes et 100.000 dollars plus tard, l'affaire est conclue et Rob peut se dire qu'il a fait une sacrée belle affaire. À 1 dollar le disque, il s'en sort bien le bougre. Bon c'est vrai, il lui faudra quand même les ramener à la maison, leur trouver une place en rayon, stocker le reste et surtout... les vendre. Mais c'est aussi ça son métier. Courage, tiens bon Rob !