Poni Hoax
Poni Hoax est sans aucun doute le groupe français le plus excitant de notre époque. Après deux albums signés sur Tigersushi, la bande à Nicolas Ker s'apprête à sortir une troisième plaque sur une nouvelle structure. Avant cela, elle a pris le soin de nous balancer un single orienté club sur Abracada. Cette petite bombe s'appelle "We Are The Bankers" et est une jolie tuerie électro-rock comme les Parisiens savent nous en concocter. L'occasion pour Goûte mes disques, avant le rush médiatique qui risque de s'abattre sur la formation, de poser quelques questions sur l'actualité du groupe à Laurent Bardainne, compositeur et claviériste.
GMD : Pouvez-vous nous expliquer comment l'histoire de Poni Hoax a commencé ?
Laurent Bardainne : Le 11 septembre 2001, les tours s'effondrent avant l'apéro. Après l'apéro, je décide de monter un groupe. Ça s'appelait Le Crépuscule. Une sorte de rock prog très sombre avec déjà la plupart des membres de Poni. En 2005, Tigersushi nous fait une proposition de signature et la chanteuse nous lâche. On passe donc une petite annonce sur le site de Tigersushi et je reçois une cassette et une petite lettre de Nicolas Ker, que j'ai d'ailleurs gardée. On était voisins depuis 5 ans sans se connaître... Entre temps, on a sorti un maxi, "Budapest", avec Olga Kouklaki à la voix. Après, avec Nicolas, on avait enfin le groupe au complet.
GMD : Vous venez de quitter Tigersushi et de sortir un titre (We are the Bankers) sur Abracada, le label de Dirk De Ruyck (d'Eskimo Recording) et Manu Baron (du Social Club). Quelles ont été vos motivations dans ce changement de label ? Poni Hoax faisait pourtant partie intégrante de l'ADN Tigersushi ?
Laurent Bardainne : C’est comme les histoires de couples, il faut savoir se séparer. On avait besoin de passer à autre chose. Abracada, c'est juste un one shot club par affinité avec Manu Baron. Ils sont vraiment orientés maxi/dance floor et ce titre a été fait dans cette optique.
GMD : Un album sortira dans la foulée, on parle de fin 2010. L'album sortira sur Abracada ?
Laurent Bardainne : Non, sur un autre label mais je ne peux pas encore en parler…
GMD : Depuis combien de temps préparez-vous cet album ?
Laurent Bardainne : On a débuté l'écriture il y a au moins deux ans. En gros, on le prépare depuis la sortie de Images of Sigrid.
GMD : Comment se passe l'enregistrement ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? La production est toujours confiée à Frédéric Soulard et à Joakim ?
Laurent Bardainne : Frédéric Soulard évidemment ! En ce moment, on fait également un titre avec Renaud Letang, qui nous a invités dans son studio à Ferber.
GMD : Vous venez de faire une mini-tournée nommée "warm up tour", avec quelques dates françaises; L'occasion de se chauffer avant la véritable tournée qui suivra la sortie de l'album ? Comment se sont passées les retrouvailles avec votre public ?
Laurent Bardainne : Ça s'est très bien passé ! Le public est plus nombreux avec le temps et les gens connaissent vraiment les morceaux! C'est très étonnant. On a eu un grand moment d'émotion à Bucarest car les organisateurs nous avaient demandé de chanter "Bucarest" à la place de "Budapest" et le public a hurlé. C’était magnifique !
GMD : Quelles ont été les influences pour l'enregistrement des nouveaux morceaux ?
Laurent Bardainne : C’est toujours pareil : tout et n'importe quoi ! Peut-être un peu plus de soul…
GMD : On a entendu dire que les textes du nouveau disque étaient notamment influencés par le thème de la guerre. Peux-tu nous en dire plus?
Laurent Bardainne : C'est vrai. La première salve de morceaux parlait de la guerre. Nicolas a grandi au Cambodge, au pire moment. Il a failli y passer, il avait besoin d'en parler. Mais après on a continué sur d'autres titres sans thématique.
GMD : Parlons un peu de vos influences plus générales. Quelles ont été vos premières claques musicales? Vos premiers albums cultes? Les labels qui t'ont influencé?
Laurent Bardainne : On a tous des goûts très différents. Moi, c'est Coltrane avant tout. Les autres, dans le désordre, ça donnerait : le Velvet Underground, David Bowie, le Parliament Funkadelic, les Doors et Daft Punk.
GMD : Et dans la manière de gérer votre image, quels artistes vous ont influencés? Vous êtes souvent considérés comme un des meilleurs groupes français, culte pour le petit milieu des branchés parisiens?
Laurent Bardainne : On ne gère rien malheureusement. On met un temps fou pour mettre en place un clip ou une séance photo… on est complètement nuls question image ! Mais merci pour le compliment !
GMD : Quel regard portes-tu sur la scène rock française actuelle ? On a l'impression que Poni Hoax a plus de points communs avec la culture anglophone ou le surréalisme belge qu'avec une certaine façon de voir la musique à la française?
Laurent Bardainne : Il y a un problème historique en France avec la musique. Il y a cette sombre tradition qui veut que la musique serve un texte, une histoire. C’est de l'illustration sonore. Si le texte dit: « je suis un chat », il faut faire « miaou miaou » en musique ! Ça va, on est plus en maternelle ! Nous, on ne fait pas ça… et c'est dur et long de trouver sa place. Mais c'est en train de changer, regarde le succès de Pony Pony Run Run, c'est très bon pour tous les groupes qui chantent en anglais !
GMD : Que pensez-vous de l'évolution de la musique, les nouvelles façons de la consommer et de la culture internet qui prend de plus en plus d'importance ?
Laurent Bardainne : Dans le métro, tout le monde a un iPod. Les gens adorent écouter de la musique. Comme elle est gratuite, je comprends qu'en temps de crise, avoir le geste citoyen de vouloir payer alors qu'en deux clics on a tout gratos, ca ne marche pas... Comment ça va finir tout ça ?
GMD : Comment voyez-vous Poni Hoax dans dix ans ? Un groupe de génies nonchalants, de dandy musiciens profitant de la vie d'artiste pour vivre dans la débauche et la luxure?
Laurent Bardainne : Si on est encore vivant, oui. A courir après des couguars et des ladyboys.
GMD : Pour terminer, pouvez-vous nous donner votre playlist du moment ou plutôt ce qui tournait pendant l'enregistrement du disque, les quinze tracks qui ne vous ont pas quitté ?
Laurent Bardainne : Comme beaucoup de musiciens je crois, on n’écoute pas beaucoup de musique. Vaguement, je dirais MGMT pour Vincent, le batteur, du dubstep pour Nicolas, le guitariste, Janelle Monáe pour Nicolas Ker, Blur pour moi et l'intégrale de Wagner pour Arnaud.