Girls In Hawaii
Quatre ans après From Here To There, un premier album acclamé par la critique, les Girls In Hawaii signent enfin leur grand retour discographique avec ce Plan Your Escape inespéré. Car si ce nouvel album donne un second souffle à l’univers bucolique des Brabançons, il ne masque en rien une genèse plus que douloureuse, une route longue et sinueuse. Pour aujourd’hui entrevoir cette échappée. Et diable, qu'elle est belle !
GMD : Après le succès de From Here To There, j’imagine que ce fut difficile de se remettre au travail ?
Antoine : Après avoir tourné pendant près d’un an et demi, je pense qu’on était devenu l’objet-mode wallon. Même dans nos familles, on n’arrivait plus se sentir à l’aise. Quand tu as entre douze et seize ans, tu te positionnes en écoutant Nirvana, les Pixies,… des groupes qui t’isolent et t’identifient bien en tant qu’individu, qui te créent une personnalité. À côté de ça, quand on a fait notre premier album, tout le monde l’aimait bien, même la cousine qui écoute Patrick Fiori. C’est à la fois marrant et extrêmement bizarre. A force de jouer non-stop pendant deux ans, il y a simplement un moment où le nom Girls In Hawaii, voire son image, a commencé à nous irriter nous-mêmes. On devait bien imaginer que cela devait agacer pas mal de gens. On n’arrivait donc plus à assumer le premier album ou le groupe. Il commençait à nous taper sur le système même si on trouvait From Here To There réussi. Il y avait juste une accumulation. Pour le suivant, on a eu énormément de mal à s’y mettre parce qu’on ne savait plus ce qu’on voulait faire. On savait fondamentalement qu’on ne voulait pas faire une copie de notre premier album. Le chemin entre les deux a été vraiment long. Je pense qu’il y avait un ras-le-bol de la thématique du groupe. On avait envie de se renouveler complètement. Et à la limite, on n’a pas eu peur de paumer pas mal de gens en route parce qu’on a pris notre temps. On aimerait pouvoir développer le truc de manière plus indé dans certains pays (Allemagne, Espagne, Italie) et y tourner… et en Belgique quitter un peu l’effet Wallon à la mode.
GMD : En effet, cela doit être difficile de gérer cette sorte d’unanimité qui règne en Wallonie…
Antoine : En Belgique, c’est plaisant d’avoir des mecs que tu aimes vraiment bien qui viennent te dire qu’ils aiment l’une ou l’autre chanson. Mais que ce ne soit pas l’espèce de raz-de-marée où ton cousin qui écoute du R’N’B vient te dire qu’il aime bien. Il y a peut-être un message subliminal super naïf qui a fait que tout le monde a apprécié le premier. En tout cas, ce n’était pas toujours très amusant à vivre sur la longueur.
Lionel : Il y a un décalage avec le fait qu’on se considère toujours comme un petit groupe de bricoleurs. On n’a jamais eu envie, pour le deuxième disque, d’aller dans un gros studio et de faire un gros son. Celui-ci, on l’a fait également avec des bouts de ficelle, même si on était accompagné par Jean Lamoot.
GMD : Est-ce que le semi-échec du festival de Dour l’an dernier vous a freiné dans l’élaboration de Plan Your Escape ?
Lionel : C’était important pour nous de faire cette date. Il fallait nous frotter à quelque chose de difficile. C’était une prise de risque qui en valait la peine. Elle nous permettait de nous sonder, de voir notre envie et notre ressenti à jouer devant des gens. Même s’il ne s’est rien passé, cela a été hyper positif après coup. Comme toutes les dates que l’on a fait depuis…
Antoine : À Dour, c’est un relatif échec parce qu’on s’est frotté à un truc un peu trop casse-gueule. Après trois ans d’absence, on revenait en festival dans les pires conditions qui soient. Pour notre équipe technique, c’était également le premier concert avec Girls sur les nouveaux morceaux. C’était trop ambitieux que de faire ça, il fallait qu’on soit rodé pour faire une bonne prestation. On a tellement été stressé et pris au dépourvu par rapport à cela que le concert n’a jamais démarré. Quand il s’est fini, on a réalisé qu’on ne s’était pas amusé. Après y avoir réfléchi en groupe, on a assumé que ce choix était risqué et qu’on s’était bien planté. C’était le grand retour. En fait, il a pas mal fait retomber la pression pour toutes les dates qui ont suivi. A Paris et à Ferrières, on est arrivé très détendu et c’était des très chouettes concerts.
Lionel : Jouer à Dour, c’était une bonne façon de casser l’attente.
Antoine : On avait vraiment envie de livrer la moitié de l’album en présentation. Mais dans des conditions de festival, ce n’est pas évident pour les gens de découvrir de nouveaux morceaux. En même temps, il était hors de question de rejouer From Here To There du début à la fin. La perspective était intéressante, après le résultat est ce qu’il est. On l’a assumé en tant que tel.
GMD : Avez-vous envisagé l’espace d’un instant d’annuler le concert de Dour ?
Antoine : On a décidé de ne pas annuler Dour parce que cela aurait été mal perçu. Mais effectivement, cette date a pas mal compliqué les choses. Les gens ne le percevaient pas mais, pour nous, c’était la crise. On n’avançait pas bien dans l’album, on avait reculé sa sortie mais plutôt que d’y travailler encore, on a commencé à répéter pendant un mois pour Dour. Il fallait préparer les nouveaux morceaux qui n’étaient pas finis pour le live. Aujourd’hui, on se retrouve avec tout ce travail en amont qui va nous servir pour la suite. A Dour, on était fébriles alors qu’ici on arrive avec davantage de confiance en nous.
GMD : Et pour l’album, comment est-ce que cela s’est passé ?
Antoine : Pour l’enregistrement, il y a eu 3 semaines en janvier de l’année dernière 3 semaines en août. Entre-temps, il y a eu tout un travail de pré-prod et de maquettage. Quant au mix, il a eu lieu en octobre. Normalement, les deux sessions devaient se suivre beaucoup plus, la deuxième devant avoir déjà lieu en avril et le mixage en mai pour une sortie d’album programmée en septembre. C’était le plan parfait sur papier concocté par notre manager. Il a volé dans le fossé parce qu’en avril on n’avait rien, si ce n’est la session de janvier. Entre-temps, on s’était reposé tout en essayant quelques bribes de trucs. Mais on n’allait pas enchaîner avec 3 semaines de sessions. On a donc été obligé de tout postposer après d’interminables discussions. C’est là qu’on s’est rendu compte de la pression et de l’ampleur du truc. Dans notre position, ce n’est pas si important que ça mais les gens qui travaillent dessus sont vite à te dire que cela ne doit pas être reculé.
GMD : Au final donc, le label s’est montré plutôt souple ?
Antoine : Ouais,… Sur ce coup-là, ils ont vraiment essayé de nous convaincre de foncer. On y a réfléchi en groupe et on s’est dit qu’il en était hors de question. Tout le plan que notre manager avait imaginé depuis un an tombait par terre. Un Cirque Royal (salle bruxelloise d’une capacité de 2.000 places) était calé en septembre-octobre mais a du être postposé. On a seulement gardé la Cigale qui était également prévue. Sans sortie d’album, le booking en France pensait que ça ne se remplirait jamais. On a décidé de maintenir la date car il y avait déjà près de 200 préventes début juin. Au final, c’est vrai qu’ils ont été patients. Cela a mis longtemps à démarrer et à se construire. C’est juste qu’une fois que cela a enfin démarré, qu’ils ont eu 5-6 morceaux et qu’ils entrevoyaient l’album, ils ont fait en une demi-heure un rétro-planning : « si à la date d’aujourd’hui, on a 6 morceaux, dans deux mois il y en aura 8, dans 4 mois il y en aura 12,…» Après, le moindre grain de sable dans leur machine imaginaire fait que tout est tombé par terre. Il n’y avait aucune marge de sécurité. Et puis, on est un peu des foireux. Si on sent qu’on n’a pas une bonne aura, on est du genre à se dire qu’elle viendra.
Lionel : Je crois que ça nous rassure de casser leurs plans une fois de temps en temps… De se sentir un peu libre par rapport à notre projet.
GMD : Et la rencontre avec Jean Lamoot, comment s’est-elle déroulée ?
Antoine : On l’a rencontré en juin 2006 à Bruxelles. On lui avait envoyé le premier album pour voir si ça l’intéressait de travailler avec nous. Il faisait partie du premier choix de producteurs. Il a été très vite emballé. Cela nous a étonné. Il est venu une après-midi à Bruxelles pour nous rencontrer. On est allé au Parc de la Woluwe, près de notre local, fumer des clopes et parler avec lui. On lui a expliqué qu’on aimait bien enregistrer dans des baraques. Il trouvait ça une chouette idée. Directement, le contact est super bien passé. On est sorti de cette journée en se disant que c’était un signe du ciel et qu’il fallait tracer avec lui. Chaque chose dont on parlait le bottait, on était simplement sur la même longueur d’ondes. Après, on ne savait pas savoir comment cela allait se passer en séance de travail ou de production. On n’a pas décidé de faire un ou deux morceaux en test. On a décidé que ce serait lui. Il fallait faire confiance aux signes extérieurs…
Lionel : C’était une volonté d’ouverture que de ne pas réenregistrer cela tout seul. On avait besoin de se frotter à quelqu’un d’extérieur.
GMD : Au niveau du boulot proprement dit, comment est-ce que cela s’est passé ?
Antoine : On est reparti pour beaucoup de morceaux de pré-prods qu’on avait fait à notre manière, sans lui. Lui, il a mis les choses en perspective et a rajouté l’une ou l’autre idée. Dans sa façon de mixer, il a amené un équilibre différent de ce qu’on aurait fait nous-mêmes.
Lionel : On a vécu six semaines avec lui, dans la même maison. Cela faisait très colonie de vacances. Le soir, on discutait en fumant des clopes et en buvant un coup. Il écoutait toujours silencieusement. Tu sentais qu’il emmagasinait, qu’il était dans le travail de l’ombre. Il n’a jamais été trop intrusif.
Antoine : On lui a souvent dit les choses auxquelles on tenait absolument. Sur 2-3 morceaux, il a senti les grands espaces où il pouvait prendre sa place. Sur d’autres, il proposait juste de mettre en forme ce qu’on faisait. Il y avait vraiment différentes façons de travailler.
Lionel : Il s’est fort investi, il a vraiment fait un solide boulot.
GMD : Pour Plan Your Escape, vous avez donc réinvesti des baraques. Qu’est-ce que cela vous apporte par rapport à un studio traditionnel ?
Antoine : Le fait d’enregistrer dans des maisons change complètement du studio. On peut facilement aller deux fois trois semaines dans une baraque. Bien sûr, il faut louer du matos pour y faire un studio mais cela revient moins cher qu’un studio. En plus, ça ne sonne pas pareil. Il y a mille pièces différentes, tu peux y faire ce que tu veux. Jean a repris ce trip-là, c’est-à-dire le fait de s’isoler en Ardenne pendant 3 semaines, et on a vécu en communauté. Je pense qu’il a vraiment rendu crédible la démarche des maisons. Sur le premier album, l’ambiance des maisons n’était pas très bien rendue. C’était cool d’y enregistrer mais on ne les utilisait pas bien. Lui, il a vraiment une manière d’être vraiment sensible à l’acoustique des pièces et il multiplie les micros dans tous les sens. Il a mené sa voie par rapport à nos goûts pour les maisons pour rendre tout cela bien plus intéressant. En plus, il s’est super bien amusé.
Lionel : Et puis, c’était marrant parce que le pop-rock anglophone est un style de musique où il n’a pas trop ses habitudes.
Antoine : Il était plutôt dans la musique malienne ou dans la musique orchestrée. Quant à Noir Désir, c’est sans doute le projet où il s’est le moins impliqué dans le sens où il n’a fait que la moitié de l’album Des Visages, Des Figures. C’était l’une de ses premières expériences avec ce genre de groupe. Le moment l’a marqué mais ce n’est pas la chose qu’il mettrait le plus en avant. Au contraire des disques de Salif Keita, de Bashung ou de Dominique A. Jean est un mec qui a une sensibilité de musique extraordinaire. Il vit vraiment ce qu’il enregistre. La démarche qu’il a eue avec Salif Keita est démente. Avant que Jean ne travaille avec ce dernier, il s’agissait d’un projet de musique africaine enregistré à l’européenne. Jean a accepté de la faire à une condition : enregistrer là-bas avec seulement des instruments africains. Jean est donc celui qui a fait que Salif Keita est redevenu musique du monde, mais pas dans le sens world music.
GMD : Quelle est la logique du visuel de Plan Your Escape ? Avec cette tête de cerf mort ?
Antoine : Cela fonctionne comme une suite d’images. Celle qu’on a extraite pour la pochette est la plus zoomée, la plus cadrée. Il s’agit d’un détail bizarre, quoique très signifiant. Ensuite, tout le reste dévie vers des photos de forêts, où le lien est net avec le premier en fait. Les teintes sont beaucoup plus tristes et décalées que les paysages tout verts du premier. Mais cela reste dans la thématique. Il y a juste ce cerf qui, en tant que premier round d’approche, tranche avec le reste.
GMD : Au visuel, on retrouve donc Oli, le photographe attitré du groupe ?
Antoine : Oli avait commencé à travailler sur le thème de Plan Your Escape, le nom de l’album qu’on avait déjà trouvé voici un an. Il comptait faire 100, 200, 300 photos parce que le thème l’inspirait vraiment. On devait encore décider si ça nous intéressait d’encore travailler avec lui, si ça nous donnait encore des idées. On avait clairement peur de retourner au deuxième album avec un paysage, avec un truc trop référencé au premier tandis que, musicalement, le but était d’être en rupture. On voulait marquer ça aussi au niveau visuel. On se demandait comment Oli atteindrait cet objectif. Quand on a vu toutes ses photos, même s’il y avait des choses plus tristes, plus brumeuses, plus froides, on retrouvait pas mal de paysages. Puis, on est tombé sur cette photo, cette image de cerf. On s’est demandé où il avait pris ce truc. On adore tous cette photo pour ce qu’elle représente. C’est une mort majestueuse, pas une mort triste. C’est ce magnifique cerf qui se couche, comme s’il avait envie de passer à une autre étape. Pour nous, par rapport à l’ambiance de l’album, à l’écriture, à nos vies, au passage du premier au deuxième, à la difficulté et à la recherche de choses esthétiques sur fond un peu triste, il y avait pleins de ponts. Cette photo nous est donc apparue à tous comme une évidence absolue. Il y aura pas mal de gens qui n’y comprendront rien parce que cela a un rapport personnel avec notre propre histoire. Notre label en France n’était pas très chaud, même pas du tout quant à la photo. Il disait qu’elle n’était pas attirante, que nos paysages étaient plus poétiques,… Moi, j’adore. Cette photo me fait penser au Dormeur du Val de Rimbaud, où l’on se rend compte à la dernière minute qu’il s’agit d’un soldat mort avec deux trous au flanc. L’analogie est forte avec ce cerf. J’étais vraiment dans le doute, quand le label nous a dit que cela n’allait pas du tout et qu’il fallait changer. Après réflexion en groupe, on s’est tous dit que c’était important que ce soit ce symbole-là. Tant mieux si beaucoup de gens ne comprennent pas les codes, cela en fera un objet plus intrigant, plus décalé, plus bizarre. Il ne s’agit pas bêtement de se retrouver devant un paysage qu’on pourrait éditer dans les calendriers de la Région wallonne. Oli a pris cette photo en accompagnant son beau-père à la chasse. Il l’a accompagné pour lui faire plaisir vu qu’il n’aime pas la chasse. En fait, c’est une pochette qui pose pas mal de questions, qui dérange les gens… Il y a des gens qui l’adorent, qui y voient une grandeur décadente, puis les commerciaux de labels qui ont l’impression qu’on leur mine leur boulot. Ils doivent aussi se présenter avec l’album devant le responsable achat de la Fnac…
Lionel : Quand un mec te dit que la photo n’est pas terrible puis qu’il l’a met loin pour voir si, dans les bacs, elle se voit bien, tu as vite compris. C’est bon, on s’en fout… C’est quoi cet argument ?
Antoine : Le premier, il s’agissait de naïveté mélancolique, de tirer toute la quintessence des souvenirs d’adolescents, de la beauté des paysages où l’on a traîné, glandé, fait des feux, bu des coups. Je pense que le code de ce nouvel album est différent voire beaucoup plus noir et dévié. Il a une autre symbolique, pas forcément déprimée mais plus profonde. Cela nous plaît qu’il ne soit pas simplement beau visuellement. L’image est plus interrogative, plus étrange,… Les gens l’assumeront moins facilement tout comme elle ne fera pas l’unanimité. Elle renvoie à un grand nombre de questionnements, comme la mort par exemple.
GMD : On vous a donc conseillé de changer le visuel de la pochette ?
Antoine : Chez Naïve, ils nous ont dit très honnêtement qu’ils adoraient l’album mais qu’il n’y avait aucun single dessus. Dès lors, on n’ira pas en grosse radio, il sera promotionné différemment,… Mais après réflexion, c’est le cas pour tous les groupes qu’on écoute. Cela ne nous pose pas vraiment de problèmes. Ainsi, cela signifie également que pour les clips, on n’est pas attachés au code du lipping,… Ce sont des limites à la créativité. De base, on ne joue pas trop cette carte-là.
GMD : Et pour le premier clip, il paraît que vous prendrez une direction fort différente ?
Antoine : Les gars de Moriarty vont faire un clip en animation, fort différent de ce qu’on fait habituellement. Sur cet album, on a gardé notre collaboration avec Oli pour la pochette et pour les projections live de la tournée, qui sont beaucoup plus conséquentes que pour le premier. Là, il y a vraiment une réflexion sur ce qu’on a envie de montrer. Par contre, on n’avait pas toujours envie de rester dans nos codes. Ainsi pour le clip, l’envie était de se faire totalement relire par quelqu’un, d’être surpris nous-mêmes, de proposer un clip en animation. On ne sait pas trop à quoi s’attendre.
GMD : Pour From Here To There, vous avez fait quelques dates aux Etats-Unis. Est-ce que vous comptez véritablement travailler ce nouvel album là-bas ?
Lionel : On n’a pas de rêve anglo-saxon ou américain. On n’a pas l’ambition de casser la baraque. Mais bon, c’est cool d’aller jouer aux Etats-Unis. Cela te fait vraiment mûrir. Cependant, on ne va pas mettre tout notre temps et toute notre énergie a tourner un an là-bas vu que c’est le seul moyen d’y réussir. On nous a même proposé d’aller y vivre pour pouvoir développer le truc à fond. Mais ce n’est pas un but, ce n’est pas synonyme de grande crédibilité ou de réussite que d’aller aux Etats-Unis.