Antidawn
Burial
L’annonce d’un nouvel EP sans même un extrait à se mettre sous la dent avait beau nous avoir mis la puce à l’oreille, on y a encore un peu cru avant de lancer l’écoute d’Antidawn. Encore et toujours, malgré tout le mal qu’a pu nous causer Burial ces dernières années. Depuis la sortie de Rival Dealer, toute sa musique semble en effet se résumer à des craquements de vinyle et à un art prononcé de l’arnaque, à peine interrompu par ce qui ressemble à des chutes de studio ("Rodent","Claustro"). Mais l’album éponyme et Untrue faisant intégralement partie de nous, on était à nouveau prêts à l’accepter dans nos vies.
Ce n’est qu’à ce moment qu’on a compris pourquoi Hyperdub n’avait pas jugé nécessaire de fournir un extrait de l’album. Tout simplement parce qu'il est absolument vide et bat des records en matière de stérilité, alors que l’on parle tout de même de William Bevan, l’homme de "Subtemple". Antidawn abaisse encore son ambition et pourrait se résumer à « craquements de disques + voix qui apparait 5 secondes + nappes entendues et ré-entendues », le tout arrivant de manière aléatoire, sans aucune logique. Un EP qui réduit l’œuvre de l'Anglais à un squelette de ce qu’était sa musique, désormais une ombre sans but, qui erre sans même parvenir à nous hanter.
Il est hallucinant de voir que certain·e·s osent comparer ce disque aux œuvres de Boards of Canada et The Caretaker, à croire qu'il suffirait de mettre des samples ensemble pour jouer dans la même cour. Car ces deux entités ont quelque chose que Burial ne semble plus avoir aujourd’hui : cette capacité de narration qui lui fait cruellement défaut sur ses récentes sorties. Des disques qu’on ne peut même pas accuser de se perdre en chemin, tant ils ne semblent pas vouloir en tracer un, se contentant de fonctionner de manière hasardeuse, se disant que peut-être, à un moment, tout cela finira par ressembler à quelque chose. Le dernier morceau (et aussi le plus court du disque) arrive à peine à remonter la pente sur sa première partie, avant de sombrer à nouveau dans l’incohérence qui semble de mise depuis 2013. Osons le dire : s’il n’était pas indiqué Burial sur la couverture, personne ne parlerait de cette sortie, en bien comme en mal. Il faut désormais se rendre à l’évidence, il n’a désormais absolument plus rien à nous apporter.
Adieu Will, et merci pour tout.