Meskerem Mees
En regardant la carte rapidement, on y voit un seul pays. Mais en zoomant bien, il y a cette fine ligne qui dessine une frontière. On peut prétendre qu'elle n'existe pas, que la Belgique est unie (et c'est vrai pour de nombreux aspects) mais d'un point de vue culturel et plus particulièrement musical, la frontière linguistique belge semble dessiner une Belgique à deux visages. Cette absurde réalité impacte directement les artistes qui ne pensent pas leur création en terme de frontières mais se retrouvent vite coincés dans un système de diffusion avec une langue qui n'est pas celle de l'autre moitié du pays. Bien entendu, le problème n'est pas nouveau mais il est d'autant plus désolant lorsqu'il prive le public de découvertes telle que Meskerem Mees. Comment expliquer que la folk douce et captivante de Meskerem Mees séduise le nord de la Belgique, qu'elle soit promue par la BBC lorsqu'elle se produit à au festival Eurosonic, alors que la moitié sud du pays ignore tout bonnement son existence ? Heureusement pour nous, Internet a depuis longtemps supprimé les frontières. Il y a quelque chose d'apaisant dans la musique de Mees. Une ambiance acoustique fragile, intelligemment balancée entre la mélancolie et le fraicheur. Rapidement, on est captivé par la voix pure et calme de la chanteuse, les arrangements guitare/violoncelle dessinent des paysages loin de ceux du plat pays. Il suffit de se plonger dans "Joe" ou "Season Shift", issu de son premier album Julius, pour se rendre compte de la profondeur du songwriting de Meskerem Mees et de la justesse de sa folk. (Quentin)