Kneecap
Il y a, dès les premières minutes, cette scène qui marque les esprits : Michael Fassbender, dans une clairière, baptisant son fils, avant qu’un hélicoptère ne fasse son apparition dans le ciel, et que le père contestataire, bébé sous le bras, ne brandisse un majeur hargneux vers les force de l’ordre. Puis, quelques instants plus tard, quelques notes, de basse, puis une voix racoleuse, vulgaire, méchante et triste à la fois, ou plutôt, totalement désabusée. Tout Kneecap est là : rejet, violence, et rap crade.
C’est l’histoire d’un destin, d’une association qui n’aurait pas dû être, qui amène un professeur de Belfast a rencontrer un groupe de hip hop pas comme les autres. Rappant dans leur irlandais natal, ils mènent un mouvement pour sauver leur langue maternelle et s'opposer à l'occupation britannique. Kneecap, le film, raconte cela, mais Kneecap, le duo, le chante. Car ici, tout est vrai (le groupe existe vraiment), et tout est faux. C’est du cinéma, dès lors, inutile de chercher la moindre réponse sur grand écran, car elle se cache peut-être bien dans les textes : qui sont ses deux loubards ? Que veulent-ils ?
Avec leurs textes en anglais et en irlandais, qui mêlent humour (souvent sous la ceinture, rarement très loin de la bite), dérision (partout, tout le temps), sarcasmes et slogans pour une vie meilleure, les jeunes rappeurs de Kneecap n’ont pas manqué dès leurs débuts de faire du bruit, beaucoup de bruit, allant jusqu’à donner le tournis à la grande ville de Londres, ses politiques, ses élites, qui ne voyaient pas d’un bon œil (on se doute que c’est toujours le cas) l’ascension fulgurante de branleurs remettant en cause l’Union d’un Royaume. (Nico Prat)