Dossier

Television Rules The Nation #21

par la rédaction, le 20 juillet 2023

Chaque numéro de Television Rules The Nation, ce sont cinq suggestions, qu'il s'agisse de films, de séries ou de documentaires. Et à chaque fois, un lien avec la musique, mais pas forcément avec l'actualité, le dossier se voulant d'abord être alimenté par la seule envie de partager des contenus de qualité.

The Fence

Une comédie décapante, quelque part entre les premiers Guy Ritchie et le cinéma de Shane Meadows. Motos, coups de poing et musique pop ! Situé dans les rues de Bristol au Royaume-Uni dans les années 1980, The Fence suit un ado d'un HLM parti régler ses comptes avec des truands locaux qui lui ont chourré sa mob ! On y croise quantité de personnages drôles, étranges, débiles ou tout simplement fous. C’est Arnaque, Ploucs et Mobylette en somme ! The Fence, c’est un humour typiquement british, une vraie fable sociale, une bande originale délicieusement rétro… C’est aussi la révélation d’un futur grand, David Perkins, gueule d’ange et charisme de fou. Bref, The Fence, petite pépite indépendante, est le merveilleux mélange de bouffonnerie et de grands tubes pop (la bande originale est évidemment disponible, c’est l’un des atouts majeurs du film), de charme et de tendresse, de violence et d’humour. Guettez-le quand il arrive chez vous. (Nico P.)

Born To Be Blue

Le trompettiste de Jazz Chet Baker est une star. Il rencontre une bien jolie partenaire. L'ennui c'est qu'il aime trop la poudre et de mauvaises fréquentations. Quand il se fait passer violemment à tabac, sa vie bascule. Les mâchoires brisées, comment jouer de la trompette ? Heureusement grâce à l'amour de sa nouvelle muse il va trouver le chemin de la rédemption et de la note bleue... Ethan Hawke est ici sublime en musicien en perte de repère. Surtout, le film a le bon goût de ne jamais sombrer dans le sensationnalisme. Ici, on suit un artiste cherchant réellement à s’en sortir. Ici, on suit un musicien cherchant sincèrement un peu de paix dans sa vie. Point de glamour à se shooter, point d’envie de monter sur scène ivre mort. Si Chet Baker est apparu au cinéma, qu’il a composé des musiques de film et inspiré des documentaires, c’est la première fois qu’il apparaît au cinéma sous les traits d’un acteur. Mieux : l’un des plus grands de sa génération, qu’on le dise enfin. (Nico P.)

Flux Gourmet

Un collectif d'artistes s'installe dans un centre consacré à la gastronomie et aux performances culinaires. La dynamique du groupe connaît des rivalités internes. En plus de ces tensions, et tout en consignant les actions du collectif, le "dossierge" du centre connaît des troubles gastriques de plus en plus conséquents. Les différences créatives mènent à la guerre. On vous prévient, il va être question de pets, de gaz, en somme, de prouts. Mais pas seulement, car Flux Gourmet est un film qui parle aussi bien de musique, de nourriture que d’expérimentations. Dans le film, Stones, un journaliste, suit la résidence de trois artistes qui mêlent musiques et nourritures. Lors de leurs prestations, ce trio, qui n'arrive pas à choisir de nom de scène, se prête à des expérimentations extrêmes. Mais que viennent faire les flatulences là-dedans ? C’est que Stones souffre de problèmes gastriques, et que sa condition physique sert de fil rouge tout au long du film. Quand par exemple, après un discours-débat d’après-repas, le journaliste sort lâcher une perlouse discrètement, ce n’est pas sans un message sous-jacent du réalisateur qui semble dire à ses artistes torturés qu’ils pourraient aller prendre l’air et « péter un coup » comme le dit l’expression consacrée, et que ça irait ensuite mieux. Flux Gourmet n’est pas là pour donner faim ou dégoûter, il se concentre plus sur les luttes intestines entre des égos qui s’entredévorent. (Nico P.)

Berberian Sound Studio

Impossible ici de parler du cinquième de Peter Strickland, Flux Gourmet donc, sans mentionner son deuxième, Berberian Sound Studio. Dans les grandes années du cinéma d'horreur italien un technicien du son anglais assez old-fashioned se retrouve à travailler sur un film de genre. Au milieu des petites intrigues liant le metteur en scène ses actrices et divers comparses, il règne sur son auditorium comme dans une bulle d'un autre temps. Oui mais il n'est peut-être pas tout à fait aussi seul en son royaume… Si le film est anglais, il se déroule bien en Italie, hommage au Giallo oblige. Berberian Sound Studio, un très séduisant film de cinéphile qui se souvient qu’il a tant tremblé devant Bava, Argento et ses petits camarades, ces diables qui faisaient tant crier des jeunes filles avant de les assassiner. (Nico P.)

The Bear

Le premier épisode de la première saison de The Bear se concluait sur le “Animal” de Pearl Jam, titre furieusement représentatif de la folie mise en scène sous nos yeux durant les trente précédentes minutes. Un restaurant en fusion, des cris, des larmes, la panique, le fun aussi. Cette deuxième saison, loin d’être la traditionnelle déception des sériephiles désireux de retrouver la même chose mais terrifiés à l’idée qu’on leur serve le même plat, ne déçoit pas. Différente, c’est une certitude. Un peu pareil, aussi. De nouveaux personnages, mais ce sont les anciens qui restent au cœur de l’intrigue. Surtout, la musique reste un moteur narratif à part entière, bien loin des simples refrains vantant la merveilleuse Chicago (bien que Sufjan Stevens, bien évidemment, soit de la partie). Et c’est bel et bien dans les ultimes minutes de l’ultime épisode de cette saison 2 que le miracle, une fois de plus, se produit. Un miracle qu’on ne déflore pas ici. Question de respect. Mais sachez juste qu’il s’agit de l’un des plus beaux et puissants moments musicaux de cette année 2023. (Nico P.)