Woodstock 99 : Peace, Love & Rage
Roskilde 2000, le Pukkelpop 2011, ou la Love Parade 2010... Des festivals qui sont entrés dans l’histoire en raison des tragédies qui s’y sont déroulées. Et comme ces terribles souvenirs nous le rappellent, quand les choses commencent à partir en sucette, le décompte macabre peut très vite s’accélérer. Aussi, quand on sort du visionnage de Woodstock 99 : Peace, Love, and Rage, on se demande d’abord comment ce festival n’a pu enregistrer que trois décès. Mais surtout, on se dit que trois décès à un festival de musique, ce n’est tout bonnement pas acceptable.
Pourtant, en étant l’incarnation absolue d’une masculinité toxique en totale roue libre pendant trois jours, l’édition 99 de Woodstock a réussi à faire passer ces disparitions au second plan, ce qui en dit long sur l’étendue du merdier qui y régnait – et en visionnant le documentaire, vous comprendrez d’ailleurs pourquoi le choix du mot « merdier » est tout à fait à-propos. Ainsi, pendant deux petites heures dont on sort exténué, le documentaire diffusé cet été sur HBO s’emploie à prouver par le menu qu’au-delà d’un alignement des planètes nécessaire pour qu’une tragédie de cette ampleur se matérialise (pour rappel, le festival s’est terminé par une émeute monstrueuse), tout avait été mis en place par les organisateurs pour qu’on en arrive là – il est d’ailleurs particulièrement gênant, pour ne pas dire exaspérant, de les voir se défausser en rejetant la faute sur Limp Bizkit (le fameux « moment Break Stuff » qui a fait définitivement basculer le festival dans le chaos) ou MTV, alors toute puissante, et dont le travail journalistique trop orienté aurait terni la réputation de l'événement. On savait déjà à l’époque que c’était faux, mais ce documentaire vient balayer ces arguments une bonne fois pour toutes, et doit surtout servir à remiser ce festival dans les tréfonds de nos mémoires collectives, là où VestiVille et le Fyre Festival l’ont probablement déjà rejoint. (Jeff)