Biggie : I Got A Story To Tell
Que reste-t-il à dire de la mort de Christopher Wallace ? Combien de reportages moyens, d'hommages pompeux, de mauvais films ont raconté l'histoire tragique de ce gamin devenu égérie du rap new-yorkais et qui perdra la vie à 24 ans ? Beaucoup trop, assurément. Pourtant, le réalisateur Emmett Malloy nous l'assure, « il a une histoire à raconter ». Une drôle de façon de justifier que, en raison de quelques maigres vidéos jamais révélées jusqu'alors, et dont la plupart ont été captées durant des concerts ou en backstage, on peut se permettre de refaire le match de cette quasi-tragédie grecque.
Rien à faire pourtant : on a envie de se replonger dans les détails sordides de la longue descente aux enfers de Biggie, du décès toujours inexpliqué de cette personnalité exceptionnelle qui était obsédée par l'épée de Damoclès au-dessus de lui – baptiser ses deux classiques Ready To Die et Life After Death, ça ne s'invente pas. Justement, ce documentaire exclusif au catalogue de Netflix donne de bonnes raisons de découvrir, ou de perfectionner ses connaissances sur le parcours exceptionnel de l'homme au coogi : déjà, raconter cette folle success story par l'entremise d'images de ce mastodonte qui rappe comme un fou, comme si cela lui permettait de distancer la faucheuse ; aussi, de parler de la genèse du MC en mettant au premier plan son environnement, le Brooklyn des années 90, où toute une jeunesse se trouve confrontée à l'illicite et à l'épidémie de crack. Enfin, rappeler combien le parti-pris du public n'a pas été neutre dans la montée en épingle de cette tragédie qui a non seulement emmené vers la tombe le MC de Brooklyn, mais aussi 2Pac, son supposé rival avec qui ils entretenaient pourtant de forts liens d'amitié.
Non c'est sûr, on n'apprend pas grand-chose dans Biggie : I Got a Story To Tell. Mais cela permet de se rappeler que, quand même, peu de gens peuvent se targuer d'avoir eu une telle carrière et un tel charisme. La preuve : c'est qu'on arrive encore à se passionner pour des reportages sur le sujet après tout ce temps. (Aurélien)