Le jour où les Clash sont venus chez nous
C’est une histoire qui commence dans un champ paumé du Finistère en 1979 et qui se termine à Athènes en 1985. Le jour où les Clash sont venus chez nous n’est pas le film d’un concert de la bande de Mick Jones et Joe Strummer mais un documentaire retraçant la courte existence du premier festival rock français : Elixir. Un nom aujourd’hui éclipsé par de célèbres festivals bretons, devenus des références : Les Vieilles Charrues, La Route du Rock, Les Transmusicales de Rennes, le Binic Folk Blues Festival, entre autres.
Loin de n’avoir été qu’un feu de paille, Elixir était considéré lors de ses premières éditions comme le « Woodstock breton ». Un raccourci qui ne correspond pas véritablement au projet mais qui permet de comprendre son succès fulgurant. Lui-même raconté à grand renfort d’archives par les organisateurs et des témoins d’époque devant la caméra du réalisateur Jérôme Bréhier. Né dans la tête de jeunes Bretons pleins d’énergie, Elixir est avant tout une ode à la folk par des Français ayant plus les yeux rivés sur Londres et le magazine New Musical Express que sur les Etats-Unis et les pages de Rolling Stone. Pierre et Jean-Paul Billant, Gérard Pont (co-auteur du documentaire) et René Tréguer, aidés de bénévoles, clouent eux-mêmes des planches pour construire la scène qui accueillera du 14 au 15 juillet 1979 des groupes locaux et la fine fleur de la scène anglophone. Parmi eux, Richard et Linda Thompson, John Martyn, Bert Jansh.
15 000 spectateurs assistent à cette première édition, un chiffre impensable pour les jeunes d’Elixir qui vont ensuite s’échiner à dégoter des têtes d’affiche pour les prochaines éditions. La programmation unique en France de Murray Head en 1980 et surtout la venue d’America en 1981, assoient un peu plus la réputation d’un festival importateur des nouvelles tendances. Les années suivantes seront rythmées par la débrouille constante pour trouver des nouveaux sites puis, réussite aidant, la recherche du « toujours plus ». Le festival se professionnalise, la programmation s’enrichit d’autres styles musicaux (Echo And The Bunnymen, Jimmy Cliff, The Stranglers, The Undertones, Simple Minds, Fela Kuti, Arno, Joe Cocker), l’argent des sponsors gonfle la billetterie et les têtes de l’équipe. En 1985, Elixir est très ambitieux. Deux événements seront à gérer durant l’été : un festival en Bretagne, un autre en Grèce appelé Rock in Athens. Beaucoup de poids lourds participent à la fête comme Leonard Cohen, The Clash, Culture Club, Depeche Mode, Nina Hagen, The Cure, Téléphone.
Mais les querelles d’égo et une schcoumoune incroyable vont porter le coup de grâce à Elixir. L’organisation en sortira divisée et ruinée. Restera au festival la fierté d’avoir pavé la route pour ses nombreux petits frères qui lui doivent beaucoup. Comme le dit si bien Pierre Billant à la fin de ce film : « On s’est planté mais ça a été magnifique ». (Maxime)