Anonymous Club
Il y a d’abord la forme. Moins un documentaire, moins un récit de tournée, qu’un journal intime, tenu au jour le jour pendant trois ans, par Courtney Barnett elle-même, et ici mis en images. Des images de live, de foules, de loges… Des images que nous connaissons, mais qui prennent un sens différent. Car quand la chanteuse parle de ses moments de panique, de sa timidité, dès lors les fosses pleines à craquer, les regards braqués sur elles, se font intimidants, presque menaçants.
Et puis il y a le fond. Courtney Barnett parle d’elle, partage son ressenti, mais c’est tout un pan de la célébrité qui est ici déconstruit. En expédiant rapidement, dès les premières minutes, le parcours de la chanteuse, Danny Cohen préfère se pencher non pas sur le processus créatif, mais ses conséquences. Composer une chanson, c’est ensuite l’exposer au jugement du monde. Donner vie à un album, c’est le défendre en interview. Le quotidien d’un artiste est ainsi fait, et Courtney Barnett ne s’en ai jamais caché, sa timidité est un obstacle.
C’est cela que le film retranscrit à merveille : le doute, la peur, l’effacement. Sans entretien face caméra, sans linéarité évidente (on ignore si nous sommes en Europe, ou en Asie, où en est la tournée, ce qui l’attend demain), avec seulement des moments sur scène, expéditifs, furieux, pour témoigner des tourments intérieurs d’une artiste peut-être plus artiste que les autres. (Nico P.)