Guns N’ Roses
November Rain (1992)
La hard-rock grandiloquent, le calice probablement volé sur le tournage du Nom de la Rose qui traîne sur la piano, l’orchestre symphonique au grand complet, l’interminable solo de Slash (sur le piano, évidemment), les couinements d’Axl Rose, et même cette grande folle d’Elton John cantonnée au rôle de figurant (comme si ça ne suffisait pas). Franchement, on a fait de notre mieux pour détester cette interprétation live de « November Rain » mais on n’y est pas arrivé. Probablement parce qu’une petite voix nous souffle que c’est un des meilleurs slows de tous les temps mais qu’on ne veut pas y croire. Ce soir, vous allez tous repenser au clip. A cette idylle, à ce mariage qui part en couille, à cet enterrement déchirant. Et à Stéphanie Seymour. Bonne nuit à tous.
Nirvana
Lithium (1992)
Derrière ses airs de jean-foutre, Kurt Cobain comprenait mieux que quiconque le fonctionnement des médias de masse qu’il abhorrait tant – et on peut dès lors se demander le genre de tours qu’il aurait pu nous jouer à l’époque de l’hyper-communication. Alors quand MTV, dans son puritanisme bien ricain, lui demande de ne pas jouer « Rape Me » (le titre que le groupe pousse à l’époque), ce génial emmerdeur envoie chier les producteurs le temps de quelques secondes, avant de se lancer dans un « Lithium » épique. Et après, c’est business as usual : du gros bruit, Krist Novoselic qui jette sa basse et se la prend en pleine tronche, la destruction en règle du matos, et ce boucher de Dave Grohl qui gueule un « Hey Axl » qui renvoie à une légendaire brouille entre le groupe et le plus gros melon de l’époque. Epic win sur toute la ligne.
Smashing Pumpkins
Disarm (1995)
En soi, la performance n’a rien de spécial, à l’une ou l’autre exception près quand même. Tout d’abord, Billy Corgan y arbore encore cette coupe de cheveux dont il a vraiment bien fait de se débarrasser quelques années plus tard. Ensuite parce que le groupe interprète ce soir-là une version musclée et dans l’air du temps de l’époque (grunge donc) de « Disarm », la superbe ballade du non moins superbe Siamese Dream.
The Fugees (feat. Nas)
Medley (1996)
Aujourd'hui, s'il n'y a guère que les Roots pour faire d'un show rap une véritable block party, on se dit que le passage des Fugees aux VMA a dû leur foutre un bon coup de pied au derche. Aux VMA de 1996, la bande a Wyclef n'a en effet clairement pas niaisé en envoyant à une foule surexcitée - et Dieu sait comme ces choses se font rares sur MTV aujourd'hui - un gros medley qui poke les copains Biggie et Jigga avant de s'en retourner aux gros tubes de la clique, "Fu-Gee-La" et "Ready Or Not". Le tout est surtout animé par un backing band qui a tellement le feu aux fesses que même Nasty Nas ne résiste pas à s'inviter à la fête, pour venir cracher le pur feu sacré avec la mère Lauryn Hill pendant six minutes durant. Le plus paradoxal dans cette histoire, c'est que la suite de l'histoire on la connait : la troupe splitera peu de temps après, demeurera constante dans l'effort en solo quelques années durant puis sombrera dans les abîmes. On leur souhaite en tout cas de revenir au niveau de forme de cette année-là, parce que des shows qui tapent autant que ça, on en veut par palettes.
Eminem
The Real Slim Shady/The Way I Am (2000)
Les MTV Awards ont toujours été l’endroit de choix pour les prestations grandiloquentes, mais celle-là restera parmi les plus mémorables. Parce que des décors qui en foutent plein la gueule c’est bien, mais pas cette fois. Le truc qui met tout le monde d’accord ? Une armada de figurants déguisés en Slim Shady et placés en rangs d’oignions devant le légendaire Radio Music City Hall. L’entrée dans la salle est majestueuse (et vas-y que je m’arrête pile devant Carson Daly et Fred Durst, que j’égratigne dans mes paroles), Eminem est au top de sa forme physique et les deux titres qu’il interprète sont des tubes intemporels. Now that’s what we call entertainement, bitches. Comme pour mieux enterrer son passage, déjà mémorable mais plus sobre, à la cuvée 1999 des VMA.
Blink 182
All The Small Things (2000)
Les années ont beau passer, admettre en société qu'on aime (ou qu'on a pu aimer) Blink182 demeure toujours une tare. Pourtant il faut au moins reconnaître à la troupe de Tom Delonge que ce n'était pas franchement les derniers pour la déconne : le clip velu de « First Date » par exemple reste encore gravé dans toutes les mémoires et plus particulièrement dans celles de ceux qui zappaient sur MTV après les cours, en attendant Daria. La troupe californienne a donc eu droit son quart d'heure de WTF en laissant entrer un festival de nains pour illustrer, on vous le donne en mille... la version live de leur titre "All The Small Things". Après avoir vu ça, on a toujours autant de mal à admettre qu'on a pu prendre notre pied sur du punk californien. Mais on pourra toutefois reconnaître que, sans eux, on n’aurait probablement jamais vu une flopée de nains en train de slamer devanrt un parterre de teenagers boutonneux en treillis-Converse. On ne peut que leur laisser le privilège de cette exclusivité-là
Britney Spears
I’m a Slave 4 U (2001)
Au début de la carrière de Britney Spears, il y avait quelque chose de presque malsain à trouver l’Américaine sexytante, tant elle s’employant à surjouer le côté adolescente en pleine croissance. Puis est arrivée ce titre produit par les Neptunes et cette prestation aux VMA : le titre est dingue, ça pue le sexe moite. Certes la scénographie un peu kitsch, mais bon, c’est pas demain la veille qu’on reverra un tigre et un python sur une scène de MTV. Puis bon, on ne vous parle même pas du nombre de jeunes garçons qui se sont mis au lit avec une demi-dure ce soir-là… Six ans plus tard par contre, leurs zizis tiraient une autre tête.
Justin Timberlake
Like I Love You (feat. Clipse) (2002)
A une époque où on ne découvrait pas un album avant même la maman ou la femme de celui qui est en responsable, on pouvait compter sur les MTV Music Awards pour se payer des exclusivités mondiales qui en foutaient plein la tronche. Et ce soir de 2002, on n’aurait pas parié un kopeck sur la prestation de Justin Timberlake, que l’on associait toujours à ces couillons de N*Syn. Mais voilà, désormais protégé des Neptunes (à l’époque intouchables), le kid de Memphis nous fait vite comprendre qu’il a tout ce qu’il faut où il faut pour devenir une star internationale et crédible. On connaît la suite. Et on termine par le détail qui tue : le coup du chapeau à la Michael Jackson en ouverture de performance, histoire de faire référence au fait que les productions de l’album Justified avaient à l’époque été proposées au King of Pop, qui avait poliment décliné l’offre de Pharrell Williams et Chad Hugo. C’était bien la preuve qu’il était sur le déclin et que le boulevard s’ouvrait pour JT.
Outkast
Medley (2004)
On déteste Speakerboxxx/The Love Below. Non pas pour la qualité de la plaque en elle-même hein, plus parce qu'elle semble avoir signé l'arrêt de jeu du groupe incontournable d'ATL - qu'on a d'ailleurs plus jamais eu l'occasion de voir réuni depuis l'inégal Idlewild. Ce n'est pas le seul regret qu'on a, d'ailleurs: on n’a jamais trop su ce que valaient les compères 3 Stacks et Daddy Fat Sax sur scène. On en a rêvé, les VMA l'ont fait: le premier fringué comme un chevreuil hippie et le second comme Bunk dans The Wire, la clique dégaine un gros medley des plus grosses tatanes de leur double album avec un show aux allures de meeting présidentiel qui se termine sur le plus gros tube du combo, "Hey Ya", dans une version de folie. Et en voyant la foule scander "VOTE OUTKAST", on se dit une fois de plus qu'on a perdu l'une des machines les plus inébranlables que le hip-hop ait compté. Aller zou, on se repasse un Aquemini pour contrer cette vilaine nausée.
Kanye West
Runaway (2010)
Ce cher Yeezy n'a qu'un seul équivalent à son égo, c'est son sens inégalé du spectacle. Et ça tombe plutôt bien puisque l'un et l'autre ont eu plusieurs occasions de se montrer au fil de l’histoire des VMA. La première fois, c'était dans la peau d'un prêcheur hip-hop que le MC s'était exposé, calmement accompagné de John Legend et de Chaka Khan (!) pour interpréter son "Jesus Walks" suivi d'un "All Falls Down" d'anthologie. Mais ça c'était il y a presque dix ans déjà, et fatalement on a davantage gardé en mémoire que son cultissime dérapage à l'attention de la gentille Taylor Swift, quand il lui adressa son fameux "Yo Taylor, I'm really happy for you, Imma let you finish". Le phénix était pourtant bien loin de manquer de ressources et de se laisser abattre par une critique divisée. Preuve en est, pour la sortie de l'excellent My Beautiful Dark Twisted Fantasy, le natif de Chi-City a fait de sa prestation un véritable lac des cygnes pimpé avec la complicité du compère Pusha T. Une prestation par ailleurs autrement plus mémorable que son dernier passage dans nos contrées il y a quelques mois...
Bon Jovi
Living on a Parayer / Wanted Dead or Alive (1989)
De cette prestation du duo Richie Sambora / Jon Bon Jovi, on ne retient rien, hormis peut-être l’incroyable permanente de ce dernier. Par contre, vous n’êtes pas sans savoir que c’est cette prestation aux VMA qui a définitivement encouragé les huiles de MTV à lancer ce qui allait devenir l’un des programmes les plus emblématiques et populaires de la chaîne, MTV Unplugged. Et comme il y a eu un paquet d’Unplugged anthologiques sur MTV, on dit merci Bon Jovi. Ca nous arrache un peu la gueule, mais on le dit quand même.