Dossier

Les oubliés de 2024

par la rédaction, le 23 décembre 2024

La fin de l'année approche, et malgré une belle productivité cette année sur le site, il reste bien quelques disques qui sont passés entre les "goûtes" (vous l'avez.). Parce que ce sont des albums compliqués à cerner, parce qu'on n'a pas mis la main dessus à temps, ou parce qu'il était trop difficile d'en parler au moment de leur sortie, voici les oubliés de 2024, notre dossier qui distille ce qu'il restait de meilleur à vous proposer. 

Cindy Lee

Diamond Jubilee

Écouter Cindy Lee, c'est comme entrer dans un rêve lucide où le passé et le futur se confondent, où la nostalgie et la nouveauté s'entremêlent dans une hallucination. Projet qui était destiné à être oublié car absent des plateformes de streaming, Diamond Jubilee est une suite monumentale de deux heures, un joyau absolu de pop psychédélique, et ce qui se rapproche le plus de la bande-son d'une VHS montrant un monde n'ayant jamais existé. Cette brume lo-fi n'est pas seulement esthétique ; elle constitue le noyau émotionnel de l'album, enrobant toutes les nappes de son d'un brouillard fait de souvenirs et de nostalgie. Cindy Lee (alias Patrick Flegel des défunts Women dont les autres membres sont partis formés Preoccupations) parvient à transcender cette rétro-nostalgie dans des concerts où il se produit en drag, incarnant un personnage qui perturbe les normes rigides des époques évoquées par la musique. Ici, le drag fait le lien entre le rétrofuturisme et la modernité - une façon de revisiter et de se réapproprier le passé tout en le remodelant à travers une lentille transgressive et avant-gardiste. Cette dualité donne à Diamond Jubilee une impression d'intemporalité, d'attachement au passé mais d'ouverture infinie vers l'avenir. Concrétisation folle d'inventivité de la vision de Cindy Lee, Diamond Jubilee est autant une machine à remonter le temps qu'une boule de cristal.

Secret World

Guilt Is Good EP

Si vous avez encore du mal à appréhender le concept de « fast life », peut-être qu’évoquer le cas de Dennis Vichidvongsa vous aidera à y voir plus clair. Non content d’avoir sorti avec SPEED, formation dont il est le guitariste, l’un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) albums de punk hardcore de 2024 (Only One Mode), l’Australien a également passé le plus clair de son temps sur une scène pour des concerts dont la durée fut habituellement inférieure au temps nécessaire à l’installation du matériel. Mais il faut croire que passer ta vie dans un van pourri double tes points de vie, puisque notre Dennis s’est dit que ce serait une bonne idée de retrouver les gusses de Secret World pour un EP forcément court, mais impeccable. Dans une veine proche de Militarie Gun, donc une formule plus pop mais pas trop même et dans laquelle la dimension emo se substitue au hardcore, le quatuor nous pond quatre titres qui nous donnent juste envie de traverser une fosse en furie pour aller serrer fort dans nos bras ces quatre types en sueur qui nous hurlent à la gueule tout ce qui pourrait aller mieux dans leurs vies. Lancez « Guilt Is Good », et dites-nous comment vous vous sentez après ? Nous, beaucoup mieux.

Zelezna

Knocked Out

Il y a tant de sorties que l’actualité nous glisse dans les doigts, et si celle de la pop se visualise comme une autoroute, on est bien plus embêté à arpenter celle, montagneuse, de l’ambient. Perché sur un pic d’où on voit aussi bien cette région que celle de l’electronica, le producteur toulousain Zelezna s’est fait une mission de renouveler le genre en croisant sans hésitation le modulaire, les batteries électroniques et acoustiques, ou le violoncelle. Sur Knocked Out, quatre titres, pour quatre petites pépites dont le fait marquant est la texture mais dont le mot d’ordre reste la mélodie. Zelezna crée un ambient qui se chantonne et, plus généralement, une musique que la douceur ne pousse jamais du côté mental. Et si vous passez par ici mais que vous n’avez pas le temps, par pitié faites-vous la joie de lancer ce magnifique banger qu’est « Distress Signal ». On devine même par moments les traces d’une grande fête au loin, mais dont on ne s’approchera pas pour perdre toute l’originalité de ce très beau quatre titres. Vivement l’album.

Pallbearer

Mind Burns Alive

Passés sur la machine Nuclear Blast Records, les Américains de Pallbearer continuent leur marche en avant avec Mind Burns Alive, disque  risqué qui aura polarisé toute une fan base gagnée à la sueur du front en douze années au cœur de la scène doom metal. Alors qu’il leur suffisait de continuer à appliquer leur sacro-sainte formule de doom triste et lyrique pour s’assurer les louanges, Mind Burns Alive choisit de pousser le curseur prog au maximum. Fini le gras du son heavy/stoner, ici on calme les chevaux et on mise tout sur sa classe naturelle. Déjà, les titres ne sont pas moins longs et ça prend son temps pour tout faire – volonté prog oblige. Mais surtout ça ne ment pas : tous les artifices ont été rabotés pour qu'il ne reste que la composition pure. De l’arpège à gogo partout, des claviers discrets mais extrêmement évocateurs, des progressions toutes en humilité et en écriture mais surtout des volées de murs du son plus éparses mais toutes magnifiquement justifiées. Mind Burns Alive est un disque de darons, qui se paie avec sa production incroyable une classe qu’on ne leur connaissait pas à ce niveau. Certains diront que ce n’est pas assez violent, ils auront raison quelque part - même si c’est quand même un argument bien con. Mind Burns Alive ce n’est rien d’autre que la touche R1 à FIFA, celle qui sacrifie la puissance pure à la précision et qui te permet de faire des enroulés de bâtard en pleine lucarne avec toute la décontraction que ça demande. Ca demande du goût, c’est compliqué à gérer, ce n’est pas le même plaisir qu’une bûche des 30 mètres mais les puristes le savent, ça a une toute autre saveur en bouche. 1-0 pour Pallbearer, balle au centre.

Mach-Hommy

RICHAXXHAITIAN

C'est le paradoxe de Mach-Hommy : on pourrait écrire sur chacune de ses nouvelles sorties, mais on a une peur panique de la chronique ChatGPT qui donne l'impression que d'un papier à l'autre, on a juste changé l'ordre des phrases ou remplacé des adjectifs. Tout ça au service d'une seule et unique finalité : dire que le disque est dramatiquement bon. Et sur RICHAXXHAITIAN justement, le symptôme est plus présent que jamais : le rappeur du New Jersey, d'origine haïtienne, n'a probablement jamais aussi bien sonné que sur ce projet qui a un arrière-goût de premier "vrai" album. Ici le successeur idéal de MF Doom a ajouté beaucoup de soul à son kickage nerveux, pour un disque qui aligne les ambiances et les drumless loops comme un joaillier aligne les diamants sur un grillz. Si le titre avec 03 Greedo et Kaytranada laissait à craindre une pulsion soudaine de toucher un public plus large, ceux avec Roc Marciano, Black Thought ou Big Cheeko nous rappellent qu'il n'en est rien : le rap de Hommy continue de ne répondre qu'à ses propres codes, évolue toujours aussi librement. RICHAXXHAITIAN est un nouveau disque formidable à mettre à l'actif de l'un des plus confidentiels "super-vilains" du rap US. Et parce que rien ne change (ou si peu) avec lui, le prix de la copie physique s'approche du prix d'un rein au marché noir, car visiblement oui, l'excellence a un prix délirant.

Robert Stillman

Something About Living (live)

À quoi ressemble le flux de conscience musical lorsqu’on le montre enfin à quelqu’un ? Robert Stillman n’en avait pas la moindre idée, lui qui, en bon jazzman, a souvent travaillé avec d'autres. Le dehors, c’était pour le collectif, et le dedans, pour le soi. Sauf qu’en sortant de la période de confinement, tout ce temps passé dans le labyrinthe de la solitude et de la création s’est vite retrouvé étalé devant un public. Et pas n’importe quel public, puisque c’est au cours de la tournée de The Smile, pour laquelle Stillman faisait la première partie, qu’il a pu montrer, en solo, le fruit d’un travail à l’abri des échos. Des stades, d’immenses salles et des milliers de personnes face à une expérimentation encore inédite dans la carrière du saxophoniste. Something About Living (live) y reprend certains titres existants (comme « What Does it Mean to be American »), propose des créations, mais toujours dans l’esprit d’un jazz qui se jouerait dans la tête d’un seul homme. C’est doux, puis c’est free, puis c’est perturbant, et on imagine presque ne pas vouloir, pour une fois, qu’une première partie s’arrête.

B​ò​sc

B​ò​sc

Porté par le nouveau collectif La Crue, qui soutient la création des musiciennes et des techniciennes du milieu des musiques trad’, B​ò​sc est un supergroupe composé de cinq musiciennes (dont le duo Bourrasque) autour d’un projet oscillant constamment entre la création contemporaine et la musique de bal. Avec la moitié des morceaux dépassant les 6 minutes (notamment l'instrumental « La Bastida » qui inaugure l’album avec 9 minutes 30), on se trouve devant un projet d’une ambition et d’une complexité rare. Malgré un territoire clairement identifié - le sud du massif central - certaines chansons vont jusqu’à évoquer la musique tzigane ou la country (cette « complainte » chantée en français). Un disque où même la plus innocente des chansons peut se transformer en un maelstrom d’instruments à cordes dissonants. On notera particulièrement « L’Erba d’amor » qui ne change d'accord qu’après cinq minutes de drone. Culottées.

BEN plg

Dire je t'aime

Qui peut s'asseoir à la table de Thomas Léger et lui dire "mon album a touché plus de monde que toi en 2024" ? Pas besoin de chercher bien longtemps : l'année rap français 2024, si pauvre en sorties remarquables, met immédiatement en valeur ceux qui ont sué sang et eau pour briller. Confirmant les belles promesses de l'EP J'rêve mieux qu'avant, BEN plg prouve désormais qu'il est en pleine possession de ses moyens, au point de passer en beauté l'épreuve de l'album. S'il a esquivé la case chronique chez nous, c'est pour mieux se retrouver dans les tops de fin d'année de pas mal de nos rédacteurs. Et on se demande bien comment il pourrait en être autrement : à plein d'égards, Dire je t'aime nous fait penser à ces films français qui nous prennent à rebours. C'est un fil de titres beaux, drôles et touchants, en tout cas toujours variés, et surtout authentiques. À la vie comme au rap, BEN plg nous rappelle que si son géniteur fait l'unanimité, c'est avant tout parce qu'il ne triche jamais : qu'il parle de ses potes ou de sa grand-mère, de ses ambitions de grandeur ou de son Nord natal, l'homme aborde tout avec une grande justesse, en faisant confiance à sa vision et à celle de son producteur Lucci. Si quelques baisses de régime sont à déplorer, rien n'y fait : à nos yeux, Dire je t'aime est un accomplissement total de la part d'un type dont on se demande encore comment on a pu vivre aussi longtemps sans pouvoir compter sur une aussi belle personne.

Bullion

Affection

Rendez-vous compte : il aura presque fallu deux décades d'activité avant que Bullion ne sorte enfin un disque chanté. Remixeur de talent, éminence grise bien planquée dans l'ombre de gens aussi talentueux que Avalon Emerson et The Charm, ou même Nilüfer Yanya, Nathan Jenkins a pris son temps pour affiner, sortie courte après sortie courte, le songwriting de sa pop ô combien touchante et gauche. Affection, son premier vrai album (après ses frasques dans le beatmaking), est le témoignage formidable d'un petit artisan de la synthpop qui, l'air de ne pas trop y toucher, nous a offert un bel os à ronger qui ramène du beau monde (Panda Bear, Charlotte Adigéry ou même Carly Rae Jepsen sont en effet derrière lui pour donner un peu de visibilité au produit fini). En résulte un disque plus doux que du velours, et dont le côté cocon n'a eu de cesse de nous faire revenir : de la progression câline du titre éponyme jusqu'aux intonations très Phoenixiennes de titres comme "The Flooding" ou "Once, In a Borrowed Car", tout s'y trouve beau et élégant, sans bousculade mais avec un chouette goût de reviens-y. Pas de quoi faire de Bullion une immense vedette c'est sûr, mais tout de même : avec autant de belles mélodies au compteur, on se voyait mal ne pas boucler ce dossier sans en placer une petite pour ce disque qui, au fil des mois, à réussi à se frayer un chemin tout droit dans nos petits cœurs tout mous en mal de pop de chambre un peu quali.

Julie Christmas

Ridiculous and Full of Blood

Il nous avait pris l’envie de vous tenir au courant de l’actualité de la New-Yorkaise Julie Christmas à partir d’avril 2023. La Dame allait revenir avec un second effort solo quatorze ans après The Bad Wife et huit ans après sa collaboration avec Cult Of Luna. Mais, honte à nous, nous n’avons même pas pris la peine de parler de ce véritable évènement à sa sortie en juin dernier alors que Ridiculous and Full of Blood s’est clairement positionné comme un des tous grands disques de l’année 2024. C’est l’occasion de rendre justice à un album d’une classe folle. Entourée notamment de Johannes Persson (CoL et boss du label Red CRK), l’ex-chanteuse de Battle Of Mice et de Made Out Of Babies a pris son temps mais a réussi un véritable tour de force en proposant une œuvre où chaque titre est marqué d’une identité propre tout en conservant un fil rouge qui parvient à capter et surprendre. Avec cette voix singulière qui évoque de temps à autres des chanteuses telles que Björk ou Fever Ray, Julie Christmas donne le ton dès les premiers mots de « Not Enough » qui démarre sur une inquiétante étrangeté pour véritablement exploser dans un post metal des plus massifs. Au fur et à mesure des titres, la chanteuse vomit un univers fait de mélancolie, d’improvisations maitrisées, d’expérimentations sonores et de folie douce dans des performances vocales hors du commun. Ridiculous And Full Of Blood se veut dense et se garde bien de dévoiler tous ses secrets à la première écoute - l’équivalent musical du cinéma de David Lynch en quelque sorte. Monumental.

Real Bad Man & ElCamino

The Game Is The Game

Depuis notre dernière évocation du cas Real Bad Man dans ces pages, rien n’a vraiment changé. Adam Weissmann continue de régaler les sachants du streetwear avec des linges délicieux estampillés à son blaze. Une marque qui est également son alias de producteur hip hop aux états de service impeccables, esthétiquement proche de beatmakers comme Nicholas Craven, Conductor Williams ou l’inoxydable DJ Muggs. D’ailleurs, comme ce dernier, c’est auprès de meilleurs découpeurs de l’underground qu’il se sent le plus à l’aise, comme sur ce projet tout à la gloire d’Elcamino, jeune rappeur que l’on croise souvent pas bien loin de Benny The Butcher – logique, ils sont tous deux de Buffalo. Avec ses productions tantôt cinématiques, tantôt soulful, Real Bad Man ne déçoit pas – mais c’est une (bonne) habitude chez lui. Quant à Elcamino, il fait le taf sans pour autant se démarquer de la nuée de MCs post-Griselda qui aspirent à plus de reconnaissance. À dire vrai, c’est quand de vrais poids lourds du (sous-)genre débarquent que l’on comprend combien le travail de Real Bad Man mériterait de tomber entre de bonnes mains : sur le luxuriant « Champagne Pisses » et le lugubre « No Fighting » respectivement, Benny The Butcher et Boldy James se hissent à la hauteur du travail de production remarquable de Real Bad Man, et l’on se prend à rêver de le voir bosser avec Freddie Gibbs, Curren$y ou Jay-Z pour son baroud d’honneur.

Hinds

VIVA HINDS

Dans ce dossier, comme souvent ces dernières années, on a beaucoup parlé de musique « héritée » du COVID. Par contre, on a moins parlé des carrières que le virus a failli torpiller, comme celle de Hinds. Juste avant que débute la bataille pour la terre du PQ, la carrière du groupe espagnol semblait sur de bons rails : de chouettes albums de garage pop et une hype au zénith. Puis confinement, puis report de la sortie de The Prettiest Curse, puis tournée annulée, puis label qui arrête les frais, puis moitié du groupe qui se barre. Dans le genre gros clou rouillé sur le cercueil, on ne fait pas mieux. Pourtant, dans la lignée d’un précédent disque qui regardait moins du côté des Black Lips que des Strokes, Carlotta Cosials et Ana García Perrote n’ont pas lâché l’affaire et surtout recalibré une formule qui allait vite montrer des signes de fatigue. Mieux encore, elles affichent en 2024 une maturité et une confiance en elles qui permet à leur songwriting de se hisser bien haut. Fini de se cacher derrière les tonnes de reverbs et de jouer les adulescentes timides, nos Madrilènes n’ont plus peur de rien, et certainement pas de chanter pour la première fois dans leur langue maternelle ou de demander à Beck ou Grian Chatten de Fontaines D.C. d’apparaître sur le disque. VIVA HINDS, c’est exactement ça.

Tigran Hamasyan

The Bird of a Thousand Voices

Pour lui, le covid aura été une période de renouveau de créativité, permettant de faire mûrir lentement cette petite pépite. Poursuivant une carrière musicale tissée autour de l’histoire arménienne, le pianiste Tigran Hamasyan propose cette fois un album retraçant le mythe de « l’oiseau au mille voix ». Mais peut-on encore parler d’album ? Avec vingt-quatre titres itérant une fusion exceptionnelle du jazz, de la musique traditionnelle arménienne, de l’électronique, du metal, et de globalement tout ce que l’ogre créatif qu’est Hamasyan pouvait ingérer, on aurait plutôt envie de parler de grand oeuvre, d’opéra illustrant cet étrange conte narrant la malédiction d’une femme qui perd un enfant dans un mouvement de foule provoqué par les puissants. Comme les enfants du roi, partis à la recherche de l’oiseau aux mille voix, on passe nous-mêmes par d’innombrables chemins, certains plus ardus que d’autres ; et à chaque fois réessayant, repartant du début, le disque se fait bientôt le mythe et le symbole d’un artiste et de sa conscience au travail.

Various Artists

John Gómez and Nick the Record present TANGENT

Notre top albums contiendra forcément quelques belles surprises, mais si vous nous suivez un minimum, vous vous doutez bien qu’on pourra difficilement passer à côté de Charli XCX, de Kendrick Lamar ou de Blood Incantation. Ceci étant dit, si vous avez le goût de l'exotisme et de la découverte, le classement des meilleures compilations de 2024 selon Gilles Peterson vaut son pesant de Crac a Nut au paprika. Tout en haut de celui-ci, entre une sélection de jazz sud-africain et une autre de funk chinois, on trouve une compilation consacrée aux soirées Tangent, qui réchauffent des cœurs et mettent ton Shazam en PLS dans une petite salle de l’est londonien depuis dix ans déjà. Sur le papier, rien de bien novateur : juste deux potes à la curiosité obsessionnelle du global groove et pas manchots derrière les platines qui ont envie de partager leurs découvertes les plus improbables – vous comprendrez ce qu’on entend par là à l’écoute du remix des deux gusses de « Quelle drôle de vie » par un certain Léo Basel. En dix ans de bons et loyaux services, John Gómez et Nick the Record ont accumulé suffisamment de secret weapons pour détruire l’arsenal nucléaire russe en 1h30 de musique. À dire vrai, on pourrait vous faire le programme par le menu, mais on n'a pas envie de vous spoiler la joie absolue que procure la découverte de ces dix-huit titres qui ont pour point commun de n’en avoir aucun entre eux. Indispensable.