Cindy Lee
Diamond Jubilee
Écouter Cindy Lee, c'est comme entrer dans un rêve lucide où le passé et le futur se confondent, où la nostalgie et la nouveauté s'entremêlent dans une hallucination. Projet qui était destiné à être oublié car absent des plateformes de streaming, Diamond Jubilee est une suite monumentale de deux heures, un joyau absolu de pop psychédélique, et ce qui se rapproche le plus de la bande-son d'une VHS montrant un monde n'ayant jamais existé. Cette brume lo-fi n'est pas seulement esthétique ; elle constitue le noyau émotionnel de l'album, enrobant toutes les nappes de son d'un brouillard fait de souvenirs et de nostalgie. Cindy Lee (alias Patrick Flegel des défunts Women dont les autres membres sont partis formés Preoccupations) parvient à transcender cette rétro-nostalgie dans des concerts où il se produit en drag, incarnant un personnage qui perturbe les normes rigides des époques évoquées par la musique. Ici, le drag fait le lien entre le rétrofuturisme et la modernité - une façon de revisiter et de se réapproprier le passé tout en le remodelant à travers une lentille transgressive et avant-gardiste. Cette dualité donne à Diamond Jubilee une impression d'intemporalité, d'attachement au passé mais d'ouverture infinie vers l'avenir. Concrétisation folle d'inventivité de la vision de Cindy Lee, Diamond Jubilee est autant une machine à remonter le temps qu'une boule de cristal.