Jeunes Pousses vol. 16
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Dans le petit monde des webzines indépendants, il n’y a vraiment pas de concurrence féroce. Plutôt une saine émulation, et des mariages de raison. Parmi les sites que l’on tient en haute estime, il y a Mowno. Un design au poil, des choix éditoriaux intelligents, de belles affiches quand ils organisent leurs concerts sur Paris et surtout, des mecs avec qui l’échange de vues et le partage de bons tuyaux est toujours possible.
Bref, il était écrit quelque part qu’on finirait bien par leur filer les clés de nos compilations Jeunes Pousses. Et ils ont fait ça comme des chefs. Alors c’est vrai, cette compilation n’est peut-être pas représentative de la diversité de la ligne éditoriale du site, mais en se concentrant sur les accointances de l’équipe avec le meilleur de l’indé et de la scène noise, les gars de Mowno nous offrent un tracklisting à la fois solide et cohérent, un bel aperçu de ce qui a séduit l'équipe de Mowno ces derniers mois. De l’excellent travail, comme ils ont l’habitude de le faire depuis un bon paquet d’années.
Total Victory
What The Body Wants The Body Gets
Coincé entre le post punk des eighties anglaises et la tension de formations plus noise et plus récentes, Total Victory laisse éclater son affection pour des compositions accidentées et contrastées, interprétées avec une rage sous-jacente parfaitement incarnée par un chant capable de tout, frappé d’un accent british à couper au couteau. Comme le reste de l'album, 'What The Body Wants, The Body Gets' - tube bipolaire au relief imparable - transpire la bruine de l’Angleterre ouvrière qui sait aussi parfois desserrer les dents pour laisser passer quelques mélodies, avec pas mal de subtilité et un groove qui rend la grisaille plus belle.
totalvictory.bandcamp.com
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Spread Your Wings
Tout droit venu de Seattle, Constant Lovers ne ménage pas son énergie et cultive sa tendance chérie à disloquer ses compositions accidentées pour toujours trouver le moyen de rebondir, provoquant ainsi l’étincelle capable d’allumer le grand incendie. Dans une constance redoutable, les mélodies et refrains contagieux frappent comme la foudre, laissant derrière eux l’odeur virile du rock cradasse, du punk démembré et racé et d’accents noise imparables qui, ensemble, ne sont pas sans rappeler Fugazi, STNNNG, Lack ou un Drive Like Jehu défroqué.
constantlovers.bandcamp.com
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Pure
Si Turbo Panda débarque de nulle part avec un premier EP, qu’on ne s’y trompe pas: ces trois-là décapsulaient déjà leurs bières au moment où Nirvana sortait son ‘Nevermind’. Ils préféraient cependant s’abreuver de la spontanéité de Jawbreaker comme de l’intelligence qui a longtemps caractérisé les productions Dischord, tout en opérant déjà un tri très sélectif au sein d’un émo dont on voyait poindre le succès. Sans opportunisme ni prétention, avec toujours la mélodie en guise de fil rouge, Turbo Panda touche au but, à l'image de 'Pure', intense et mouvant, rappelant les premiers pas de Q And Not U.
Volage
Touched By Grace
Loin d’être une pâle copie de Ty Segall et Thee Oh Sees, Volage laisse libre cours à ses envies garage ou pop psyché, à son affection pour le son sixties, avec un naturel et une facilité aussi rares qu’un fan des Knicks perdu dans la brume de la Bay Area. Le groupe déroule sans accroc une musique dont il maîtrise parfaitement toutes les ficelles, des soli de guitare chauffés au fer rouge jusqu’aux poussées heavy, en passant par des choeurs du plus bel effet. Souvent drapée de fuzz, sa pop garage sait autant se montrer complexe du fait de sa grande liberté d’arrangement, que frapper par son évidence mélodique saisissante.
volage.bandcamp.com/album/heart-healing-l-p
Lire le fichierPeter Kernel
It's Gonna Be Great
Déjà forts d’un univers pop très personnel et terriblement expansif, c’est encore plus aguerris et affûtés que Barbara Lehnhoff et Aris Bassetti redessinent leur univers étincelant et contagieux. Parfois calmes, à d’autres moments plus tendus, c’est toujours avec justesse, au fil de sautes d'humeur communicatives, que les instruments s’organisent dans des appels d’air judicieusement placés. Mélodies soignées, rythmes variés et subtils, audace décontractée, élégance et profondeur de champs sont désormais confirmés par Peter Kernel.
The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers
Down Below
Drapé dans cette noirceur profonde qui l’accompagne depuis ses débuts, Benjamin Nerot promène sa voix singulièrement ténébreuse tout au long d'une composition malgré tout lumineuse et plus que jamais imprégnée de la patte des lyonnais de Zëro, ses Badass Motherfuckers. Orchestration solide, un chant qui prend forcément beaucoup de place par sa tonalité, 'Down Below' est un blues orageux et noisy dans la traversée aussi bouleversante qu’émouvante entamée par un groupe qui redéfinit totalement la notion de malaise.
kythibong.bandcamp.com/album/dolce-furia
Lire le fichierFat Supper
Surrogate
Blues, noise, pop et math rock sont les influences désormais affinées et digérées de Fat Supper qui, en chemin, a manifestement gagné en coffre et peut compter sans modération sur la somme de ses talents pour emmener bien loin ses compositions, parfois malgré d’incessants changements de direction. Solide rythmiquement, poussé par deux guitares partagées entre impulsions bruitistes et discrètes coutures mélodiques, porté à chaque instant par la voix de crooner enfumée de Léo Prud’homme, le groupe est un bolide rare qui ne transporte l’auditeur qu’à travers des paysages mémorables, qu’ils soient beaux ou accidentés.
fatsupper.bandcamp.com/album/academic-sausage
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Fédération Tunisienne de Football
Collectif libre qui se plait à entretenir le mystère sur sa propre identité, C'Mon Tigre ne représente rien ni personne si ce n'est une âme. Spontané, inspiré, un brin psychédélique, le groupe butine entre folk, jazz, funk, pop et musique traditionnelle pour emmener l'auditeur dans un périple mémorable autour de la Méditerranée. On pense aux expérimentations downtempo de Shawn Lee ou à la singularité de Gonjasufi, aux odeurs de bon libanais aussi. Fort de sa devise ‘The more it will change, the more it will grow‘, C'Mon Tigre s’impose de lui-même par sa profondeur et sa richesse et dépayse jusqu'à donner des fourmis dans les rêves.
Tom Bodlin
Le Bateau Ivre
Depuis l’expérience Café Flesh, son précédent groupe, Tom Bodlin fabrique en solitaire un univers à l’imaginaire débordant. A base de cuivres en superpositions incessantes qu’il maîtrise avec brio, le bonhomme explore, triture et agrémente son monde pour le transposer en des performances expérimentales. Plusieurs albums au compteur, tous à l’approche différente, ainsi qu’une dose intarissable de créativité amènent aujourd’hui cet artisan sonore à nous cueillir dans une impression joyeuse de fanfare déglinguée. ‘Le Bateau Ivre’ emprunte le poème d’Arthur Rimbaud que Bodlin redessine à merveille dans une fausse quiétude hypnotique.
tombodlin.bandcamp.com/album/comme-je-descendais-des-fleuves-impassibles
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Je Crie
Gratuit poursuit son chemin de croix musical avec une indifférence totale pour les codes de la bienséance. Antoine Bellanger fait son retour avec ‘Là’, sans doute l’album le plus à même de définir ses multiples visages. Synthèse actualisée de ses précédents efforts, l’oeuvre se rapproche à ce titre plus d’un travail de collages, là où ‘Rien’ faisait l’effet d’un puzzle bordélique, et ‘Délivrance’ d’un tableau de maître. Ainsi, le Nantais passe un nouveau cap, sans doute aidé par ses divers travaux au sein de Mein Sohn William ou aux côtés de Le Feu. Plus que jamais, Gratuit - à l'image de 'Je Crie' - émeut avec l’élégance de ceux qui ignorent l’incarner.
gratuit.bandcamp.com/album/l
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Astro
Si Quadrupède affiche bien haut sa technique, si sa musique peut présenter plusieurs niveaux de lecture, jamais son math rock electronica ne finit par s’adresser uniquement à des oreilles élitistes, bien éduquées à l'intelligent mélange des genres des Battles, Electric Electric et 65daysofstatic. 'Astro' reflète toute l’inspiration et l’efficacité tant d’un batteur nerveux, à la frappe millimétrique et généreux en changements de rythme, que d’un guitariste superposant les riffs avec autant d’aisance qu’il tire une mélodie, ou use de claviers pour définitivement projeter le titre en orbite.
Pord
Staring Into Space
A l'image de 'Staring Into Space', parmi les meilleurs titres de son dernier album 'Wild', Pord œuvre dans le bruit maîtrisé, celui qui vous chauffe les étiquettes et vous fait grincer des dents. Auteur de compositions sauvages et sinueuses, arrachées du fond des tripes sans aucune anesthésie, le trio se laisse aller à des convulsions électriques plus que jamais rock n' roll, qu'il livre avec toute la patience et l’application d’un groupe disséquant de manière chirurgicale chaque instant de ses compositions.
music.solarflarerds.com/album/wild
Lire le fichierBasement
Black Ink Stains
Sept ans après ‘Everything Gets Distorted’, Basement enfonce le clou d’un rock noise puissant, celui qu’il ne cesse de fignoler depuis ses débuts en 1996. Les riffs sont lourds et bien sentis, la basse se fait grasse à souhait et les mélodies sont porteuses d’envolées saisissantes, habitées par un chant saturé et une session rythmique indéboulonnable. Par son chant, le tubesque ‘Black Ink Stains’ cueille dans un élan nineties rappelant, aux entournures, la grande époque de Favez.
It It Anita
NPR
Avec un seul EP sous le bras, It It Anita vient grappiller quelques précieuses places dans la hiérarchie d’un Plat Pays électrique, sensible depuis toujours aux sons des années 90. Le groupe laisse ainsi ressortir toute l’inspiration amassée pendant des années à écouter autant Pavement, Thee Oh Sees et Sonic Youth, que Grandaddy, Sparklehorse et Band Of Horses. Le champ d’action est large, mais certains coins restent encore à explorer tant le combo de Liège dévoile ici son penchant le plus noise, intense et dissonant.
ititanita.bandcamp.com/releases
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Death Relations
Encore totalement inconnu, Apollo est un groupe français qui laisse parler toute l'affection qu'il porte à la noise à la fois rageuse et mélodique des années 90, celle qui remuait les sous-sols de Minneapolis sous l'emprise de Noise Amphetamine Reptile Records. Au-delà d'un héritage grunge assez discret, 'Death Relations' n'est d'ailleurs pas sans rappeler les premières heures de Chokebore, quand la bande de Troy Von Balthazar - pourtant aux antipodes des groupes du cru - se démarquait par ses morceaux intenses, où basse et guitares tentaient de rivaliser.
www.youtube.com/channel/UCDJlkaNZnbIDEXvn_xYKKgA
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