Goûte Mes Mix #59 : Pierre (Fuse / Lessizmore)
Tracklist :
- ???
- Guido Schneider & André galluzzi - Mario
- Eduardo de la Calle - Einfuhrung
- Jack Wickham - Adeja (Jonny Lawrence rmx)
- Tyree - Nuthin Wrong
- Bruno Pronsato - The River
- Sven Väth - Cala llunga (Villalobos rmx)
- Daze Maxim - ?
- Mountain People - 5
- Cabdrivers - ?
- Point G - Hands (Lazare Hoche rmx)
- G76 - Tanz Bar Bistro Pub
Pour peu qu’on soit un vrai fondu de musique, on a très probablement dans notre entourage des motivés qui se sont dit un jour qu’ils pourraient se faire une place au soleil dans le petit monde de la musique. Pour peu qu’on soit un vrai fondu de musique, on a très probablement dans notre entourage des motivés qui ont tenté leur chance et sont vite retombés les pieds sur terre : pour réussir dans ce milieu-là, il faut beaucoup de choses, à commencer par un nez creux, du talent et un bon petit réseau.
Trois qualités que l’on retrouve chez Pierre Noisiez aka Pierre aka une figure tutélaire de la nuit bruxelloise aka l’emblématique résident du Fuse aux côtés d’un autre vétéran, Deg. Mais si c’est principalement à ses performances du côté de la rue Blaes qu’on l’associe, ce serait oublier tout le travail qu’il abat avec Lessizmore, une bestiole à plusieurs têtes née d’une rencontre il y a 10 ans avec Jessica Bossuyt du Triptyque, et dont Pierre nous détaille en quelques mots la genèse et les raisons d’être : « Jess et moi on se connaissait depuis longtemps. Elle avait commencé à organiser des soirées au Triptyque, où j’étais également résident. On s’entendait bien et on s’est dit que ce serait cool de faire un truc ensemble. Les soirées étaient toutes les mêmes à l'époque. Rapidement, on a été très ambitieux avec Lessizmore. On voulait en faire plus donc on a commencé par monter un netlabel comme ça se faisait à l’époque. Mais on a communiqué différemment, notamment avec des vidéos, ce que personne ne faisait à l’époque. Et puis on était aussi entourés par des personnes drôles : Tania Bruno Rosso bossait avec nous. On a cherché dans notre réseau tous les savoir-faire disponibles et on a essayé de les regrouper. Du netlabel on a vite fait un label, et puis du promotionnel. On s’est dit que si on promotionnait pour nous, on pouvait le faire pour les autres. Du coup, on s’est transformé en agence de promotion pour d’autres labels. On a essayé de s’étendre à tout ce qui était possible et dans nos compétences. On mutualisait les plateformes en rendant service à d’autres gens. »
Vous l’aurez compris, il y a toujours eu une envie d’en faire plus chez Lessizmore. Et même si la structure s’est aujourd’hui recentrée sur ses activités de booking et de label (sans pour autant renier l'organisation de soirées, croyez-nous bien), c’est forcément pour mieux servir un auditoire qui a parfois tendance à s’y perdre dans la jungle de structures, d’étiquettes et d’évènements. Et l’avantage, c’est quand on arrive chez Lessizmore, l’approche est d’un simplisme à toute épreuve, toujours selon Pierre : « Il faut être complémentaire, arriver à apporter son savoir-faire à ce qui est déjà là. Ou faire de la bonne musique, ça suffit aussi. »
Ceux qui ont déjà dandiné du fion à une interminable soirée Lessizmore savent de quoi on parle. Et ne manqueront pas de remettre cela lors d'une des prochaines soirées qui vont être organisées histoire de souffler dignement les dix bougies, notamment ce samedi 25 juin au Fuse - tandis que l'artilleur Blawan déchaînera les enfers dans la Main Room, les Cab Drivers et Spacetravel se chargeront d'ambiancer l'étage.
Quant à ceux qui sont encore dans le doute, on leur conseille la compilation-anniversaire que vient de sortir le label. Un beau gros pavé intitulé Forever Never More, oscillant entre techno et house (et toujours avec cette élégance minimaliste complètement assumée) et sur lequel on peut entendre des inédits de gens comme Magda, Frivolous, Deadbeat, Andrey Pushkarev ou Cesar Merveille. Ben ouais, rien que ces noms suffisent à vous démontrer le travail accompli en dix ans et le sérieux de cette petite entreprise qui n’a vraiment pas l’air de connaître la crise.
On aurait pu penser que c’est le travail accompli avec Lessizmore que Pierre allait mettre en avant dans ce Goûte Mes Mix. C’est tout le contraire, puisqu’on ne retrouve ici aucun titre présent sur Forever Never More. Il n’y a pas beaucoup de nouveautés non plus et le tout a été enregistré en une prise, pour un résultat « qui a ses défauts, mais qui le rendent plus vivant ». De notre côté, on ne trouve absolument rien à y redire. On a même l’impression qu’en une heure d’une sélection terriblement efficace mais qui refuse de péter plus haut que son cul, Pierre synthétise à merveille cette vision qui en a fait un des hommes les plus respectés de la musique électronique en Belgique, et qui permet également à Lessizmore d’envisager les dix prochaines années avec sérénité.