Dour 2013: ce qu'il ne faudra pas rater
Comme d’habitude, beaucoup de bonnes choses au Dour Festival. Comme d’habitude, une chiée de choix impossibles en perspective. Alors cette année, les vaillants guerriers de l’équipe qui rallieront la plaine de la Machine à Feu en espérant vivre un festival un peu moins dantesque que l’année dernière vous ont concocté un petit top 10 des trucs à ne manquer sous aucun prétexte. Un petit parcours qui prend bien soin d’éviter les habituelles têtes de gondole pour se concentrer sur les anti-héros, les têtes d’affiche de cœur et les vraies découvertes. Et puis que ce texte serve de carte au trésor à la horde de groupies qui voudraient essayer de retrouver le rédac’ chef et son adjoint dans la foule pour leur offrir un verre. Pour votre info les filles, il ne boivent que de la bière.
BADBADNOTGOOD
Jeudi / Boombox / 18.00 – 19.00
Vous connaissez le point commun entre Earl Sweatshirt, James Blake, Tyler, the Creator, TNGHT et Kanye West? Ces artistes ont tous collaboré ou été repris par ce trio de jeunes Canadiens qui affole pas mal les compteurs avec un moyenne d’âge qui dépasse à peine la vingtaine et une propension à fusionner jazz et hip hop plus bluffante qu’un tour de Gérard Majax. Trois gamins dont la tape BBNG2 (par ici l’écoute) rend dans une débauche d’énergie dingue ses lettres noblesse à l’expression « taper un bœuf » - et franchement c’était pas gagné. Mais alors que la mixtape était déjà du genre à te foutre un nid de fourmis dans le slip, son passage au format live relève carrément de la dinguerie patentée. Une batterie, une basse, quelques claviers et environ cinq tonnes de groove font le reste. Si avec votre festival ne commence pas bien, on ne comprend pas…
RiFF RaFF
Jeudi / Boombox / 19.00 – 20.00
Dans une première version de ce top 10, on avait pensé inclure Action Bronson dans la liste des trucs à ne rater sous aucun prétexte. On reste convaincus que la prestation du emcee du Queens vaudra son pesant de cacahuètes, mais c’est au bout du compte celle de son camarade RiFF RaFF dont on attend peut-être le plus. Parce qu’on se demande bien ce que ce mec au flow improbable, au look immonde, et qu’on qualifiait encore récemment d’anomalie du rap américain, va bien pouvoir nous servir comme show, lui que l’on sait capable du meilleur comme du pire. Un type qui est finalement à l’image du producteur qui l’a découvert, un certain Diplo. En effet, la dernière mixtape du Texan alignait sombres bouses et géniales fulgurances, et ce concert à Dour serait l’occasion rêvée de teaser son album sur Mad Decent, prévu pour la rentrée.
50 Weapons Night
Jeudi / La petite maison dans la prairie / 19.15 – 00.45
Bébé de Modeselektor aujourd’hui adulte, 50 Weapons est devenu le point de convergence qui cristallise au mieux l’essence de la scène uk bass music. Une sorte de bras armé redoutable, qui capitalise sur des EP’s puissants et fréquents, des artistes aux personnalités fortes (Headhunter, Shed, Otto Von Schirach, Phon.O) et la caution Modeselektor pour chapeauter le tout. Une affaire qui roule, et qui fait du label une des plus grosses plaques tournantes de l’industrie de la basse. Pour en avoir vu un paquet en live, on vous recommande pas mal cette soirée au bon goût de cross-over techno, dubstep et uk funky (avec une mention spéciale pour le live de Shed). Puis bon, derrière c’est quatre heures de Skream, ça risque d’être autrement plus pouet-pouet.
J.C. Satàn
Vendredi / Cannibal Stage / 00.20 – 01.20
Arthur Larrègle est un garçon bien occupé, et surtout un garçon talentueux à qui tout réussit. Aperçu au sein du bouillonnant collectif bordelais des Crâne Angels, le songwriter aux idées un brin tordues a lancé le projet J.C. Satàn avec la chanteuse et guitariste turinoise Paul Scassa. Rock indé 90’s, stoner maléfique, punk salasse , garage psyc(othrop)é ou pop déviante, rien n’effraie vraiment le projet franco-italien dont l’audace est invariablement récompensée sur les onze titres d’un Faraway Land qui ne demande qu’à s’exporter. Cela tombe bien, puisque le groupe investira la Cannibal Stage le vendredi, juste après les papes du punk-hardcore de Converge. On a connu plus évident comme enchaînement, mais ces jeunes-là on le diable avec eux. Il ne peut plus rien leur arriver d’affreux maintenant.
Karenn
Vendredi / La petite maison dans la prairie / 02.00 – 03.00
Le revival de la techno de cave a permis a pas mal de mecs de se payer une réputation en deux temps trois mouvements. Karenn est de ceux-là, et en est peut-être la figure de proue. Une super association Blawan / Pariah (deux mecs ayant connu le même succès fulgurant dans la uk bass music) qui tape dur sur les mollets. La recette ? Une techno directe, poisseuse et totalement analogique. Une expérience de composition, aussi physique que mentale, qui prend le pas sur tous les clichés dark-techno pour en ressortir un produit pur, élaboré et violemment euphorique. Et qui risque de tout exploser à Dour à en juger par l’énorme Boiler Room joué récemment par les deux lascars. Comme un résumé de tout ce qui a été dit plus tôt, cette sélection se jouait entre les prestations de Surgeon et de Regis. Tout est dit.
Scène Roots of Dubstep
Samedi / The Red Bull Elektropedia Balzaal / 16.00 – 22.30
On pourrait écrire une thèse rien que sur le titre. On ne le fera pas. Si vous nous lisez depuis un certain temps, vous savez que notre rédaction comprend son lot de fans hardcore de dubstep oldschool. Des gens qui n’ont pas oublié leurs premières amours, qui ont squatté les émissions de Mary Anne Hobbs jusque pas d’heure, qui bandaient sans cesse sur chaque nouveau EP de D1, Headhunter ou Distance. Peut-être jusqu’à ne pas toujours comprendre les nombreuses mutations qu’a connu le genre à partir de 2007 - des excès du brostep au pédantisme d’un certain post-dubstep. La scène Roots of Dubstep est faite pour ces mecs-là . Histoire de ne pas oublier que Bunzero est une des plus grandes fiertés nationales, que Kahn est un des mecs les plus recommandables de la scène actuelle et surtout, surtout, que Loefah, Pinch et Digital Mystikz sont toujours parmi les plus grands dix ans après. Une soirée qui montrera à pas mal de novices comment se jouaient les origines d’un genre aujourd’hui devenu flou.
Comeback Kid
Samedi / Cannibal Stage / 20.10 – 21.00
Qui dit festival de Dour, dit forcément une chiée de groupe punk/hardcore pendant quatre jours. Si la rédaction de Goûte Mes Disques ne fait plus vraiment dans les circle pit et autres braveheart, on ne saurait trop vous conseiller d’aller vous frotter à Comeback Kid le temps d’un set. Parce que même si le groupe a perdu Scott Wade au chant et Kevin Call à la basse, ce qui a fait le succès des Canadiens demeure: vocaux de chiens, titres carrés, mélodiques et hargneux. Un vrai grand groupe devenu ambassadeur de la scène new-school avant l’arrivée de la vague metal-core/grind à la Converge. La recette est simple et ancienne comme nos premières venues en terres hennuyères: tu te tapes en plein cagnard, tu retires ta casquette et tu t’enfiles un mètre de pils. Une fois tes quinze bières dans le buffet, va danser joyeusement avec les centaines d’autres baisés du crâne qui t’entourent. Tu risques d’y perdre une dent, mais par contre tu en sortiras avec une banane jusqu’aux oreilles. On commence à comprendre l’obsession des organisateurs pour ces après-midi de violence.
Manu Le Malin
Samedi / Cannibal Stage / 01.40 – 02.55
Le hardcore électronique a toujours été un genre plein de clichés: musique simple, linéaire et taillée pour les gens « qui n’y connaissent rien » (on pourrait également citer les multiples sous-genres, les crânes rasés et la nécessité d’en écouter avec un pack de redbull dans le coffre de la GTI). C’est pourtant avec ces images d’Epinal que le hardcore a traîné sa bosse pendant plus de vingt ans. Le revival hardstyle a surtout montré que cette scène (périphérique) n’a jamais cessé de balancer ses kicks sauvageons à des milliers de fans autour du globe, en virant sur des traces plus hard-tek. C’est dans ce contexte qu’on vous invite à aller voir comment Manu Le Malin continue de défourailler tout ce qui bouge derrière deux platines. Un véritable héros, connu mondialement pour son apport unique à la scène sur plus de vingt ans. Si on avait du en choisir un pour vous introduire à cette musique d’initiés, on aurait choisi le Parisien. Vous en sortirez sûrement comme nous, heureux d’appartenir de loin à cette famille de renégats, véritable cœur d’une scène qu’on n’a pas fini de vous recommander.
Thee Oh Sees
Dimanche / La petite maison dans la prairie / 21.15 – 22.30
On n’est qu’en juillet, mais on peut déjà vous dire avec certitude que le dernier album en date de Thee Oh Sees, Floating Coffin, figurera en très bonne place dans notre classement de fin d’année. En même temps, les albums impeccables, le groupe de San Fransisco les enchaîne depuis quelques années maintenant. Et a le bon goût de se révéler encore plus spectaculaire dans l’exercice live. En effet, la musique de Thee Oh Sees fonctionne sur un équilibre instable entre punk, garage, rock psyché et pop, et jamais le groupe ne sacrifie un élément au détriment des autres dans ses prestations invariablement incandescentes. Les Californiens débarqueront à Dour le dimanche et trouveront probablement devant eux un parterre de festivaliers légèrement au bout de leur vie. Vous verrez leurs tronches d’illuminés après la grosse heure qu’ils auront passé en compagnie de Thee Oh Sees…
The Bug
Dimanche / Boombox / 01.45 – 02.45
Si on a souvent eu tendance à se payer la tête des sorties Ninja Tune ces dernières années, le label anglais compte encore en son sein l’un ou l’autre artiste capable de nous faire rêver. Et The Bug en fait partie. Déjà sur Ninja Tune, Kevin Martin nous avait pondu en 2008 un London Zoo qui portait si bien son nom : jamais la jungle urbaine n’avait été aussi bien décrite en musique. Un truc étouffant et lourd, aux confins du dubstep, du ragga, de l’indus et du dancehall. A Dour, c’est accompagné de Flowdan, un mec qui fait passer Lord Kossity pour un emcee de cour de récré, que The Bug viendra présenter l’album qu’il nous servira à la rentrée. Le producteur est programmé dans la nuit de dimanche, pour un set qui fera figure de test ultime pour les marathoniens de la basse. On espère vraiment que d’ici là, notre organisme ne nous aura pas envoyé chier.