Pour tous les diggers et les selectors de cette terre, qu'ils soient de parfaits inconnus ou des artistes vénérés, la simple évocation du nom de Mr Bongo leur met plein d'étoiles dans les yeux, pour plein de bonnes raisons. A ses tous débuts en 1989 dans Soho, Mr Bongo était un petit magasin de disques comme il y en avait une chiée dans la capitale anglaise, sauf que celui-ci importait principalement les dernières sorties de chez Def Jam ou Rawkus, et se spécialisait dans la musique brésilienne. Et si aujourd'hui, le magasin a fermé ses portes et que les bureaux ont déménagé à Brighton, Mr Bongo est devenu un label (et webshop) de référence pour les amateurs de musique world au sens le plus large et le plus noble du terme. Si Mr Bongo réédite encore de très nombreux classiques oubliés de la musique brésilienne, son savoir-faire sur les musiques africaines n'est plus à démontrer. A l'occasion de la sortie du second volume des compilations Mr Bongo Record Club, le patron David Buttle nous a refait l'histoire de la structure au travers de 12 références du catalogue qui lui sont chères. Et pour le coup, le dossier n'a jamais aussi bien porté son nom.
Amadou Balake
Whisky et Coca-Cola
Un vieux classique qu'on passait au premier magasin Mr Bongo situé dans Berwick Street (petite rue de Soho bien connue des gros consommateurs de disques, ndlr). On sortait nos cowbells pour suivre en rythme...
Il aura fallu 10 ans pour sortir ce disque, et le jeu en valait la chandelle. Ce disque renvoie à nos racines hip hop dans Soho. Notre deuxième shop, sur Lexington Street, est parti de rien pour devenir une référence, the best in the west!
Une référence de notre catalogue pleine de douceur et de sensualité. On disait de Ive qu'elle était la Sade brésilienne. Pour ne rien gâcher, cet album produit par Robin Millar a été bien accueillli.
Le premier album de Seu Jorge sur Mr Bongo. C'est Mario Caldato, producteur des Beastie Boys, qui a produit ce disque aux paroles qui sentaient bon la "malandragem". Dans la foulée de cet album, Seu Jorge allait connaître la gloire mondiale pour son rôle dans le film La cité de dieu. And the rest is history.
Cette référence me rappelle au bon souvenir de notre magasin japonais, qui a ouvert ses portes de 1995 à 2000 dans le quartie de Shibuya, à Tokyo. La musique de Mr Hermano vise principalement un public latin amateur de crossover, mais a une vraie touche personnelle. "La Nina" évoque les plages d'Ibiza baignées de soleil, et raconte une histoire similaire à celle que l'on peut entendre dans le classique "The Girl From Ipanema".
Un titre sombre, qui ne ressemble en rien à la musique habituellement produite par Marcos Valle. On a fait venir Marcos pour sa première tournée au Royaume-Uni. Il a joué au Jazz Cafe de Londres, et il se rappelle encore de la pluie.
Kenny Dope est venu nous voir avec des beats brésiliens, et on a tellement adoré ce qu'on a entendu qu'on lui a demandé de boucler le titre avec Louie Vega aux Battery Studios de New York. On était prêt à mettre le prix, et comme je me trouvais au Ghana à ce moment-là, j'au mis la main sur un paquet de disques originaux de Fela Kuti. Et l'affaire était pliée.
On a collaboré avec Terry sur 5 albums. A chaque fois, ça dégageait une énergie et une lumière véritables. Les gars de Massive Attack adoraient son travail, et ce titre est entre dans les charts. On est fiers de l'avoir vu jouer à Hyde Park, de la soul de Chicago à l'état pur.
A classique de jazz-dance qui est devenu un classique des clubs grâce à Gilles Peterson et Rafael Sebbag. Ce titre est une vraie bombe bossa. Malheureusement, il n'a enregistré qu'un album avant de disparaître lors d'une voyage en Argentine: le régime militaire en place dans le pays ne le portait visiblement pas dans son coeur.
Frank ‘The Tank' Hesing a frappé à notre porte au début des années 2000. Selon lui, une boîte allemande avait bootleggé l'album Paebiru de Lula Cortes. Il faut savoir que la majeure partie des originaux avaient disparu lors d'une inondation qui avait ravagé Recife dans les années 70, faisant de cette collection de pépites jungle-rock-pysch un collector très prisé. Le label allemand a fini par régler la situation, et avec l'argent qu'il a versé à Lula, il a pu soigner son cancer. On pense qu'avec cet argent, il a probablement vécu 5 années de plus.
Je vivais au Brésil quand Mike "Prince Fatty" Melanconi m'a envoyé le mixage final de ce disque. Le son des cuivres et les paroles grivoises ont insufflé un nouveau souffle au reggae - on revenait à un enregistrement f!idèle aux racines.