2008 : les indigestions
Que serait notre top 30 des meilleurs crus sans son frère jumeau négatif ? Que serait finalement une année sans son lot de disques à détester ? Ils nous donnent l’occasion d’apprécier les bons disques à leur juste valeur, nous permettent de combler des discussions inintéressantes autant que de lancer les débats musicaux les plus animés. Vous l’aurez compris, voici en résumé un top 10 des disques à éviter comme la peste, à fuir à tout prix sous peine de ne pas être dans le coup l’année qui vient. Qu’il s’agisse de déception, d’incompréhension ou encore de prétention, ces disques ont ceci de commun d’avoir marqué d’une pierre noire l’année dans laquelle ils sont à tous jamais gravés. D’avance, mille excuses aux artistes cités plus bas, mais surtout à ceux et celles qui ont apprécié les disques en question (toutefois cette appréciation n’ayant rien d’exhaustive ou de certaine), sachez que votre équipe de rédacteurs préférée fera tout son possible pour vous faire partager cette année encore ses coups de cœurs les plus enflammés, vous évitant cette fois les rires de vos amis au moment d’annoncer l’émoi que provoque chez vous le dernier Mylène Farmer.
Black Rebel Motorcycle Club
En sortant un nouvel album sans crier gare, exclusivement au format numérique, le Black Rebel Motorcycle Club pensait peut-être imiter Radiohead et surprendre positivement son public. C'est raté. Avec The Effects of 333, album purement instrumental, Peter Hayes et Robert Levon Been n'ont jamais été aussi insultants vis-à-vis de leurs auditeurs, en faisant payer au prix fort des morceaux totalement inintéressants. Du vrai foutage de gueule comme on en a rarement vu. Chapeau ! (Splinter)
The Spinto Band
On avait vraiment adoré le premier album des Américains de The Spinto Band, pour sa fraîcheur et son inspiration sans cesse renouvelées, incarnées notamment par le tube "Oh Mandy", encore dans toutes les mémoires. Hélas, Moonwink ne fait pas que confiner à la redite pure et simple : loufoque mais totalement creux, il s'apparente davantage à une autoparodie sans charme. Une vraie déception. (Splinter)
Mogwai
Ça n'a pas été facile de choisir Mogwai dans nos flops de l'année. Mais pas du tout parce que The Hawk is Howling divise, non, plutôt parce qu'il nous est littéralement sorti de l'esprit. Disque très anodin, aux faux airs de chutes de studio, il est peut-être la morne cérémonie de clôture d'un post-rock qui a déjà moult fois montré ses limites. (Julien)
dEUS
En deux albums plus que moyens, les Anversois de dEUS ont épuisé une bonne partie du capital crédibilité qu'ils avaient réussi à engranger depuis leurs débuts à l'entame des années 90. Et malgré un premier single laissant augurer de bien belles choses (« The Architect »), la bande à Tom Barman a surtout montré sur Vantage Point combien elle vieillissait mal. On ira pas jusqu'à dire que l'heure de la retraite a sonné pour le porte-étendard du rock belge, mais une sérieuse remise en question s'impose. (Jeff)
Herman Düne
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Voilà bien une maxime qui colle à la perfection au franco-suédois d'Herman Düne. Depuis le départ d'André, incapable de tirer un trait sur les racines anti-folk qui rendait le groupe si attachant à ses débuts, son frérot David-Ivar est seul aux commandes et ne semble pas en mesure de combler le vide laissé par ce qui fut longtemps son alter-ego. Next Year in Zion est un enchaînement interminable de titres mornes et sans âme, qui ne reflètent en rien la carrière impeccable alors menée jusque là par le groupe. (Jeff)
Squarepusher
Squarepusher se devait d’opérer un des choix les plus difficile de sa carrière avec ce Just A Souvenir : persévérer dans les enfantillages mélo entrevus sur Hello Everyhting ou revenir à des considérations plus aventureuses. Sa crédibilité en dépendait. Mais avec ce Just A Souvenir, Squarepusher ne propose rien de plus qu’une pièce pompeuse et prétentieuse, plongeant allègrement dans les travers infectés d’une IDM jazz consumée. Alors même si l’orchestration se révèle à bien des égards séduisante, on reste sur sa faim en se disant que Squarepusher a encore du pain sur la planche pour reconquérir un public qui était pourtant prêt à tout lui pardonner. (Simon)
The Dandy Warhols
A des lieues du fougueux Dandy's Rule OK mais plus séduisant qu' Odditorium or the Warlords of Mars, Earth to the Dandy Warhols traîne en longueur. Entre morceaux (parfois) réjouissants, (souvent) dispensables, ce sont des Dandies vieillissants que l'on retrouve à l'occasion d'un nouvel effort pour le moins bancal. On attend toujours la révolution musicale prônée par Courtney Taylor 15 ans auparavant. (Adrien)
Sigur Rós
Il y a encore quelques années, le monde entier jalousait ces Islandais dont la musique semblait coupée de tout – du temps et du continent. Les choses ont bien changé et ce sont désormais les Sigur Rós qui sont rongés par l'envie. Ils perdent ainsi leur singularité en se rapprochant de références douloureuses à prononcer comme U2 ou Keane. Inutile de dire qu'on approuve pas du tout ce revirement où la mièvrerie a remplacé la féérie. (Julien)
Thievery Corporation
On connaissait Thievery Corporation pour tirer la musique downtempo vers le haut. Cette fois, avec l'infâme Radio Retaliation, ils perdent leur statut d'exception et disparaissent dans le trou noir Buddha Bar. Rien de plus et rien de moins. Un ratage intégral. (Julien)
Ghinzu
Si Ghinzu se retrouve dans ce classement, ce n’est pas parce qu’un album nous a déçu, mais bien parce que cela fait maintenant près d’un an et demi qu’on nous annonce le successeur de Blow, sorti en 2004 déjà. A part un concert qui n’était pas des plus emballants aux Ardentes en 2007, puis un passage (apparemment plus réussi) par l’Ancienne Belgique en novembre, c’est le vide intersidéral pour les Bruxellois. Reste à espérer que ce Mirror, Mirror (titre provisoire du nouvel album) ne se transforme pas en Belgian Democracy avec John Stargasm dans les rôle d'Axl Rose. (Laurent)