Yasiin Bey Live Band feat Robert Glasper Experiment
Jazz à la Villette, le 9 septembre 2015
L'affiche est plus qu'alléchante: Yasiin Bey aka Mos Def qui revient à Paris avec son pote pianiste Robert Glasper, afin de rapprocher les meilleurs ennemis que sont le jazz et le hip-hop. La date est sold out, et une heure avant le show commence le défilé. Pas mal de quarantenaires, des B-Boys aussi, et même des mecs en costume / attaché-case.
Une fois dans la salle, on est impressionné par son envergure: 4.000 personnes s'amassent devant une scène haute, aux lumières spectaculaires. C'est là que Tony Allen s'élève du milieu du plateau. A lui d'ouvrir le bal avec son band, où chaque instrumentiste trouve sa place, parfois même au point d'avoir en sourdine l'éminent batteur du maître Fela Kuti. Une heure de concert avec comme moments fédérateur son duo avec Damon Albarn, "Go Back". Un Damon Albarn absent évidemment. Une reprise de Fela et un de ses derniers morceaux plus tard, le batteur nous remercie gentiment et s'en va.
Un gros changement plateau plus tard, et le Robert Glasper Experiment entame la seconde partie en compagnie du vocodeur humain Casey Benjamin, que l'on appréciera beaucoup plus avec son saxo entre les mains ! Ca commence par une reprise du "No Church in the Wild" de Watch The Throne, et qui prédit cette relation assumée entre jazz et hip-hop, mais pas pour longtemps. Car après une intro bien longue et un peu chiante, le Mighty Mos arrive enfin, réchauffant un public devenu un peu amorphe. Un regain d'excitation qui ne durera pas, tant les morceaux traînant en longueur, ravissant certainement les "jazzistes" mais peu les fans venus pour Mos Def. Ce dernier répond aux échos free-jazz du live band, mais manque d'engouement, de conviction, de chaleur tout simplement. D'ailleurs, la salle se vide progressivement de son public, laissant penser que celui-ci était prioritairement venu pour Tony Allen... Heureusement pour lui, Yasiin a l'air content sur scène, en délaissant (trop) souvent son traditionnel micro rétro et dansant tranquillement sur le côté. Certains tubes sont au compteur (du Mos au d'autres d'ailleurs, comme le "Stakes Is High" de De La Soul), ils sont tous retravaillés, apaisés, naviguant dans des sphères très afro-beat. Mais à chaque fois l'effet est le même: le public se réveille à chaque intro, pour finalement se laisser bercer par la douceur des jazzmen.
On sort donc un peu frustrés de ce concert, il faut le dire. Dans un autre contexte, dans une salle plus intimiste, la proximité aurait été parfaite et nous aurions pu nous aussi nous laisser entraîner dans une douce léthargie musicale. C'est simple, si ce concert passe près de chez vous, soyez d'abord un amateur de jazz avant d'être un puriste du rap. Et pour ces derniers, d'ailleurs, il y a son BFF Talib Kweli qui vient faire 2 dates, Paris et Louvain, et là, sois confiant, tu vas la prendre la grosse claque qui a tant manqué ce soir !