Wilco
Ancienne Belgique, Bruxelles, le 6 novembre 2009
Les festivals sont souvent une affaire de choix cornéliens, et à ce petit jeu, l’organisation du Pukkelpop n’a pas son pareil pour mettre à rude épreuve les nerfs du festivalier qui a le malheur d'aimer manger à tous les râteliers. Et à chaque année son lot de choix difficiles et, forcément, de mauvaises décisions. En ce qui me concerne, j’ai cette année amèrement regretté avoir quitté le concert de Wilco en cours de route pour aller assister à une prestation pathétique des Deftones quelques centaines de mètres plus loin. Aussi, le retour de Jeff Tweedy et sa troupe sur le sol belge était attendu de pied ferme par votre serviteur et par un public belge qui s’est rué sur les 2.000 tickets d’une date qui affichait complet depuis belle lurette.
Première constatation : le public de Wilco a bien vieilli. Encore principalement constitué d’indie kids à l’époque du bruyant A Ghost Is Born, le calme et le classicisme affichés par le groupe de Chicago sur ses deux derniers albums a désormais séduit un public plus âgé qui voit probablement dans Jeff Tweedy le fils spirituel du grand Neil Young, époque Harvest. Aussi, faut-il voir dans le fait que Wilco monte sur scène dès 20h15 les premiers signes d’encroutement dans le chef d’un groupe qui, sur son DVD Ashes of Amercian Flags, confesse avoir passé les vingt dernières années sur les routes du globe et en ressentir les effets ? On pourrait le penser, avec une mise en jambes tout en tranquillité et saluée avec un peu trop de politesse par un public qui n’a pas toujours donné l’impression d’honorer comme il se doit une légende de la musique alternative américaine. Il faut dire que, comme deux ans plutôt au Cirque Royal, le groupe a déconcerté en ouvrant son concert sur un titre qui ne compte pas parmi les plus connus de son répertoire – en l’occurrence, « Via Chicaco » du Summerteeth de 1999. D’ailleurs, sur une setlist riche de 25 titres, le dernier album du groupe n’a été visité qu’à cinq reprises, contre six titres pour Yankee Hotel Foxtrot et A Ghost Is Born.
Mais finalement, c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Si on a souvent l'habitude d’entendre dire qu’un groupe qui visite à peine son dernier album en tournée en a probablement une faible estime, on ne peut pas en dire autant de Wilco, cette formation qui flirte avec des sommets de maestria depuis de nombreuses années et qui n’a jamais voulu s’enfermer dans un carcan. Et c’est avec beaucoup d’application que les six musiciens américains se sont évertués à nous le démontrer ce vendredi à l’Ancienne Belgique. Tout au long d’un concert impeccable de deux heures et quart, Wilco a sorti le grand jeu, alternant les moments d’infinie tranquilité et les montées électriques dominées par un Nels Cline qui ne peut s’empêcher de maltraiter ses guitares (avec une mention spécialie pour les désormais tubes « Impossible Germany » et « Spiders (Kidsmoke) »), se permettant même de céder au petit jeu de la communion hippiesque avec le public sur « Jesus, Etc ».
Au final, à la lecture de la setlist du concert, on serait tenté de parler de « concert best of », le groupe ayant visité les sept albums studio dont il nous a gratifié depuis sa naissance au milieu des années 90. Mais on le sait, ce genre de pratiques appartient surtout aux groupes traversant une interminable mauvaise passe et vivant tant bien que mal sur les acquis du passé, alors que Wilco nous a une nouvelle fois prouvé qu’il méritait sa place au panthéon de la musique alternative américaine et, surtout, qu'il avait encore de beaux jours devant lui.
Setlist
1. Via Chicago
2. I'll Fight
3. Company In My Back
4. Wilco (The Song)
5. A Shot In The Arm
6. Bull Black Nova
7. I Am Trying To Break Your Heart
8. One By One
9. Misunderstood
10. Deeper Down
11. Handshake Drugs
12. Wishful Thinking
13. Impossible Germany
14. Poor Places
15. Reservations
16. Spiders (Kidsmoke)
Rappel:
17. Jesus, Etc.
18. Sonny Feeling
19. The Late Greats
20. Heavy Metal Drummer
21. Hate It Here
22. Walken
23. I'm The Man Who Loves You
24. Monday
25. I'm A Wheel