Why?
La Maroquinerie, le 7 octobre 2012
Difficile de déceler un faux pas dans la riche discographie du MC Yoni Wolf tant, de ses orageux débuts avec cLOUDDEAD jusqu'à ses projets parallèles les plus remarqués, le rappeur à la tête de rabbin et à la prose nasillarde a toujours su apporter une fraîcheur bienvenue aux sorties hip hop d'un label Anticon dont il a contribué à forger l'âge d'or. Ce n'est toutefois pas un hasard si Why? est son projet le plus cité : en dix ans d'existence, le groupe n'a cessé d'enchaîner des plaques "hip-pop" toutes plus belles les unes que les autres.
La dernière en date, Mumps, Etc. ne déroge certainement pas à la règle. C'est donc avec la fébrilité d'usage que l'on retrouve la troupe de Mr. Wolf ce dimanche 7 octobre dans une Maroquinerie remplie à ras bord, le souvenir intemporel de leur dernière date dans cette salle dans le coeur et les mélodies de leur dernier bébé dans la tête pour un set qui remplira toutes ses promesses. Comme d'habitude.
Habitué des line ups mouvants - le groupe comptait à son bord la présence des quatre et six cordes des disparus Fog lors de son dernier passage - Yoni Wolf a convié cinq acolytes pour venir défendre sur la toute petite scène de la Maro l'excellente discographie du groupe. Du noyau dur de la troupe, il reste outre Yoni Wolf son batteur de frère Jonah Wolf et le multi-instrumentiste Doug McDiarmid. Laissant l'entame du set entre les mains de ses compères, Yoni Wolf choisira de ne surgir du public qu'à partir du deuxième titre, prenant la salle par surprise en entonnant un "Good Friday" d'anthologie, excité comme une puce. Quelle entrée en matière! Piochant dans le meilleur d'Alopecia, d'Elephant Eyelash et du petit dernier, le set d'une heure trente filera des émotions en pagaille à un auditoire conquis d'avance mais qui n'a de toute évidence pas senti venir la surcharge de beauté occasionnée par la métamorphose live de titres comme "The Hollows", "Crushed Bones" ou "Simeon's Dilemma".
Seul petit hic : malgré un groupe profondément habité et un public réactif, il semble que l'alchimie entre ces deux entités ne fonctionne pas pleinement. D'habitude d'humeur boute-en-train, Yoni Wolf et sa troupe semblent réservés, limite timides. Ainsi, chaque nouveau morceau de la setlist semble s'exécuter de façon sèche, sans que le public ou le groupe ne sorte réellement de sa zone de comfort. Et on se prend alors à souhaiter que certains titres durent un peu plus longtemps, histoire de retarder cette courtoisie mutuelle presque glaçante mais souvent balayée par les applaudissements insistants d'une foule heureuse. Il fallait au moins ça.
A l'arrivée, l'étincelle n'aura pas été là ce dimanche soir, mais c'est probablement la seule chose qui a manqué à l'appel pour faire de cette prestation le même hold-up sentimental qu'il y a deux ans, dans cette même salle. Car une nouvelle fois, le groupe américain n'a pas failli à sa réputation, défendant avec beaucoup d'intensité une setlist qu'on aurait bien voulu rallongée d'une vingtaine de titres. Et quand Why? choisit d'entonner "Gemini (Birthday Song)" pour clôturer cette belle soirée, occasionnant son habituel lot de frissons, difficile de ne pas y laisser quelques larmes en souhaitant que la prochaine fois, ce soit encore mieux.