Tom McRae and the Hotel Café Tour 2008
Paris, Le Nouveau Casino, le 17 mai 2008
Passé un an plus tôt à la Cigale dans le cadre de la tournée consécutive à la sortie de King of Cards, son dernier album à ce jour, Tom McRae était déjà de retour à Paris en ce joli mois de mai 2008 dans le cadre d'une configuration très spéciale. Ceux qui ne s'attendaient à voir l'Anglais seul sur scène ou entouré de ses musiciens ont dû être surpris !
Car accompagné d'amis à lui, membres du collectif Hotel Café, le blondinet n'était presque qu'un artiste parmi d'autres sur la scène du Nouveau Casino. "Presque" car, bien évidemment, l'essentiel des spectateurs ce soir étaient venus pour entendre ses sublimes mélodies dépressives, ce qu'il n'a pas manqué de faire. Ce concert était toutefois également une chance de découvrir de nouveaux horizons. De ce point de vue, ce concert exceptionnel s'est révélé être une réussite d'anthologie.
Dernière date d'une tournée entamée voici plusieurs mois, le show était non seulement incroyablement fun grâce à des monologues et des commentaires sur la musique des uns et des autres pour certains hilarants, mais également riche en émotions, les six gus (dont une demoiselle) présents ce soir ayant visiblement du mal à se convaincre de la fin d'une aventure lancée sur l'initiative de Cary Brothers, dont on reparlera plus bas.
Ouvert par Tom McRae et la sympathique "For the Restless" (All Maps Welcome, 2005), le concert s'est déroulé ensuite sur un principe métronomique : deux morceaux de chaque artiste membre du Hotel Café, la première session ponctuée par un entracte gymnastique, la seconde par un feu d'artifices au son de certains des meilleurs morceaux de l'Anglais ("End of the World News", "The Boy With the Bubblegun"…). Comme souvent dans ce genre de manifestation festivalière, le niveau des prestations varie assez sensiblement.
En l'occurrence, entre la pop US aseptisée et soporifique de Cary Brothers (auteur, tout de même, de la jolie "Blue Eyes" qui figure sur la bande originale du film Garden State de Zach Braff) et le rock texan du surprenant Brian Wright, il y avait à boire et à manger ce soir, pour un concert, au final, de très bonne tenue.
Mention spéciale pour Greg Laswell, en songwriter post-dépression chapeauté, auteur de très belles chansons, dans la veine de ce que Tom McRae peut produire de meilleur, et dont on reparlera sans doute dans les semaines qui viennent sur GMD car celui-ci mérite vraiment le détour par sa personnalité extrêmement attachante et son talent certain.
Catherine Feeny, pour sa part, seule femme du collectif présente ce soir, est un sosie de Carla Bruni-Sarkozy, les poils aux aisselles en plus (on aime ou on déteste). Munie de sa guitare, pour une orchestration globalement dépouillée, elle a présenté certains morceaux de ses deux albums sortis à ce jour (dont Hurricane Glass, dont on reparlera également) très mélodieux, réhaussés d'une voix absolument superbe.
Jim Bianco est un véritable showman. Autoproclamé "chanteur le plus sexy du monde", moulé dans un jeans blanc pas forcément du meilleur goût, il éructe de sa voix rocailleuse des textes à tendance libidineuse, sur une musique digne d'un club de strip-tease, en demandant au public de pousser des cris de chienne en rut. Moyennement emballant. Ceci dit, c'est lui qui a créé la surprise en s'invitant au milieu de la foule pour un gentil happening d'un très bon esprit.
Brian Wright, enfin, donne dans le rock sudiste, ne cachant pas ses origines texanes. Pas très loquace, contrairement aux autres, il a convaincu l'assemblée à la seule force de sa musique et de sa prestation, extrêmement intense, limite extatique, qui pourrait lui permettre d'être davantage connu par ici.
Au final, ce show de trois heures (!) a permis non seulement de revoir sur scène l'excellent Tom McRae, ce qui n'était pas le moindre de son intérêt, mais offert également la rare possibilité de rencontrer de nouveaux artistes pour la plupart très talentueux, le tout dans une ambiance festive et amicale, à mille lieues des concerts glaciaux auxquels on a de plus en plus souvent l'occasion de se rendre ces derniers temps. Il fallait être là, ce soir, pour s'en rendre compte.