Tindersticks
Le Bikini, le 18 octobre 2012
Le vent d’autan se déchaîne avec des rafales à 100km/h pour cette soirée qui voit les Tindersticks retrouver le Bikini pour défendre leur dernier album en date, The Something Rain. On arrivera juste pour le dernier morceau de Thomas Belhom (anciennement de Amor Belhom Duo et qui a notamment croisé les routes de Lambchop et de Calexico), qui ouvre pour les Tindersticks à la demande d'un Stuart Staples qui faisait un petit featuring sur le dernier album du français. Et finalement on se dit que l’on n’a pas raté grand-chose, même s’il est délicat de juger sur un seul morceau. Pas désagréable mais franchement, voir un musicien passer son temps à changer d’instruments pendant un morceau et utiliser son looper, ce n'est pas franchement passionnant et on a vraiment du mal à accrocher et rentrer dedans.
Le temps de prendre une pinte, de s’en griller une sur la terrasse au bord de la piscine et de constater qu’il y a pas mal de monde ce soir, ce qui fait plaisir surtout au vu de la dernière prestation des Anglais ici-même pour Falling Down A Mountain ou la salle était à peine au tiers remplie.
La formation qui accompagne Staples est toujours la même depuis le retour du groupe après le long hiatus qui a précédé The Hungry Saw. Un groupe resserré dont les seuls membres originels restant sont Dave Boulter pour les claviers et le xylophone et Neil Fraser pour la guitare, auxquels sont venus s’ajouter les excellents Dan McKinna à la basse et Earl Harvin à la batterie. Après deux morceaux du dernier album, dont l’excellent « Medicine », le groupe enchaîne avec une belle version de « I Was Your Man » ce qui sera le seul morceau de sa première période et aussi la préférée de la plupart des fans - comprendre celle des trois premiers albums avant le virage soul. Stuart A. Staples, jusque-là habité et ne manquant pas un « thank you » timide mais sincère après chaque titre, lance un « Factory Girls » aux musiciens pour la suite. A la fin de la lente et magnifique intro, il lance « again » aux autres, et on repart pour un tour en se disant qu’il souhaite prolonger l’ambiance cotonneuse et mélancolique du morceau. Mais arrivé à la fin de l’intro, Stuart sans doute agacé par les bavardages, fait comprendre à ses musiciens qu’on va laisser tomber et changer la setlist « so the people can talk ». Petit froid parmi le groupe, qui enchaîne toutefois sur un tempo et un esprit bien différent de ce qui était visiblement prévu…
On aura ensuite essentiellement droit à des titres extraits des deux derniers albums plus quelques-uns de la période Simple Pleasure - Can Our Love… - Waiting For The Moon. Deux versions de « This Fire Of Autumn » seront jouées : une fidèle à l’album en début de set et une ralentie et beaucoup plus groovy vers la fin où la section rythmique McKinna/Harvin fait des merveilles. Une reprise complètement appropriée du classique de Neil Young « A Man Needs A Maid », ce qui rend votre serviteur tout bizarre puisqu'il l’aura entendu trois fois en une semaine (avant le concert de Get Well Soon dans sa version originale, dans un épisode de Six Feet Under repris par des personnages de la série et ce soir donc. Les coïncidences parfois…).
Le malaise est enfin retombé et la prestation est impeccable même si on sent encore un reste de tension chez Staples qui dit quand même beaucoup moins merci qu’au début du set. En conclusion, le groupe retente et réussi enfin à jouer « Factory Girls » et Stuart quitte la scène en expliquant qu’ils tenaient à jouer leur morceau préféré. Un rappel syndical de deux titres et l’affaire est pliée.
Alors certes le concert en termes de performance était très bon et il n’y a rien à redire de ce côté-là, mais il est vrai que le petit incident du début - même si visiblement l’essentiel du public n’a pas saisi ce qui se passait - laisse un goût bizarre en bouche. Et si c’est bien entendu toujours un plaisir de voir les Anglais sur scène et que les nouveaux morceaux se défendent très bien, un petit appel supplémentaire à la nostalgie des vieux fans que nous sommes ne nous aurait pas déplu.