The Ting Tings
Mérignac, Krakatoa, le 23 avril 2009
Auteurs d'une pop édulcorée revêche, révélation britannique de l'année 2008 avec leur premier effort intitulé We Started Nothing, les Ting Tings étaient de passage ce jeudi 23 avril au Krakatoa à Mérignac dans le cadre de leur tournée française, soldout depuis plusieurs semaines. Quoi de plus normal pour ce duo dont les fulgurances pop ont tourné en boucle sur les ondes tant nationales qu'internationales. Devant un tel engouement, Jules de Martino et Katie White se sont ainsi permis un détour par la FNAC bordelaise, une centaine de fans et de curieux venus acclamer leur prestation pour le moins furtive et guère convaincante à travers leurs versions acoustiques de "Great DJ", "Fruit Machine" et "That's Not My Name", trois morceaux pêchus ne se prêtant pas à un tel exercice (Katie White, lucide, le reconnaissant volontiers). C'est donc avec une impatience mesurée que je me suis dirigé vers la salle mérignacaise, bien plus apte à laisser libre au cours à l'énergie indomptable de ces anglais.
Arrivé dans l'arène, les Parisiens de We Are Enfant Terrible débutaient furieusement leur première partie, à coup d'electro rock savamment dosé. Une prestation d'une bonne demi-heure qui n'aura décidément laissé personne sur le carreau : les trois garnements auront effectivement congratulé leur auditoire par leurs mélodies catchy imparables et leur dynamisme sans équivoque. Entre la chanteuse partant dans des excès tourmentés, au croisement entre la mystique Siouxsie et les vocales torturées d'Alice Glass, le guitariste fantasque grand guignolesque avec son micro/téléphone et ses imitations ironiques de sa comparse, sans oublier le batteur bête de scène se débattant dans toutes les positions imaginables (et cassant par la même une baguette), l'ambiance est vite devenue jouissive pour le plus grand bonheur d'un public comblé par tant d'impétuosité.
Après un show méchamment claqué par ces «enfants terribles», Jules de Martino déboule sur scène, caché derrière ses lunettes à faire pâlir notre Philippe national. Impassible, le multi-instrumentiste compose quelques notes au synthé puis s'installe à la batterie, guitare électrique empoignée. Évocation éclair du One Man Band, tandis que sa collègue joliment apprêtée débute sa prestation scénique qui allait s'avérer des plus enthousiasmantes. Car les Ting Tings font partie de ces groupes généreux, sans prise de tête et arrogance, redoublant d'efforts pour susciter l'intérêt du public. Mignonnette s'est donc avérée la tentative de Katie White d'articuler quelques mots en français : « désolé pour mon français, c'est la meurde» et ce avant d'entamer les premières mesures de "Great DJ", véritable hymne pop bien troussé par nos deux hôtes d'un soir. Dès lors s'est ensuivie une demi douzaine de titres, marquants tant par leur efficacité que par le dynamisme palpable de leurs interprètes (particulièrement Katie White, toute sauterelle qu'elle est, n'aura pas laissé la gente masculine indifférente) et ce malgré quelques tendances à s'éterniser, notamment sur le titre "Traffic Light".
Petite pause, le temps de reprendre ses esprits et d'installer un deuxième synthé (notons à cette occasion l'excellent travail du staff technique). L'esprit bon enfant étant de rigueur, Jules de Martino livre alors un medley improbable, carrément jubilatoire : du "Rock This Way" d'Aerosmith au "Je t'aime, Moi Non Plus" du duo Gainsbourg/Birkin, en passant par l'indémodable «Voyage, Voyage» de Desireless, le public, en liesse, applaudit le manque de sérieux général.
Au final, on retiendra la performance exubérante des We Are Enfant Terrible, résolument taillés pour la scène et surprise incontestable de la soirée. Quant aux Ting Tings, ils auront proposé une prestation à la hauteur de leurs ambitions, pleine d'efficacité à l'image du final en apothéose incarné par "That's Not My Name" et son Girl Power. La poignée de Fluo Kids repart conquis, les plus grands globalement convaincus. Et c'est bien là l'essentiel.