Ryan Hemsworth / UZ
La Machine du Moulin Rouge, le 31 janvier 2013
Défi du jour : amener sa copine à une soirée trap. Attention, bien sûr que beaucoup de filles aiment la trap, mais essayez de faire écouter, au hasard, « Ballin’ Out » de Waka Flocka Flame à une amie qui n’écoute pas particulièrement de rap et vous verrez sa réaction face à cette prose magnifique - "gucci gucci gucci wassup wassup wassup nigga nigga nigga hey hey hey hey". Et si en plus vous vous prêtez au jeu une fois arrivé à la soirée et dansez comme un déficient mental, c'est pas gagné.
Mais c’est une autre histoire. Après avoir réprimandé Jean-Pierre Coffe qui encombrait le trottoir avec son garde du corps, son chauffeur et ses amis en sortant du Moulin Rouge, nous entrons donc à La Machine, non sans avoir regardé préalablement les horaires de passage afin d’arriver à point nommé pour Ryan Hemsworth. La foule est clairsemée, on voit peu de danseurs mais les canapés sont en revanche occupés par une faune hétéroclite et très paisible. Il est vrai que le set du Canadien commence doucement, dans une ambiance r’n’b 90s à la TLC, avec bien sûr des déferlements de charleys par-ci par-là. Mais le DJ redonne ses lettres de noblesse à ce titre tant usurpé (pour ceux qui ne passent pas leur vie sur internet, on peut trouver une vidéo de Paris Hilton derrière les platines) et rappelle au public qu’il est aussi et surtout un producteur : il ne se contente jamais de passer les morceaux mais réalise à chaque fois des edits. Son edit du « Thinkin’ Bout You » de Frank Ocean circule sur la toile par exemple mais ce soir c’est encore une version différente qu’il propose, tout aussi attrayante. Idem pour « Backseat Freestyle » de Kendrick Lamar, qui a retourné le Bataclan quelques jours auparavant, deux morceaux de Danny Brown, un « Amen » de Meek Mill méconnaissable et bien sûr le fantastique « Turn On The Lights » de Future.
Il intègre dans son set ses propres productions et c’est une impression de montagnes russes qui s’impose, ou un ascenseur émotionnel, avec alternativement du down-tempo et du banger. Un set complet et une bonne introduction avant le bulldozer UZ. Alors là on peut oublier le r’n’b, le dj-masqué-que-personne-sait-qui-c’est-et-même-que-y-a-plein-de-rumeurs-folles n’est pas là pour rigoler. Ca tombe bien, la foule s’est massée devant la scène et a l’air plutôt disposé à faire en sorte que la deuxième venue de la signature de Mad Decent en France, après les Transmusicales, se solde par un joli bordel. Et c’est le cas, ça tabasse, donc forcément c’est pas bien subtil, répétitif et on tombe parfois dans le dubstep un peu crasse mais c’est efficace. En sueur, je quitte le lieu, un peu déçu de ne pas pouvoir assouvir ma curiosité concernant Cashmere Cat, mais je ne suis pas seul. Ah les gonzesses.