Pukkelpop 2010
Kiewit, le 19 août 2010
25 ans, ça se fête. Mais clairement, on espérait une nouba un peu plus réussie pour le Pukkelpop, qui depuis de nombreuses années symbolisait ce qui se faisait de mieux en matière de festivals belges, à la croisée des chemins entre la foire à bétail de Werchter et le bordel plus ou moins organisé du Dour Festival. Mais alors qu'on pensait voir le festival limbourgeois mettre les petits plats dans les grands pour cette édition qu'on nous annonçait grandiose, c'est plutôt un festival en mode mineur qui a été offert aux 62.500 personnes qui ont foulé chaque jour la plaine de Kiewit.
Et si l'on n'a jamais douté de la capacité de l'organisation à gérer comme il se doit le premier sold out de son histoire, on commence sérieusement à remettre en question ses aspirations. Alors qu'il y a quelques années le Pukkelpop était un festival où il faisait bon déambuler d'une scène à l'autre (et quand il y en a sept, on a le choix) et où il n'était pas nécessaire de faire le pied de grue pour se ménager une place de choix, cette année ne s'est pas inscrit dans la continuité. La faute à une affiche en totale inadéquation avec la ligne de conduite qui avait fait de l'évènement un incontournable de l'été festivalier belge et européen. En effet, on se demandait un peu ce que Blink 182, Placebo, Snow Patrol ou Iron Maiden venaient bien foutre tout en haut de l'affiche, alors qu'il n'y a pas si longtemps que cela, les têtes de gondole s'appelaient Daft Punk, Radiohead, Nick Cave ou Jane's Addiction.
La conséquence? En 2010, le Pukkelpop ressemble de moins en moins à un festival réunissant le vrai amateur et de plus en plus à une grosse fiesta en plein air où la musique semble un peu trop souvent secondaire – les mauvaises langues diront que cela ressemble de plus en plus au festival lambda. Heureusement, avec 180 groupes à l'affiche, ce n'était pas les bonnes choses qui manquaient au programme, mais pour la première fois depuis de nombreuses années, la chasse aux découvertes et aux bonnes prestations a été grandement compliquée par une foule un peu trop compacte pour vivre une expérience vraiment agréable.
Alors, petit accident de parcours ou « Werchterisation » lente mais certaine de l'évènement? Si l'on aimerait vraiment parier sur la première option, les dernières éditions ne poussent pas vraiment à l'optimisme béat. Il n'empêche, avec pas moins de quatre rédacteurs de l'équipe présents en terre limbourgeoise, nous avons été en mesure de bouffer du son trois jours durant. Au final, outre une belle volée de concerts plus qu'agréables (Aeroplane, Laurent Garnier, Against Me!, Tame Impala, Frightened Rabbit, Eels ou Seasick Steve) et quelques déceptions de taille (Magnetic Man, Diplo, Hot Chip, Kelis ou Uffie), on retiendra dix concerts réellement intéressants pour cette édition qui n'a eu au final rien de vraiment mémorable...www.pukkelpop.be