Primavera Sound
Barcelone, le 26 mai 2011
On a beau vieillir et se dire que les festivals, ce n'est plus trop de notre âge, il suffisait de prendre connaissance de l'affiche kilométrique du Primavera Sound pour réserver son billet d'avion sans trop tarder. C'est bien simple: tout ce qui a fait l'actu du rock indépendant ces derniers mois s'est donné rendez-vous au festival catalan. Ajoutez à cela un joli paquet de vieilles gloires de passage en terres espagnoles pour notre plus grand bonheur et vous obteniez ce qui est plus que probablement le meilleur festival d'Europe. Sur papier du moins. Parce que dans les faits, on a bien quelques reproches de taille à formuler à l'organisation.
Pensant que cette année il serait vraiment bon d'en foutre plein la vue au festivalier et d'utiliser un « judicieux » système de cartes à recharger et d'iPads pour la vente des boissons, il y a un responsable IT qui a dû en prendre pour son matricule dès le premier soir. En effet, suite à un mauvais fonctionnement généralisé du système informatique, seul deux bars fonctionnaient à l'ouverture des portes. Deux bars sensés étancher la soif de… 40.000 festivaliers. C'est bien simple, en ce premier jour de Primavera Sound, il était plus facile d'obtenir de la coke et du haschisch qu'un godet de San Miguel mal servie. Parce que quand vous arriviez jusqu'au bar, il fallait encore faire face à l'incompétence de pas mal de bénévoles pas vraiment aidés par une répartition des tâches indigne d'un évènement de cette taille. Et pour couronner le tout, on n'a pas eu droit à la moindre communication de l'organisation qui, aux alentours de minuit, a quand même décidé d'ouvrir tous les bars où il était alors possible de payer en cash. Un vrai beau bordel qui a été une sérieuse source d'énervement chez des festivaliers qui avaient quand même dû s'acquitter de 160 euros pour entrer sur le site – un montant finalement assez élevé au regard du salaire moyen espagnol, et qui explique aussi la présence massive d'Anglais pour qui cette somme n'est rien en regard des 250 euros à débourser à Glastonbury par exemple. On déplorera également la taille un peu trop imposante du site, dont certaines des sept scènes pouvaient être séparées d'un petit kilomètre, ce qui influait énormément sur les choix de programmation – et dieu sait s'ils furent nombreux et compliqués. Pourtant, malgré l'énorme taille du magnifique site tout de béton, cela n'a pas empêché une certaine pollution sonore à de nombreux moments.
Mais tout ne fut pas négatif dans ce festival, à commencer par la musique, qui était quand même la raison première de notre venue en Catalogne. Et à ce petit jeu, les organisateurs se sont acquittés de leur boulot avec le professionnalisme requis. Son généralement très bon, retards quasi inexistants et peu de modifications d'horaires – encore heureux en même temps, la communication sur le site étant inexistante. En trois jours (on parlera plutôt de nuits, les concerts ne commençant qu'à 17 heures pour se terminer environ douze heures plus tard), nous avons bouffé de la musique à toutes les sauces et tous les goûts, seul ou accompagné, avec préméditation ou par pur fruit du hasard. Et de ces dizaines de concerts dégustés par le rédac' chef himself, nous en avons sélectionné une bonne dizaine qui méritaient qu'on s'y attarde un peu plus, pour de bonnes (et aussi moins bonnes) raisons.