Concert

PaCRocK 2015

Pont-à-Celles, le 25 avril 2015
par Jeff, le 28 avril 2015

On a vraiment envie de vous parler du PaCRocK. On a vraiment envie de le faire dans des termes qui vont être élogieux. Le problème, c’est qu’à trop vanter les mérites de cette édition 2015 du festival, on risque de donner l’envie à certains de nos lecteurs d’aller y faire un tour l’année prochaine, de venir grossir les rangs d’un public peut-être un peu trop clairsemé à notre goût ce weekend. Mais bordel, on était si bien samedi dernier à Pont-à-Celles qu’on y a réfléchi à deux fois avant de coucher ces quelques dithyrambes sur papier, de peur de créer des attentes ou de convaincre des indécis qui vont regretter d’être restés affalés dans leur sofa à mater Game of Thrones.

Il faut dire qu’avant même le voyage en caisse vers Pont-à-Celles, la satisfaction était de mise : après plusieurs éditions à se chercher une véritable identité et à tâtonner avec des affiches qui, à vouloir ménager trop de sensibilités, n’allaient au bout du compte nulle part, le festival tapait cette fois dans le mille avec un line-up mettant l’accent sur le bon rock indé, celui avec pas mal de poil au menton et (surtout) aux burnes. 

Confirmation dès notre arrivée sur place avec les concerts des Flamands de Bed Rugs, qui étaient la veille à Bologne en compagnie de Balthazar et dont les accointances sonores avec Tame Impala étaient une mise en jambes idéale avant la véritable claque assénée par les Montois de La Jungle. Déjà ébouriffante sur disque, leur vision bien à eux d’une esthétique math-rock est transcendée sur scène, où des influences métal et hardcore se font encore plus perceptibles. Forcément, derrière, le rock indé un peu goguenard de Peter Kernel manquait un peu de pêche, malgré une décontraction et un capital sympathie / blagues pourries à toute épreuve. Mais à eux trois, ces groupes sont un bon résumé de ce que fut le PaCRock cuvée 2015 : un régal pour les amateurs de guitares, certes, mais toujours dans des choix qui plairont à l’oreille un peu curieuse.

On pourrait continuer sur ce ton pendant des paragraphes et vous expliquer par le détail qu’on a apprécié le hardcore braillard de Grieves, que malgré leur omniprésence dans nos contrées les gars de Mountainbike ne nous cassent toujours pas les couilles, que la soupe noise / doom / sludge de Raketkanon voit sa puissance décuplée sur scène, que les gars de Quadrupède ont confirmé que leur mélange match-rock / electronica foutait bien un barouf pas possible et que malgré un très bon concert, on a senti These New Puritans un peu mal à l’aise dans leur costume de headliner. Ou que la pluie diluvienne a pourri une partie de notre journée sans pour autant entamer notre motivation. Ou que le Pac burger est un des trucs les plus succulents qu’on ait bouffé en festival depuis des lustres.

Mais tout cela n’arrivera probablement jamais à traduire le sentiment de satisfaction que l’on a ressenti en quittant le site sous une pluie battante, le sourire en banane. En effet, à une époque où le festival est une industrie comme beaucoup d'autres qui brasse les millions, il est bon de se dire qu’il y a encore des événements comme le PaCRocK, qui ne déplacent peut-être pas des foules folles, mais qui ont le mérite d’exister et de s’accrocher comme des morts de faim à leur pérennité. Et surtout, on se dit que c’est ce genre d’événements qui méritent un soutien digne de ce nom des pouvoirs publics, et non des pantalonnades de taille XXL comme le BSF. 

Crédits photos: Olivier Bourgi (La Jungle et Quadrupède), John Gallardo (Peter Kernel et Moutainbike)