Metric
Paris, La Maroquinerie, le 4 mai 2009
« Metric, ce n'est pas CNN ! ». Curieuse description de son groupe de la part de la Canadienne Emily Haines, anglophone qui se hasarde, sur scène, à balbutier quelques mots de français. Pourtant, voici un point que l'on ne peut que concéder à la chanteuse : sa formation ne possède aucun point commun avec cette chaîne de télévision vieillissante, qui débite des news ronflantes et des pseudo analyses soporifiques à longueur de temps. Les quatre Canadiens, pour leur part, jouent de la musique pour les jeunes, sans aucune tentative de délivrer ni message ni discours quelconque. « Pure énergie » : voici deux mots qui conviennent parfaitement à un groupe et, en particulier, à une chanteuse totalement déchaînée pendant une heure et quart de concert, quand tant d'autres seraient à genoux après une telle débauche d'énergie.
Sorti voici quelques jours seulement, le troisième album de Metric s'est taillé la part du lion lors de ce concert du 4 mai 2009 à la Maroquinerie (Paris). Il est pourtant toujours délicat pour un groupe de vraiment emballer son public avec des morceaux encore peu maîtrisés, peu entendus. Et c'était bien le cas ce soir : alors que tout le monde attendait fébrilement le mythique « Dead Disco », hymne de leur second album sorti en 2003, Emily Haines et sa petite bande ont choisi de jouer essentiellement des titres de Fantaisies, leur dernière galette, quitte à laisser un peu sur le carreau toutes celles et tous ceux, nombreux, qui n'avaient pas encore eu la possibilité de poser une oreille sur ce nouvel album - un disque que l'on n'attendait guère plus d'ailleurs, après l'escapade en solo de la blonde, qui avait radicalement changé de registre en enregistrant sous son propre nom et dont on se demandait si elle renouerait avec ses premières amours rock'n'rollesques.
Oubliées, pourtant, les ballades déchirantes au piano : lorsqu'elle fait partie de Metric, Emily Haines est clairement une autre femme, pour ne pas dire une pile électrique. Alors ça pogote dans le public, ça bouge les bras, ça saute... et ça fatigue, aussi. Car, en déployant une telle énergie, illustrée par les nombreux solos de guitare, les Canadiens ont un peu oublié les mélodies au passage. Oui, il y a bien « Dead Disco », morceau absolument imparable, probablement la meilleure chanson jamais écrite par la petite bande. Mais, à côté de ce titre, finalement joué au bout de plus d'une heure de concert, c'est un peu morne plaine : Metric joue du sous-Sonic Youth, assez peu inspiré, il faut bien le dire, trouvant un échappatoire dans de trop nombreuses et trop longues digressions faisant s'étirer les morceaux plus que de raison.
Ironiquement, le groupe avait intitulé son troisième album Live It Out, comme pour signifier à son public que sa véritable place se trouvait sur scène et qu'il relevait de la gageure de tenter de coucher sur disque cette énergie qui les caractérise. Pourtant, c'est bien sur disque qu'on les préfère, quand ils font au moins semblant de canaliser cette débauche de décibels à rendre sourd n'importe quel individu lambda qui aurait oublié ses bouchons au vestiaire. Metric matraque, à en donner très mal au crâne.