Joakim
La Scène Numérique, Aix-en-Provence, le 14 mars 2009
C'est par une belle soirée de fin d'hiver qu'Aix-en-Provence accueillait Joakim, à l'occasion de la première soirée d'envergure que proposait Seconde Nature dans son nouvel espace permanent – la Scène Numérique. On peut dire que la grande association aixoise n'a pas perdu de son identité en sortant du cadre de son festival annuel : toujours irréprochable sur le plan esthétique, parfait dans l'organisation, Seconde Nature a bien prouvé qu'il avait tout pour s'imposer comme le premier projet multiculturel en France méditerranéenne.
Dès 20h, en guise de hors d'œuvre, l'Amateur et son équipe présentaient leur émission "Bienvenue au Club" (sur Radio Grenouille) en compagnie du patron de Tigersushi. L'ambiance était décontractée, ça papillonnait comme dans un vernissage d'art contemporain, vin bio et champagne en guise d'agréments. C'est avec la même tranquillité que l'Amateur rejoignit le fond de la salle, son cœur, pour entamer un warm-up des plus confortables, entre electronica et space disco. Une douce et lente montée en puissance pour chauffer à blanc un public de plus en plus nombreux, à un doigt d'exploser aux déflagrations de Joakim.
Joakim, donc, qui nous offrit ce qu'il sait très bien faire. Un dj set explosif à la sélection de haute-volée – quoique assez prévisible. Ont été passés en revue tous ses classiques et meilleurs remixes, entre autres ses relectures du "Pocket Piano" de Dj Mehdi et de "Ethnic Instrument" de The Chap. Comme à son habitude, disco, techno et rock se sont entrechoqués sans cesse, pour le plus grand plaisir de clubbeurs très vite bouillonnants. Ce plaisir que possède Joakim à faire se heurter les contraires le rend irrésistible, capable de rallier tout le monde sous sa bannière. On peut noter en prime sa grande aisance technique, démontrée par un set très propre et souple. Si on devait juste lui mettre un bémol, ce serait, comme annoncé un peu plus haut, l'impression de monotonie qui peut nous submerger au bout d'un moment. Deux raisons à ce possible essoufflement : le côté best-of que peuvent former les titres joués (pas de grande surprise ni d'étonnante révélation) et la relative linéarité de sa proposition. Mais cela amène à des questions plus théoriques et des réponses plus personnelles : quel sens donne-t-on à l'éclectisme d'un mix? Je serais tenté de répondre que cela doit renvoyer à des humeurs différentes au fil de la soirée, et irrémédiablement à des tempos fluctuants. Or Joakim, lui, a choisi le pitch unique, une cadence indéfectible sur laquelle tout morceau pouvait se greffer à tout moment. D'où l'étrangeté par exemple d'entendre le "Crispy Bacon" de Laurent Garnier excessivement ralenti, placé en début de soirée entre deux sons discoïdes ne le mettant pas du tout en valeur.
Exception faite de ce choix artistique dont ne je fus guère convaincu, Joakim prouva tout de même qu'il était haut la main un des meilleurs djs de la mouvance néo-kraut-disco. Car, et il a suffit d'ouvrir grand les yeux pour s'en convaincre, pas grand monde n'a pu réprimer son envie de danser des heures durant. En partant, épuisé, certains n'avaient pas l'air prêt de battre retraite, autre signe on ne peut plus objectif d'une soirée réussie.