Inrock Indie Club Spécial Wichita
Paris, La Maroquinerie, le 18 décembre 2008
Wichita est l'un des labels indépendants les plus en vogue du moment. On doit à ses têtes chercheuses des signatures aussi prestigieuses que Bloc Party ou encore My Morning Jacket, dont l'exceptionnel Z est encore dans toutes les mémoires. C'est donc a priori avec beaucoup d'intérêt et l'envie de découvrir de nouveaux talents que nous nous sommes rendus le 18 décembre 2008 à La Maroquinerie (Paris) pour assister au festival Indie Club sponsorisé par les inénarrables Inrockuptibles et dédié, ce soir-là, aux groupes de ce label. Et l'on verra que les formations qui se sont produites sur scène n'ont pas spécialement brillé.
Initialement prévues à l'affiche, les Suédoises de Those Dancing Days se sont fait porter pâles au dernier moment, ce qui a automatiquement amputé la soirée d'une bonne partie de son intérêt. On aurait en effet beaucoup aimé découvrir sur scène leur "twee pop" dans la plus pure tradition nordique (Nu!, The Brunettes, etc.). Dommage. Il aurait fallu bien des efforts aux autres groupes pour tenter de pallier cette défection.
Las, on ne pouvait pas spécialement compter sur le Français Arch Woodman, accompagné de son groupe, le Hope & Believe Collective, pour lancer bien loin la soirée : ils jouent fort pour masquer des mélodies particulièrement faibles et, surtout, un chant juvénile complètement à côté de la plaque, qui n'est pas sans rappeler celui de Gary Lightbody de Snow Patrol. Chanteur au charisme d'huître, chansons sans intérêt, groupe totalement transparent, hormis une jolie flûtiste : résultat, on s'est endormis.
Le groupe suivant, Lovvers, a eu au moins le mérite de nous réveiller. Et pas qu'un peu. La chronique de leur album, Think, parue il y a quelques semaines sur Goûte Mes Disques nous avait prévenus : le punk rock cradingue à l'ancienne – c'est-à-dire complètement décérébré – de ces trois Anglais ne brille pas par son intelligence. Le chanteur, bourré, stone, voire débile profond, éructait depuis plusieurs minutes dans un micro qui ne fonctionnait pas et demanda subitement au gars au fond de la salle, derrière sa console, de monter le son. Sauf que le gars en question n'était pas compétent et lui a répondu : "I'm fucking in charge of the light !". Véridique et pathétique ! Avant de perdre une oreille dans l'histoire, on a eu vite fait de monter prendre un verre à la buvette.
Puis vint le tour de Sky Larkin. Originaire de Leeds, le trio emmené par Katie Harkin, qui officie au micro et à la guitare, ne manque pas d'humour : la chanteuse était déguisée en sapin de Noël, tandis que le batteur, torse nu et aussi sexy qu'un bâton de sucette, portait une barbe blanche et un bonnet de Père Noël. Heureusement, la prestation de ce groupe a quelque peu relevé le niveau : sans atteindre des sphères particulièrement élevées, leur indie rock a eu le mérite de flatter quelque peu l'oreille grâce à la voix de Miss Harkin et à quelques chansons énergiques et sympathiques. Pas de quoi fouetter un chat non plus, ce que l'on vérifiera (ou pas) en janvier 2009 avec la sortie de leur premier album.
Finalement, la salle s'est remplie pour la tête d'affiche de la soirée, en l'occurrence les Gallois de Los Campesinos!, dont le premier album avait bien plu à notre Jeff national. À six sur scène, les Paysans ont fait du bruit, beaucoup de bruit, et ont joué dans un bordel ambiant que l'on imagine toutefois savamment orchestré. Dynamisante, leur prestation n'a pourtant pas totalement convaincu au-delà de la bande d'ados qui se satisfait traditionnellement de n'importe quel larsen pour pogoter gaiement. Limité.
Au final, le festival Wichita ne marquera pas les esprits, entre groupes franchement nuls et prestations moyennes. Il va sans dire que la présence de Bloc Party et de My Morning Jacket aurait certainement laissé une impression toute autre…