Horst Festival 2017
Holsbeek, le 9 septembre 2017
Askip, en 2017, un festival est avant tout une "expérience". En vrai, on ne sait pas trop ce que l'on entend vraiment par là, même si on a la légère impression que c'est du gros bullshit de marketeux visant à nous faire croire que quelques foodtrucks, des stands promotionnels à n'en plus finir, une jolie app qui te dit qui a annulé en dernière minute et des campagnes à base de gens stylés et heureux sur les réseaux sociaux, cela suffit à créer une "expérience". Et ce alors qu'on a tous fait assez de festivals dans notre vie pour avoir arrêté de croire à ces balivernes il y a environ 10 ans.
Et puis à l'occasion, il y a des évènements qui ébranlent nos certitudes de gens qui ont tout vu, tout connu, tout entendu et tout critiqué - à commencer par ces mêmes festivals où nous remettons les pieds tous les ans. Et le HORST fait partie de ces organisations qui nous font croire à la possibilité réelle d'une "expérience", de vivre un festival autrement qu'en pensant à la prochaine édition qui, dans le monde idéal de ceux qui les conçoivent, serait toujours plus grande. Dans le cas du HORST, ce n'est pas vraiment la démarche telle qu'on la perçoit une fois que l'on arrive à Holsbeek, petite commune située à quelques encablures de Louvain, pour deux journées où se mélangent musiques électroniques et arts - en plus des concerts, le festival est aussi l'occasion de profiter d'un parcours artistique dans les bois environnants.
Comme on avait déjà pu le constater l'année dernière, le HORST est un festival qui prend le temps de se vivre, et qui ne se conçoit pas comme une course entre les scènes à essayer de ne pas louper the next big thing ou le truc qu'on ne peut absolument pas manquer même si il finira bien par revenir dans les six mois qui suivent. Alors oui, des dilemmes il y en a, mais on comprend vite que l'ambiance détendue pousse à se laisser guider par ses instincts plutôt que par un quelconque horaire. Idéalement, on aimerait vous parler de musique, mais on a eu l'impression qu'elle était un élément parmi d'autres contribuant à la réussite, qu'elle s'intégrait à une manière d'appréhender un festival qu'on aura davantage aimé pour les sensations qu'il nous aura procuré que pour les noms qui nous faisaient de l'oeil sur l'affiche.
Soyons quand même honnêtes: même si vous avez l'impression qu'on est en train de sombrer dans un délire new age, on était quand même venus pour voir des DJ et des producteurs que l'on adore. Et à ce niveau-là, on n'a pas été déçus de ce qu'on nous a servi. Précisons d'emblée que nous avons raté une première journée dont nous sommes revenus d'excellents échos et au cours de laquelle on aurait certainement pas loupé les prestations de Jayda G, WWWater ou Helena Hauff - oui, les femmes régnaient sans partage sur cette première journée.
Quant à la seconde journée entamée au son d'un Kornel Kovacs égal à lui-même (classe, et souvent désarçonnant), elle n'aura réservé qu'une seule déception, en la personne de Gilles Peterson. Jamais on ne remettra en cause la technique ou le CV du Suisse, mais on a vite compris que sur un set resserré de 90 minutes, il a un peu du mal à gérer la palette de genres qu'il affectionne et finit par servir une prestation plutôt indigeste - pour l'avoir vu à Paris l'année dernière pendant 5 heures, on peut vous dire que ce genre de longue échappée met vraiment tous ses talents de digger en valeur. Pour le reste, c'était la fête du slip à tous les étages, entre un Young Marco qui aura été étincelant malgré le déluge (un coup de "Windowlicker" et ça repart), un Egyptian Lover en crooner lubrique et chantre de l'electro post-drexcyienne ou un Special Request qui a déjoué tous les pronostics en sortant un set "100 % drum'n'bass" qui a réveillé le chevreuil qui sommeillait en nous.
Au niveau des petites contrariétés, on notera quand même l'impossibilité d'utiliser cette année la cour du château. Celle-ci a bien été remplacée par une structure temporaire (elle illustre ce compte-rendu) qui avait une classe folle, mais qui a aussi révélé ses limites en termes de capacité, notamment pendant un set de Motor City Drum Ensemble que personne ne voulait louper dans un contexte comme le HORST, où l'on sent vraiment que les DJ's peuvent tenter des choses et s'amuser avec un public qui n'attend que ça. Pour le reste, difficile de se montrer critique à l'égard d'un festival qui, on l'espère vraiment du fond du coeur, ne changera absolument rien dans sa manière de penser son line up et l'accueil de son public. Car dans un paysage festivalier d'une confondante uniformité, des organisations comme le HORST font office de bulles d'air bien salutaires.