Concert

Ho99o9

Le Point Ephémère - Paris, le 25 novembre 2015
par Ambre, le 8 décembre 2015

Si Basquiat était né dans les années 90, il aurait fait partie d’Ho99o9. Et je ne fais pas seulement ce parallèle pour des questions de ressemblance capillaire avec l'un des membres. Non, Ho99o9 est underground, Ho99o9 est street, Ho99o9 bouscule les codes. Lisons l’une des premières phrases de la page Wikipedia de Jean-Michel : « Son style est original, spontané, naïf, énergique et parfois violent. » C’est exactement ce qui résume le duo, la musique qu’il propose et le show qu’il compose.

Pour ceux qui débarquent, Ho99o9 sont deux afro-américains, theOGM et Yetti999, qui fusionnent hip-hop et punk hardcore. Inclassables, atypiques, furieux et sexy, ces 2 bêtes de scène sont accompagnées d’un batteur et de boîtes à rythme. On fait rapidement le lien avec Death Grips, Clipping, mais aussi les Sex Pistols et les Bad Brains

Lors du premier passage parisien du groupe à la Mécanique Ondulatoire quelques mois plus tôt, nous étions une quarantaine à tout casser -  dont 30 à pogoter comme des animaux. La lumière était rouge, l’ambiance était pesante et lourde. Même pas une heure de concert, pas de rappel, mais des litres de bière renversés et le sentiment de plus en plus rare que tout le monde avait vécu un moment fort et particulier. Un EP et une mixtape plus tard, l’écoute au casque ne suffit plus, il faut absolument revoir Ho99o9 sur scène.

Cette fois, je retrouve le groupe au Point Ephémère, dans une « vraie » salle de concert ce soir-là trop peu remplie. Mais d’un autre côté, ça fait presque plaisir de savoir qu’Ho99o9 reste un secret, une pépite dont une centaine de privilégiés, curieux ou connaisseurs, peut profiter ce soir. Ils sont encore à la marge, et c'est tant mieux.

Je suis contente de pouvoir me mettre un peu en recul cette fois, pour profiter du spectacle et du public aux premiers rangs, où l’on voit rapidement de nombreux pieds en l’air, des corps se soulever. L’un débarque sur scène masqué, affublé d'une robe de mariée trashouille, tandis que le deuxième se perche tel un corbeau sur l’ampli. Pendant une heure, ils enchaînent leurs titres et ne baissent jamais en énergie. Les accessoires tombent vite pour ne garder que le short de boxe, Yetti999 se met à l’aise et n’hésite pas à venir dans la fosse pour pogoter et slamer. La lumière est un peu plus élaborée, permettant de jouer avec les ombres, ce qui donne des images pleines de grâce, renforcées par les pauses très photogéniques du duo.

Impossible de rester de marbre devant des morceaux comme "Da blue nigga from Hellboy", "No regrets", "Prisoners of War" ou "Bone Collector"... tout coule de source, et la bière se boit machinalement. Et cette fois, on aura même droit à un rappel. Il y a du respect, de l’écoute, de la folie. Tout est partagé et se résume par un de leurs textes : « Dans ce monde de merde, autant être ensemble ». Et c’est exactement ce que l’on a ressenti à ces deux concerts : la sensation de vivre un moment particulier, à la fois chaotique et chaleureux, rempli d’humanité.